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Tlemcen: Le diabète tue en silence

par Khaled Boumediene

Considéré comme un véritable phénomène de santé publique, le diabète ne cesse de gagner du terrain aussi bien en Algérie qu'à travers le monde.

L'ampleur est telle que l'OMS a tiré la sonnette d'alarme et associé la maladie à une épidémie. Environ 120 millions de personnes à travers le monde sont touchées, ce nombre passera, selon les prévisions, à quelques 250 millions en 2025. En Algérie, plus de 12% de la population âgés entre 35 et 70 ans sont atteints de diabète. Cette prévalence est en progression continue à cause du changement rapide du mode de vie qui a tendance à s'aligner sur le modèle occidental de consommation alimentaire à base de graisses et de sucre.

 C'est conscient de l'ampleur du phénomène que le professeur Kendouci Mohamed, du service de médecine interne CHU Tidjani Damerdji de Tlemcen, a réalisé une étude concernant 630 diabétiques de type 2 des 53 communes de la wilaya de Tlemcen. «On a essayé de répondre à plusieurs questions : quelles sont les caractéristiques des diabétiques de la wilaya de Tlemcen, quel est le «profil» du diabétique de la wilaya de Tlemcen ? Dans quelle tranche de risque vasculaire se positionne-t-il ?», nous a dit Dr. Kenouci Mohamed. Des principales conclusions de l'étude de cette maladie «silencieuse» ce spécialiste a pu retenir que : l'âge moyen des diabétiques est de 62 ans. Cet âge varie selon l'existence ou non de complication : il est carrelé de façon significative à l'hypertrophie ventriculaire gauche, à l'hypertension artérielle (P d»0,001) c'est un des déterminants majeurs, les tranches d'âge 60-69 ans et 50-59 ans représentent les deux tiers de la population étudiée (c'est souligner la difficulté à faire «bouger» ces patients à cet âge, l'activité physique étant nécessaire à un meilleur équilibre diabétique), la prédominance de femmes sur les hommes avec un sex ratio de 0,79, un «analphabétisme» chez les trois quarts des patients étudiés, l'ancienneté (présumée) du diabète est en moyenne de 9,5 + ou -6,2 ans, elle est corrélée de façon significative à la présence ou non d'une HVG (p <0,0001), la qualité de l'équilibre du diabète est très mauvaise avec une HB Alc comprise entre 9 et 11% pour presque la moitié des diabétiques étudiés mettant ainsi ces diabétiques dans un haut risque cardio-vasculaire, pour le reste des diabétiques, uniquement 7,4% ont une hémoglobine glyquée inférieure ou égale à 7%, les patients sont en surcharge pondérale dans 50% des cas et obèses dans 22% des cas, la femme est la plus concernée par l'excès de poids, l'inactivité et la sédentarité sont retrouvées chez 77,5% des patients, la femme est la plus concernée par la sédentarité, l'hypertension artérielle est retrouvée dans 65,3%, elle est plus fréquente chez la femme, du point de vue rénal, la majorité des patients - 82,69 - a une fonction rénale altérée à divers degrés, les femmes sont les plus concernées par cette insuffisance rénale, l'atteinte oculaire est retrouvée chez 42,5% des diabétiques, un trouble du métabolisme lipidique (dyslipidémie) est fréquemment retrouvé chez les malades : l'hypercholestérolémie est retrouvée dans 37,5% des cas, le «bon cholestérol» est bas chez 86% des diabétiques. En conclusion, on peut avancer que les diabétiques de la wilaya de Tlemcen présentent un mauvais équilibre diabétique et se trouvent ainsi situés dans une zone à haut risque de faire un événement cardio-vasculaire grave voire mortel, en outre, ils cumulent plusieurs facteurs de risque vasculaire (HTA, hypertrophie ventriculaire gauche, dyslipidémie...) tous les patients de l'étude sont supposés être sous traitements et suivis médicalement? l'éducation de la population (rôle des médias), la formation médicale continue et la constitution de réseaux de suivi des diabétiques sont des moyens utiles pour endiguer ce fléau», ajoute-t-il.