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Aéroport de Constantine : Un dispositif à l'épreuve du terrain

par A.Mallem

A l'instar des autres aéroports internationaux du pays, celui de Mohamed Boudiaf de Constantine s'est doté d'un dispositif de contrôle et de prévention contre la grippe porcine. «Dans ce cadre, nous avons reçu des instructions ministérielles pour la mise en place et le suivi d'un dispositif sanitaire très précis, afin de former et informer le personnel de santé sur tous les aspects relatifs à cette pandémie », nous a déclaré le Dr. Damache M. Nacer, directeur de wilaya de la Santé, qui a autorisé le constat de visu du pavillon réservé au secteur de la santé installé au niveau des services de contrôle aux frontières à l'aéroport de Aïn El-Bey.

Dans ce centre, travaillent 9 médecins pour assurer une permanence H24, contrôlant les voyageurs en provenance de l'étranger ou en partance de l'Algérie. Le centre est équipé des tous les moyens de communication, d'Internet, d'équipements médicaux et de prévention (combinaisons, masques, lunettes, bavettes, etc) pour prendre en charge les cas suspects. Des discussions avec l'équipe médicale en place, il ressort que le contrôle des voyageurs se fait à trois niveaux. D'abord, dans l'appareil en vol où le personnel de bord, chargé d'une surveillance discrète, signale par radio à l'aéroport le (ou les) cas suspect éventuel. L'alerte est aussitôt donnée et la commission composée de représentants de l'Egsa, de la météo, des services de sécurité et des douanes qui participent à l'opération de prévention, se trouve mobilisée. Le «malade» trouvera une ambulance médicalisée qui l'attend au pied de l'avion pour l'acheminer dans la salle médicale d'isolement amenagée pour la circonstance. A ce niveau, il subira un contrôle médical et un interrogatoire sur ses derniers déplacements et les pays par lesquels il a transité, avant d'être acheminé vers l'hôpital El-Bir ou celui de Benbadis de Constantine, pour des analyses plus approfondies. En second lieu, il y a le contrôle de visu qui se fait à l'arrivée des passagers dans la salle de contrôle des passeports. Enfin, le troisième contrôle se fait au niveau des services de la police des frontières qui vérifie les passeports des voyageurs qui ont transité éventuellement par des pays à risque touchés par la grippe A/H1N1 et en informent l'équipe médicale.

A l'arrivée hier, du vol en provenance de Marseille, le contrôle des passagers s'est effectuée normalement mais sous l'œil vigilant de l'équipe médicale qui «dévisageait» les voyageurs pendant l'opération de vérification des papiers et de la douane. Aucun des voyageurs n'a été l'objet de contrôle physique. L'un d'eux, un ouvrier venu en vacances, a même déclaré qu'il n'avait pas encore entendu parler de la pandémie de grippe porcine alors que deux autres, qui ont séjourné une semaine en France, n'avaient rien remarqué d'inhabituel ni dans le pays qu'ils ont visité, ni même dans les deux aéroports de Marseille et de Constantine par où ils ont transité. Mais comment connaître un cas suspect ? Avons-nous demandé. Un médecin nous répond que « les symptômes de la grippe porcine sont semblables à ceux de toute grippe saisonnière : quand on est en face de quelqu'un qui est grippé, et même sans être médecin, on peut le savoir par la couleur du visage, l'état fébrile qu'il présente, une température corporelle dépassant la norme, la transpiration, etc. ». Il cite les instruments de contrôle dont dispose l'équipe médicale composée de thermomètres frontaux et auditifs. Et, bientôt, ajouta-t-il, l'Algérie va se doter de caméras thermiques comme ceux que l'on voit à la télévision dans les aéroports étrangers. « En plus de cela, nous avons mis en place un réseau qui obéit à des règles strictes concernant les méthodes pour capter la personne suspecte, comment la protéger et l'acheminer dans les deux services spéciaux retenus au sein des établissements hospitaliers de la cité El-Bir et du CHU Benbadis de Constantine où il y a des pavillons qui sont réservés, et n'attendent que les éventuels malades. «Nous avons testé ce dispositif, affirme d'ailleurs le directeur de la Santé, lequel s'était révélé efficace lors du cas qui s'est présenté le 16 mai dernier où un voyageur, arrivé d'Alger mais en provenance de Frankfurt, dans le même avion que celui de la dame de Miami (USA) et retenue à Alger. Nous avons déclenché la procédure des prélèvements que nous avons acheminé vers l'Institut Pasteur d'Alger. Puis, au retour de l'information, qui se fait dans un délai de 24 à 48 h, les résultats de ces analyses se sont révélés, heureusement, négatifs. Mais, entre-temps, le malade a été totalement pris en charge».