Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les gifles se suivent pour le Makhzen

par Abdelkrim Zerzouri

Que va faire le roi Mohamed VI de son message, lancé le 20 août 2022, à propos du dossier du Sahara occidental qu'il considère comme «le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», après la publication sur le site web des Nations Unies d'une carte du continent africain où le Sahara occidental figure en tant qu'Etat à part entière, dont la capitale est El-Ayoun ?

Dans la dernière mise à jour des cartes par continent qu'elle publie sur son site web, accessible aux internautes du monde entier, l'ONU rappelle les frontières réelles de la République arabe sahraouie démocratique, qui apparaît clairement comme un territoire distinct et séparé du Maroc, mettant à mal la position de la marocanité du Sahara occidental, voire une flagellation de cette thèse marocaine. Cette carte actualisée du continent africain conforte la légalité internationale, notamment l'avis consultatif de 1975 de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a conclu que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n'établissaient l'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental et le Maroc, ainsi que toutes les résolutions internationales qui considèrent le Sahara occidental comme un territoire «séparé et distinct » sur lequel le Maroc n'a aucune forme de souveraineté.

Quels pays peuvent aujourd'hui soutenir le Maroc dans sa politique d'occupation illégale des territoires du Sahara occidental ? Quelle réponse va apporter le Maroc, lui-même, à cette nouvelle vérité qui a le mérite d'avoir une clarté absolue ? Encore faire valoir son plan d'autonomie ? Tant de questions qui ne trouvent pas de réponses pour le moment, tant le makhzen garde un silence total sur cette carte du monde, publiée sur le site web de l'ONU mais, ce silence explique au fond tout l'embarras dans lequel il se trouve plongé. Prompt à réagir quand des pays ou des organisations internationales reproduisent cette même carte du monde onusienne, le Maroc ne va certainement pas se risquer à ouvrir les hostilités contre l'ONU. Il sait pertinemment que l'ONU considère le Sahara occidental comme un territoire colonisé, où l'envoyé personnel du SG, Staffan de Mistura, tente de ramener à la table des négociations les principales parties en conflit. Il sait pertinemment également que l'ONU reconnaît la représentativité des dirigeants de la RASD, avec lesquels il discute de ce dossier et qu'il invite aux discussions avec le Maroc pour trouver une solution à ce vieux dossier de décolonisation. Le Maroc est choqué par cette carte du monde, où la République arabe sahraouie démocratique, apparaît clairement comme un territoire distinct et séparé des contours géographiques de sa carte imaginaire. Maintenant, ce qu'on attendrait de plus sérieux et de plus concret, c'est l'organisation d'un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.