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Alger: rassemblement des familles de disparus

par Salah-Eddine K.

Des membres de familles de disparus (pères, mères, épouses et proches) venus de plusieurs wilayas du pays se sont donné rendez-vous, hier, pour tenir un sit-in au niveau de l'esplanade située en face à la grande poste, au centre-ville d'Alger. Des membres d'associations, des personnalités, de la Ligue des droits de l'homme étaient présents au sit-in.

 Habituées depuis des années déjà aux «sit-in du mercredi» devant le siège de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH) de Farouk Ksentini, les familles de disparus ont choisi, hier, le centre-ville pour réitérer leurs revendications et répondre plus particulièrement au premier responsable de la commission. Celui-ci «s'est permis, selon la porte-parole de SOS disparus Nacéra Dutour, de conseiller publiquement les familles de disparus d'oublier leur drame dès lors qu'il est impossible de trouver des archives sur les disparitions». Le président de la CCNPPDH, selon des membres de familles de disparus, aurait fait cette déclaration le 18 mars dernier lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Ces déclarations sont considérées par les parents des disparus non seulement comme une intrusion dans leurs affaires, mais aussi un bâton dans la roue de leur lutte dans la recherche de la vérité sur les disparitions. «Peut-il, lui, (le président de la CCNPPDH) oublier ses enfants pour nous conseiller d'oublier les nôtres ?», s'est interrogé une femme venue d'une wilaya du centre. D'autres ajoutent que Ksentini «fait dans l'amalgame et la contradiction en citant parfois des chiffres sur les disparus et fait d'autres fois comme s'ils n'existent pas ou du moins qu'il est difficile de les recenser». Et de poursuivre «nous cherchons justice et vérité, pas comme nous le proposent certains de nous taire et de nous contenter d'indemnités».

 Parmi la foule (essentiellement des femmes) et arborant la photo d'un disparu, le président de la Ligue des droits de l'homme, maître Bouchachi, dira qu'il est «du devoir de les (familles de disparus) soutenir» car, poursuit-il, «par les temps qui courent on a tendance de plus en plus à les oublier». Une page aussi importante dans l'histoire de notre pays ne peut être «tournée avec une telle facilité», affirme-t-il.