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Des accusés détenus non transférés: Le procès BCIA renvoyé

par Houari Saaïdia

L'audience consacrée à l'action civile corrélative au procès BCIA a été reportée, hier, par le tribunal d'Oran à la prochaine session criminelle. Motif du renvoi : le non-transfèrement des accusés détenus. En effet, le transfert de ceux-ci des différents établissements pénitentiaires où ils purgent leur peine vers Oran, mission incombant au ministère public, n'a pas été fait. Ce qui n'a pas été sans susciter moult interrogations dans la salle d'audience. Autant côté « robe noire » que côté public, qui était assez nombreux, on ne comprenait pas, par ailleurs, pourquoi l'expertise, pourtant déposée il y a près d'un an, n'a pas été notifiée aux accusés incarcérés pour qu'ils puissent la consulter avant l'audience comme l'exige la loi. Le plus étonnant, c'est que plusieurs accusés dans cette affaire - dont les noms figurent en tout cas sur le rôle, à l'exemple de l'ex-businessman Ahmed Fouatih Belkacem, incarcéré actuellement à Alger - n'ont pas été cités à comparaître à l'audience d'hier. Bref, le dossier, tel qu'il a été « livré » hier à la cour d'assises d'Oran, ne paraissait pas prêt à être jugé, tant s'en faut. Et le juge Benharadj Mokhtar ajourna l'audience, le temps de parachever et de peaufiner toutes les questions inhérentes à cet avenant « civil » à l'affaire BCIA-BEA. Néanmoins, la partie civile, la BEA, représentée par Maîtres Benblal Abdellah et Maître Louhibi Mohamed, a profité de cette courte séance pour communiquer au tribunal et aux autres parties sa requête avenant à l'audience après expertise. Ainsi, en faisant la somme des réparations réclamées à chacun des accusés concernés, la Banque extérieure d'Algérie demande une indemnisation de 13,2 milliards de DA, représentant le montant global du préjudice subi, un montant de 15,6 milliards de DA, représentant les intérêts et autres taxes (dommages-intérêts), ainsi que 3 milliards de DA au titre de réparation du préjudice moral que les 48 accusés doivent verser solidairement. Comme d'habitude, le liquidateur de la défunte banque privée BCIA ne laisse passer aucune opportunité pour remonter sur scène et défendre son droit « légitime », selon lui, de se constituer partie civile, et ce, en dépit du fait que sa requête formulée après avoir été débouté par le tribunal criminel d'Oran, le 28 février 2007, n'a pas reçu encore la réponse de la Cour suprême. Dans le couloir du Palais de justice, au sortir du prétoire, Maître Benabdesadok, ex-bâtonnier d'Oran, qui défend dans cette affaire Ahmed Fouatih Belkacem, a lâché un torrent de critiques sur le nouveau rapport d'expertise établi par les deux experts mandatés et qu'il estime être une « copie conforme » au premier rapport récusé, « puisqu'il reproduit les mêmes chiffres et les mêmes conclusions et y ajoute par-dessus le marché d'autres erreurs », a-t-il déclaré, tout en qualifiant le report décidé par le juge de « bonne décision ».