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Un présidentiable peut-il remplacer une Assemblée constituante ?

par Houssine Mourad Salim*

S'il est vrai que le 22 février 2019 a été la cristallisation de toute une série d'événements symptomatiques de la déliquescence sociopolitique et économique de l'Algérie post-indépendance, il n'en demeure pas moins que le processus de changement boosté par les masses populaires est irréversible. Rien ne sera plus comme avant le... hirak même si ce dernier a bénéficié, les premiers jours, de guidage et autorisation de décoller d'une tour qui ne s'attendait pas à perdre le contrôle d'un inconscient collectif en pleine projection cathartique... L'Histoire et ses fins limiers réhabiliteront, peut-être un jour, les acteurs réels mais invisibles de cette purge interne accompagnée et légitimée même a posteriori par un peuple à la fois paisible et réfractaire, sage et rebelle.

Au-delà d'un constat des lieux, rapports de situation, études et bilans multisectoriels sans politique de prospective depuis des décennies puisque gelés sous le vocable consultatifs et confidentiels dans des bureaux et services qui n'ont été opérationnels et efficients qu'à mi-parcours du sinistre national..., la nécessité d'une analyse diachronique s'impose.

La connivence nationale et la phobie narcissique ne nous empêcheront pas de poser les questions/hypothèses afin de rendre opératoire et pérenniser un dialogue politique que des commissions et panel(s) à la carte s'échinent à crédibiliser aux yeux et oreilles (médias) d'un hirak que certains caciques prétendent diffus et confus alors qu'il a les capacités et potentiel de réussir une désobéissance civile du jour au lendemain tant les prémisses d'une situation pré-insurrectionnelle sont visibles !

-1- L'Algérie, prétendant être un État-nation à ce jour, a-t-elle la volonté politique et la compétence pour s'autodéterminer et continuer à assumer son indépendance (de la France) si chèrement acquise par le sacrifice du million et demi de martyrs ?

-2- Au vu de l'état actuel des lieux synonyme de déliquescence socioéconomique et vacance gouvernementale, fuite et transfert d'une partie du Trésor public vers des institutions financières étrangères particulièrement françaises, il y a lieu de faire le constat d'une résurgence post mortem et de fait de l'objectif principal du Messalisme, en l'occurrence l'autonomie de l'Algérie, vu le rejet in situ d'une indépendance totale de l'ancienne métropole.

-3- La dialectique entre indépendance et autonomie nous interpelle sur les véritables enjeux de la crise de gouvernance en Algérie, en l'occurrence le conflit manifeste aujourd'hui entre les tenants du retour à la légitimité des textes fondateurs du Congrès de la Soummam prônant la primauté du civil sur le militaire et une nomenklatura made in Algeria qu'envierait le promoteur Lacoste tant ses cols blancs proliférèrent avec une engeance qui crut, avec la bénédiction de Marianne, à un retour de l'Algérie... à la zone franc !

Infirmer ou confirmer cette grille de lecture par les membres du panel relève de la méthodologie de la médiation sociale et de la gestion des conflits !

*Ecrivain