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En attendant de nouveaux équipements: Le massacre des incinérateurs continue

par A. E. A.

Pour la destruction des huit tonnes par semaine de déchets hospitaliers, des structures de santé de la wilaya de Constantine (quatre pour le CHU et quatre pour les autres hôpitaux et centres de soins), c'est encore l'utilisation des incinérateurs qui prévaut, même si l'efficacité de ces derniers est de plus en plus contestée.

En effet, et pour ce qui concerne les déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI), ces machines ou «fours», censés les réduire en cendres, ne le font pas en fait. «Pire, selon le docteur Boughachiche Souad, médecin hygiéniste et directeur adjoint des activités paramédicales, les mâchefers résultant de l'opération d'incinération présentent des risques encore plus graves». Et de s'expliquer : «L'incinération, qui vise à brûler les déchets pour diminuer sinon faire disparaître leur dangerosité, n'a consisté en fait qu'en une opération où ils ont été bel et bien brûlés, mais dégageant cependant une fumée pourvoyeuse de CO2 et de dioxine, substance hautement cancérigène».

En outre, les mâchefers résultat de l'opération d'incinération ont été certes transformés du point de vue macroscopique et ainsi réduits sur le plan de leur forme, mais comportent toujours des risques cancérigènes, en ce sens que tout en ayant changé d'aspect par rapport à celui qu'ils avaient initialement, ils sont encore plus dangereux».

Et ceci parce qu'ils n'ont pas été stérilisés par l'opération. C'est tout juste que leur forme initiale dangereuse reconnaissable a disparu. Ces inconvénients sont derrière l'interdiction des incinérateurs en Europe et même en Algérie, puisqu'une instruction de la tutelle attire l'attention sur ces dangers et invite instamment à leur remplacement par des «banaliseurs», de technologie récente et plus efficaces.

Equipés de fours dont la température peut atteindre les 1.200 degrés, ils sont les plus indiqués pour transformer les déchets hospitaliers (DASRI) en déchets assimilés aux ordures ménagères (DAOM), inoffensifs, qu'on peut jeter dans les décharges publiques.

Cependant, les structures de santé dans la wilaya continuent, à contre-courant, à s'équiper d'incinérateurs qui, selon les spécialistes, n'incinèrent en fait rien du tout, à telle enseigne que l'hôpital El-Bir de Constantine ainsi que celui d'El-Khroub en ont été équipés dernièrement. De plus, l'établissement spécialisé en chirurgie cardiaque «Erriadh» envisage de le faire prochainement. Questionné sur le sujet, le directeur de wilaya de la santé, M. Dammèche, fera savoir «que les incinérateurs installés récemment sont de dernière génération, et il en existe encore même à l'étranger et qu'en tout état de cause, ses services escomptent demander l'inscription au titre du programme 2009 de deux banaliseurs qui, faut-il le souligner, coûtent tout de même de trois à quatre milliards de centimes l'unité».