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Tlemcen: Voyage haouzi et mélange des genres

par Belbachir Djelloul

Lors de cette 4e soirée du festival du haouzi, le spectacle était parfait et les centaines de spectateurs qui ont fait le déplacement au Grand-Bassin en ont eu pour leurs frais.

Et pour cause, l'ensemble El-Mouahidiya de Nedroma a déroulé son riche répertoire de Kaddour Ben Achour dans la tradition du grand Hadj Ghaffour. Cette première influence, en plus de celle de Berrahal, a donné naissance à cette musique assez particulière de Nedroma, à mi-chemin de l'école de Tlemcen et de celle d'Alger. Et même si les voix n'étaient pas accordées au même diapason, il faut dire que la prestation était bonne lorsque l'ensemble El-Mouahidiya entonnera, après un Mkhalass, Sidi ou Mensal aliya».

Le public, déferlant durant toute la soirée, en aura pour sa gourmandise et pour son amour de la bonne poésie. Et de la bonne poésie de Sidi Lakhdar Benkhlouf, l'animateur Moumène Haoua leur en fournira durant les pauses. Il arrivera même à faire chanter, encore une fois, un m'dih par toute les dames du Grand-Bassin. Ses textes, qu'il connaît par cœur, ont fait vibrer d'émotion plus d'un spectateur.

Place à la musique haouzi et c'est au grand ensemble Ennahda d'Oran, créé par le maître de la musique classique Abderramane Sekkal en 1964 et dirigé par Mokhtar Allal, de prendre le relais sous le regard connaisseur de Ahmed Serri et de Salah Boukli, le temps d'une nouba et de quelques poèmes de Mendaci déclamés avec tendresse et retenue.

La soirée sera clôturée par la belle prestation de l'ensemble Inchirah de Constantine. Le public retiendra cette voix au ton de malouf de la jeune Sahi Mounia qui, une heure durant, psalmodiera «Ya bnat el bahdja», du répétoire de Qacidat de Sid Ahmed Ben Triqui, un enfant chéri du patrimoine tlemcénien.

On en restera, durant cette 4e soirée, avec ces touches (naqret) de violons propres à la musique constantinoise, qui dégagent une émotion à la fois orientale et andalouse. Chanter le haouzi par les Constantinois procure une autre dimension, tant la technicité proposée par les musiciens est grandiose. C'est ce mélange des genres qui fait la belle musique et cette soirée en a été le parfait exemple avec un voyage haouzi à Nedroma et à Constantine, avec une escale à Oran.