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Quand les élections locales s'annoncent par des batailles rangées chez les indus occupants du parti fln, ce patrimoine national immatériel

par Abdelkader Khelil*

C'est fait! Le compte à rebours des élections destinées à sélectionner les élus-e-s des 1.541 APC et ceux des 58 APW a commencé et elles auront bien lieu le 27 novembre 2021, comme promulgué par décret du 29 août 2021. C'est là, un exercice fort onéreux dont l'administration s'est toujours péniblement acquittée, mais non sans porter atteinte à la crédibilité de l'image de l'État qui laisse à chaque fois des plumes dans cette «mare aux canards».

S'il en est ainsi, c'est qu'au-delà de la mécanique électorale relativement «bien rodée» au plan matériel s'entend, le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a jamais pensé à tout ce qu'il faut déployer comme efforts à l'amont de cette décision en terme de gouvernance appropriée, afin que les citoyennes et citoyens n'aient pas à mesurer le «progrès» accompli, par l'Algérie post-issaba, uniquement à «l'épaisseur du trait». Il faut faire en sorte qu'ils n'aient pas à dire encore une fois, le cœur chagrin: «C'est toujours comme d'habitude !», à voir certaines pratiques persistantes. Hélas ! Tout cela est démoralisant et peu mobilisateur pour les forces patriotiques en attente d'une lueur d'espoir de nature à les revigorer.

Oui ! Que du pareil au même finissent par admettre, tous les gens blasés qui ne voient venir aucun changement dans les mœurs de l'administration laxiste, en charge du déroulement de cette opération constitutionnelle, face aux dépassements gérés dans une atmosphère de «laisser-aller» et de «laisser-faire». Car l'essentiel pour elle, est qu'une fois le top de départ donné pour ouvrir les bureaux de vote, les électeurs viendront remplir les urnes pour le besoin d'une statistique qui se doit d'être acceptable de l'avis des pouvoirs publics portés naturellement sur le satisfécit béat, chaquefois renouvelé.

Il est à noter qu'aucun intérêt n'est accordé à la lecture et l'analyse objective des résultats obtenus et des enseignements à en tirer pour corriger (si volonté il y a) les lacunes et faire mieux, les prochaines fois. Et comme s'ils venaient de sortir d'une épreuve pénible d'un examen extrêmement difficile et vital pour leurs carrières, les organisateurs et à leur tête l'Autorité Nationale Indépendante des Élections (ANIE) cette instance plus budgétivore que réellement gardienne des règles de la démocratie et de la transparence, viendront nous dire, le sourire accroché à leurs lèvres : «El Hamdou Allah», tout c'est bien passé ! Notre pays a fait un grand pas en avant ! Mais il ne faudrait pas que ce soit celui du précipice dont parlait Kaïd Ahmed «Allah yarhmou», connu sous son nom de guerre, commandant Slimane, l'Homme au franc-parler et meilleur financier de son État pour le moins que nous puissions dire ! Alors, oui ! Les inquiétudes et tergiversations de nos compatriotes sont légitimes à plus d'un titre et il y a de quoi être inquiet !

Et pour cause ! Il n'y a qu'à voir le spectacle que nous offrent les squatteurs et usurpateurs du FLN historique, ce front de toutes les forces vives, politiques et sociales du pays. Par son caractère fédérateur, non hégémonique et non sectaire, il fut le Parti de tout un peuple algérien, pour avoir réussi à impulser la lutte de Libération nationale. Ce front historique fut cité en bonne place dans «Kassaman» écrit par le Grand poète Moufdi Zakaria en 1955, mis en musique par le compositeur égyptien Mohamed Samir et adopté comme hymne national en 1963.

«Front de libération nous t'avons juré fidélité» entonnent à haute voix et à l'unisson nos enfants à l'école chaque matin, nos djounouds dans leurs casernes et nous tous à chaque évènement majeur, pour glorifier le sacrifice de nos valeureux Martyrs. Mais que reste-t-il de ce patrimoine national immatériel, après que la «voyoucratie dirigeante» s'en est emparée pour servir ses propres intérêts les plus sordides et les plus contraires à ceux de «leur» peuple ?

Le grabuge du 9 septembre 2021 né d'une honteuse bagarre générale devant le siège du Parti FLN qui s'est soldée par de nombreux blessés, a fait suite au sit-in de protestation de militants qui réclamaient le départ de l'actuel secrétaire général, Abou Fadhl Baâdji avant d'être contrés par ses partisans assistés de «baltaguias». Ce déplorable «bis repetita» n'a rien d'étonnant pour les habitués que nous sommes devenus. Déjà en 2013, c'était Abdelaziz Belkhadem, celui-là même qui a fait un coup d'État dit «scientifique» à son prédécesseur, qui fut discrédité par le mouvement des redresseurs, le traitant de «chiite», d'islamiste ou encore, de salafiste. Lui aussi a fait appel à ces «milices» à la libanaise pour mettre de son côté toutes les chances à l'effet d'évincer ses détracteurs de la réunion de la session ordinaire du comité central, tenue à l'hôtel El-Riadh de Sidi Fredj. Là aussi, l'on a eu droit à un méga affrontement physique et à une bagarre effroyable, en guise d'échauffement des troupes avant l'ouverture des arènes de la bousculade.

Pour rappel des mœurs «flnistes», pareil chose s'est aussi produite sous l'ère de l'insolent intru, secrétaire général Amar Saadani alias «adrabki» l'intouchable, sous le règne de «fakhamatouhou». Il s'est depuis recyclé par traîtrise et sans honte bue, en sujet «mekhazni» de sa majesté «M6» en échange d'un séjour tranquille, loin de la justice algérienne. L'avenir nous dira si ce vif personnage a fait bonne affaire, en faisant allégeance à sa majesté le Roi des narcotrafiquants, le pro-sioniste dans son rôle de commandeur des croyants, «Amir el mouminine» ainsi appelés par ses sujets du baisemain !

Sa «meute» de «bagarras» portant costumes à manches courtes et cravates de très mauvais goût, s'était elle aussi, donnée rendez-vous à l'hôtel Aurassi. Elle était là, non pas en séminaire entre gens civilisés donnant la primauté au débat constructif, mais pour en découdre par la force des muscles des «baltaguias». Ils se disputaient dans une des salles de conférence de cet hôtel cinq étoiles à coups de ceintures, sous le regard d'une clientèle ébahie et attirée par leurs grossières vociférations. Ils se lançaient des chaises comme dans n'importe quelle arène de combat, en gens révoltés contre celui qui de leur point de vue s'était imposé en chef, grâce aux faveurs que lui accordait l'ex, tout puissant frère conseiller du Président déchu... Quel monde ! Et dire que la conspiration de ces vendus, ne nous a pas encore livrée tous ses secrets !

Chez ces gens violents, la maturité n'est mesurée qu'en rides sur les visages, en difficultés de parler correctement et à se déplacer. Et comble du ridicule, face aux agissements de ces «guignols» les pouvoirs publics ne prennent aucune mesure contre eux. Ces gens là n'ont pour la plupart, aucune notion des règles de bienséance, de civilité et des confrontations d'idées, pacifiques et sereines ! C'est cela, la «boulitique» pour ne pas dire la boulimie, chez cette faune prédatrice qui évolue à l'ombre du système rentier de «ragda wat mangi» jusqu'à épuisement de nos réserves en gaz et pétrole !

Ramenés par un hasard douteux en force de nuisance à la lisière sinon au sein des centres de décisions et des sphères gouvernantes, ces arrivistes, ces parachutés, ces êtres «primitifs» s'expriment en voyous, par la force des muscles devenue leur seul argumentaire pour asseoir l'autorité de leurs commanditaires. S'ils tiennent à rester au voisinage de la sphère de commandement, de la «cayada» comme ils aiment l'appeler en se «léchant les babines» au regard des avantages matériels qu'ils peuvent en tirer, c'est qu'ils savent que c'est là, la voie royale de «l'ascenseur social» pour pouvoir envahir en «chiendent», tous les espaces de décisions et surtout les deux chambres si prisées.

Non pas comme sincères et fidèles représentants et défenseurs des intérêts de la population qui est censée les avoir choisis démocratiquement, mais de ceux égoïstes de leurs mentors, de leurs clans, d'eux-mêmes, de leurs progénitures et familles. Chez ces gens-là, c'est le sachet noir magique, bourré de billets de banque, sales et amassés le plus souvent dans les méandres des circuits de l'informel sans aucune traçabilité, transparence et/ou contrôle par un encadrement fiscal efficace et sans laxisme, qui a fait et défait les princes et leurs représentants à tous les niveaux. Ils pensent que le pays est un bien et un patrimoine qui leur appartient à titre privatif et exclusif. Pour eux, toute la gestion du pays ne peut être qu'une question d'héritage, de succession et de jouissance, comme c'est le cas pour les grands féodaux avec leurs troupeaux de moutons, de brebis, de dromadaires et de chèvres qu'ils possèdent, ou pour les concessions agricoles et autres biens qu'ils ont indûment obtenues ... Pour bénéficier de cette manne céleste et de cette rente, il faut juste s'armer de patience, choisir le bon mentor et de se comporter en exécutant modèle, ont-ils appris de leurs ainés protecteurs !

C'est en effet, le principe du chacun son tour et toujours dans la même famille de frères ennemis, tribu après tribu, en style de gouvernance mode archaïque ! Tout le reste n'est que mise en scène et spectacle pour occuper le peuple et le tenir en haleine ! Circuler ! Il n'y a ni rien à voir, ni rien à dire et/ou à critiquer ! C'est comme dans une crèche, ou une cour de «récré» ! Et tant qu'il y aura de quoi donner à manger à ce peuple confiné au sens propre et figuré, pas question de changer cette recette qui a si bien marché jusque-là ! Va-t-elle durer encore, Monsieur le Président ?

À l'évidence et de mon point de vue, l'attentisme n'est pas la meilleure des choses à observer ! Il faut donner un grand coup de pied dans ce «nid de bourdons» sans étoffe qui empêche le pays de fonctionner, se développer et d'avancer par le travail productif dans la sérénité ! Deux choses essentielles sont donc à entreprendre dans les plus brefs délais ! Il s'agit d'abord de classer le FLN comme patrimoine national immatériel du peuple algérien pour lui rendre son prestige et son aura d'antan, en l'abritant dignement au musée de l'Histoire de la Révolution avec toutes ses archives et documents relatant les faits et gestes des Algériennes et Algériens durant les années glorieuses de lutte, après les avoir débarrassées des scories toxiques de la magouille des prédateurs et des corrompus qui ont terni son image.

En même temps, il conviendra de couper l'herbe sous les pieds de ces «tamaïne» qui courent sans compétence avérée derrière des postes de députés et de sénateurs attirés par les avantages bassement matériels au détriment de l'engagement, de la probité ..., en précisant que durant leurs mandats, leurs salaires sont ceux de leurs fonctions d'origine, majorés par des primes de représentativité pour la prise en charge de leurs frais de séjours et de déplacements liés à la fonction. Les députés et sénateurs doivent aussi bénéficier au niveau du siège de l'APW de leur wilaya de résidence, d'un bureau et d'un secrétariat pour la réception des citoyennes et citoyens et l'enregistrement de leurs doléances ...

Pour tout le reste, vous n'êtes pas sans savoir, Monsieur le Président, que dans les sociétés dites évoluées, celles qui savent donner un sens à leur existence en tant qu'entités totalement inscrites dans la bonne gouvernance, le mérite est une valeur morale qui fait référence à l'effort des individus qui arrivent le plus souvent à surmonter les difficultés de la vie courante par sens du devoir et par aspiration au bien-être de la société. Tout cela est fait exclusivement dans l'intérêt général de la collectivité nationale et rien de plus !

La méritocratie, est donc ce système de bonne gouvernance qui met en valeur les individus méritants par leur compétence, leur savoir, leur classe, leur grandeur, leur intégrité, leur honnêteté, leur moralité, leur talent et leur vertu. C'est là, autant de qualités qui distinguent l'organisation des sociétés modernes, où les gens utiles sont aussi reconnus en fonction de leurs efforts intellectuel et physique, leur créativité, leur intelligence managériale, leur aptitudes scientifique, technique, professionnelle, leur sens de la direction et du commandement. Combien sont-ils les candidats aux futures élections qui peuvent répondre à ces critères, Monsieur le Président ?

Dans ce type de gouvernance, aucune référence n'est faite à l'origine sociale des individus, à leurs conditions matérielles et encore moins, à leur appartenance à un système reposant sur la parenté de sang, le clanisme et le copinage. C'est l'évaluation de la valeur intrinsèque de chacun, cette «mesure étalon» qui fait la différence entre les sociétés qui avancent et celles qui s'enlisent dans les méandres de la régression, du retard économique, culturel et social, dans un monde régi par la recherche de toujours plus de performances dans les domaines matériels et immatériels de la société ! À bien regarder de prés le dysfonctionnement actuel de notre société qui peine à trouver sa voie, on s'aperçoit Monsieur le Président, que les «néo-méritants» sont ces individus pas forcément compétents et encore moins talentueux, qui arrivent pourtant à se maintenir en mouvement dans la proximité de la sphère décisionnelle, tels des électrons gravitant autour des centres de décisions par interaction électromagnétique.

C'est de cette manière, que d'aucuns ont fait appel sans le savoir, à cette loi de la physique pour prendre «l'ascenseur social», celui qui leur est réservé uniquement par le fait qu'ils ont dès le début de leurs «carrières», emprunté la voie du raccourci et des promotions imméritées, indexées à l'échelle de l'allégeance, nourri par la pratique éhontée de la cooptation qui sait gratifier et récompenser par privilèges de diverses natures, ses adeptes et ses courtisans incompétents.

C'est à ce cursus de la voie «express», cette «rocade» de la réussite aidée, qu'ont veillé les Mouhafadate du FLN version quatrième congrès 1979, depuis plusieurs décennies par l'application de l'article 120 des statuts du Parti. Ils ont ramené leurs «canassons» aux commandes des institutions et organisations sociales. Pour faire aboutir leur projet, ils n'ont pas hésité à utiliser comme subterfuge, l'arabisation forcée, rapide et insuffisamment réfléchie de l'administration, de l'École et de l'Université. Cela a induit ce «Tsunami» qui a balayé les valeurs du bilinguisme pratiqué intelligemment dans nos institutions scolaires et universitaires. N'était-ce pas là, une astuce pour écarter les valeurs sûres dont disposait le pays ?

De la sorte, notre société s'est enfoncée dans cet illettrisme qui a été un terreau fécond, sur lequel se sont développées toutes les formes d'intégrisme et d'obscurantisme socle et base de toutes les dérives qu'a connues notre société depuis la décennie 80 ! Alors, ça suffit ! Il faut le dire haut et fort ! Notre société ne peut plus s'accommoder de ce type de pratiques nuisibles, Monsieur le Président ! Il faudrait bien que les «canassons» qui se complaisent sur leurs «litières» confectionnées par l'incompétence, le mépris du peuple et de ses intérêts, la triche et de la corruption, l'inculture, le rejet de la science, du savoir et des élites, soient écartés pour laisser place à ces «étalons» parmi les jeunes de notre pays, ici et ailleurs qui ne demandent qu'à servir loyalement leur pays. C'est là, une exigence de l'heure si nous voulons construire une authentique Algérie nouvelle. Oui, Monsieur le Président ! C'est à cela que tient le défi de votre mandat !!!

*Professeur