Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

GPL carburant, beaucoup de retard à rattraper

par Mohamed Mehdi

L'industrie du gaz de pétrole liquide (GPL) et le marché du GPL carburant (GPLc, Sirghaz) et leurs perspectives de développement font l'objet, depuis hier et durant deux jours, d'un séminaire international organisé par Naftal.

La rencontre est structurée autour de quatre sessions consacrées aux : «Marché des GPL et GPLc et perspectives», «enjeux écologiques du GPLc», «équipements de distribution dans les stations-service», et «technologie des kits de conversion et des réservoirs de véhicules». On dénombre un peu plus de 200.000 véhicules roulant au GPL carburant (GPLc) en Algérie, selon une présentation de Naftal. Pour un pays qui a lancé ce carburant «vert» depuis 1983, soit depuis plus de 25 ans, ce chiffre est très faible. Surtout si l'on compare cette performance à celle d'autres pays qui ne sont pourtant pas producteurs de GPL. C'est le cas de la Turquie, dont le parc de véhicules disposant de la bicarburation (Essence/GPLc) est estimé à 1.000.000, l'Italie à 1,22 million de véhicules, la Coré du Sud 1,723 million, et la Pologne à 1,1 million d'unités.

Même constat en ce qui concerne la disponibilité de ce carburant sur l'ensemble du territoire national. Toujours selon les chiffres présentés hier, il existe 463 stations équipées de GPLc sur les 2.155, soit 21 % du réseau national. Alors qu'en Turquie on dénombre 4.000 équipées de GPLc, 2.150 en Italie, 1.242 en Corée du Sud, et 4.500 en Pologne. Quant au nombre d'installateurs de kits GPLc agréés par le MEM, il est estimé à 120.

Les pouvoirs publics sont appelés à prendre plusieurs mesures pour encourager le sirghaz. Parmi elles, «la mise en oeuvre d'une fiscalité plus incitative», la «suppression de la vignette automobile» pour les véhicules roulant au GPLc, «mettre fin aux mesures d'interdiction d'accès du véhicule GPLc, pratiquées par certains services et infrastructures (hôtels, parking...)», et «un soutien aux campagnes de promotion de la filière du GPL Carburant».

Les opérateurs dans le secteur de l'automobile sont, eux aussi, invités à prendre des mesures en faveur de ce carburant par, notamment, la «valorisation du véhicule neuf par un kit GPLc» et la «préservation de la garantie du véhicule converti». Les associations de consommateurs sont elles aussi sollicitées à contribuer à la promotion du sirghaz par une sensibilisation des usagers».

Dans sa présentation relative au «cadre réglementaire de l'utilisation du GPL comme carburant sur les véhicules», Belkorchia Abdelkader, sous-directeur des Normes et de la Réglementation technique au ministère de l'Energie et des Mines (MEM), décrit les textes réglementaires régissant ce secteur comme étant «figés» et «ne permettant pas l'évolution par rapport aux progrès technologiques enregistrés dans ce domaine». Une révision prévue de cette réglementation permettra, selon lui, aux opérateurs de pouvoir se lancer dans la fabrication des réservoirs et accessoires fonctionnant sous pression (formant l'ensemble du kit GPLc) «conformément aux codes internationaux tels que l'ASME, le CODAP...».

Les caractéristiques techniques du GPLc, ses avantages économiques, font de lui le carburant idéal. Les très basses émissions de NOx (20 à 30 fois plus faibles que les diesels et jusqu'à 10 fois inférieures aux émissions de l'essence), ne contenant pas de soufre ni de benzène, et des émissions de particules «inférieures aux limites quantifiables», font du GPLc le plus respectueux de l'environnement.

Mais, le simple énoncé de ces caractéristiques environnementales ne suffit pas à encourager systématiquement le conducteur à aller vers ce carburant «vert». Le consommateur final cherche avant tout un intérêt financier. Et s'il venait à s'intégrer dans une démarche de lutte contre la pollution, il faut que celle-ci lui soit bénéfique.

Le Professeur Chems Eddine Chitor, de l'Ecole nationale polytechnique (ENP), un des participants à ce séminaire avec une communication intitulée «Le GPLc : un carburant d'avenir», estime qu'il est d'abord nécessaire d'élaborer un «modèle de consommation énergétique». Et ce n'est qu'à partir de ce modèle, insiste-t-il, qu'il sera possible de «mobiliser la société sur les vrais enjeux du futur, notamment en ce qui concerne la consommation et les économies d'énergie».

«Nous parlons du GPLc depuis plus de 20 ans, mais pour le moment, il n'existe pas de stratégie d'ensemble. Les actions localisées sont louables, mais il n'y a pas de synergie qui détermine le cap à prendre, pour qu'on puisse vendre le concept au citoyen en l'impliquant», nous a confié M. Chitour en marge de cette rencontre.

Rappelons que l'Agence nationale pour la Promotion et la Rationalisation de l'Utilisation de l'Energie (APRUE) a lancé au début de ce mois, en partenariat avec la Banque de développement local (BDL), le programme «PROP-AIR» d'incitation à l'utilisation du gaz de pétrole liquide/carburant. Ce programme permettra d'octroyer des crédits non rémunérés (taux 0 %) pour l'installation d'un kit GPLc. Le montant du crédit varie, selon le type de système de l'installation, de 25.000 à 72.000 DA (TTC), moyennant également le paiement de frais de dossier (2.000 à 5.000 DA).