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Fête du 1er Mai: sous le signe d'un ras-le-bol universel

par Kharroubi Habib

Les traditionnels défilés du 1er Mai que des syndicats organisent un peu partout dans le monde en célébration de la fête du Travail ont tous eu cette année pour objectif d'exprimer le ras-le-bol des couches sociales les plus durement touchées par l'impact de la crise financière et économique qui balaie la planète et auxquelles il est de surcroît imposé des sacrifices très durs pour faire face à cette situation dont elles ne sont en rien responsables.

 Pour les salariés du monde entier dont le 1er Mai est symboliquement le jour de fête, l'esprit n'était donc pas à la célébration festive mais à l'expression de leur refus d'être ceux à qui l'on fait payer l'addition des dérèglements des systèmes financier et économique qui ont conduit à cette situation.

 L'étonnant est que, malgré la gravité de la dégradation de leur condition sociale et des perspectives encore pires pour eux qui se profilent à travers les soi-disant programmes et réformes que leurs Etats respectifs mettent en œuvre pour combattre les crises auxquelles ils sont confrontés, ces salariés et tous ceux que cela affecte ont pour la plupart manifesté contre dans le calme et la dignité. Pourtant, les régressions que sont en train de subir leurs droits en terme de relation de travail, d'avantages sociaux et de sécurité de l'emploi sont telles qu'ils justifieraient qu'elles soient dénoncées par des démonstration plus radicales. Ce qui sera inévitable si les mondes de la politique, de la finance et de l'économie s'en tiennent à la seule méthode de sortie de crise consistant à faire peser l'essentiel des sacrifices sur leur catégorie sociale et celles encore plus défavorisées qu'elle.

 Les salariés algériens ne font pas exception par l'état d'esprit qui les anime au regard du sort qui est le leur dans le pays. Ils sont d'autant plus mécontents et inquiets de ce sort que d'autres à travers le monde, qu'il leur est refusé la possibilité comme ceux-ci d'en confier la défense à des organisations syndicales librement choisies par eux.

 Si la célébration du 1er Mai hier ne s'était pas résumée aux seules manifestations placées sous l'égide de la seule officielle UGTA, parce que interdiction a été faite aux syndicats autonomes d'en organiser, il est absolument certain que nos rues auraient résonné du mécontentement social qui bouillonne dans toutes les couches de la société.

 L'apparente sérénité avec laquelle l'Algérie a célébré cette journée du 1er Mai ne fait illusion que pour les cercles officiels qui pensent avoir obtenu la paix sociale en octroyant de modiques augmentations salariales, dont les bénéficiaires constatent qu'au lieu d'améliorer leur pouvoir d'achat, elles sont au contraire cause de sa dégringolade en contribuant à la croissance de l'inflation qui en précipite l'érosion.

 Même le bâillonnement de l'espace syndical auquel ont recours les pouvoirs publics en refusant d'accepter sa pluralité, ne parviendra pas à juguler le dynamisme revendicatif dont sont animés les salariés algériens. Pour la raison que ceux-ci ont pris conscience qu'avec le pouvoir d'Etat qui régente le pays et le système économique et social qui inspire sa gouvernance, ils n'ont d'autre méthode pour défendre leurs intérêts que la lutte organisée. D'où la priorité qu'ils accordent dans leur cahier de revendications à la défense du libre droit de l'exercice syndical autrement que par le canal d'une organisation sous tutelle officielle comme l'est l'UGTA.

 C'est autour de cette question et pour en faire aboutir l'objectif que le mouvement social qui agite le pays depuis des mois va se poursuivre et très certainement s'élargir avec le temps.