
L'idée qu'un peuple se fait de lui-même est mêlée d'une
façon très intime à son rayonnement extérieur, à sa capacité d'influence et sa
sécurité par rapport au reste du monde. En réponse à la hantise du déclin, les
grandes nations mènent un expansionnisme tous azimuts pour ne pas perdre de vue
leur avenir. Tout comme la politique et l'économie, la culture et le sport permettent
une certaine cohésion interne renforçant le sentiment de fierté de leurs
peuples et le respect et le dépit des autres. Pour gagner des guerres, les
empereurs et les chefs militaires ne s'empêchaient pas d'incorporer dans leurs
bataillons des indigènes des pays conquis. Les tirailleurs maghrébins et
africains furent du côté français les premiers sur les lignes de fronts pendant
les deux grandes guerres, utilisés comme chaire à
canon, ils remplissent les cimetières de Verdun et des lieux de batailles comme
celle de Monte Cassino en Italie remportée grâce aux Algériens où
l'ex-président Ahmed Ben Bella s'était distingué par sa bravoure. Aujourd'hui,
les batailles se passent sur les terrains de sport, qui sont de véritables arènes
comme au temps des gladiateurs, ainsi les affaires du football sont devenues
trop sérieuses pour les laisser entre les mains des seuls techniciens. En
France, le cas Benzema est la plus parfaite des
illustrations, sinon comment expliquer que d'un fait divers, on en a fait une
affaire d'Etat, remontée d'une presse du sensationnel à la Fédération française
de football, au gouvernement pour atterrir à l'Elysée, jusqu'à ce qu'elle
divise l'opinion française. Le mouton noir est lavé plus blanc que blanc par le
Premier ministre qui ose parler d'exemplarité pour un joueur de football qui
n'a jamais eu de carton rouge durant plus de cinq cents matchs joués avec le
Real de Madrid, alors que lui, il s'était fait prendre voyageant avec ses
enfants sur un vol classé officiel pour assister à la finale de la champion's league afin de
supporter le club de son pays d'origine, la Catalogne espagnole. Le ministre de
la Défense et le président Hollande prennent les choses au sérieux et pèsent en
faveur de Benzema sachant qu'il sera utile pour la
prochaine bataille de France qui sera sûrement plus tirailleurs africains que
blanche, peu importe sa couleur, en stratèges, seul le résultat compte pour
eux. Ici, ces temps-ci, un groupe de jeunes footballeurs essaye tant bien que mal
à renverser la déprime nationale qui semble ancrée dans le quotidien algérien
mais comme souvent, des personnes gravitant autour de cette équipe ne
l'entendent pas de cette oreille. Ils veulent casser cet élan, figer tout un
pays dans la déprime et l'absence d'avenir et étouffer l'optimisme. Ces
perroquets volant dans un ciel gris maussade ont fait leurs nids sur des
plateaux de télévision et gazouillent pour ceux qui veulent bien écouter leurs
bêtises répétées. Ces amuseurs de galerie et jongleurs de cirque n'ayant jamais
rien prouvé à part les petits ponts qui font simplement rire le temps d'une
action plus que de faire étoffer des palmarès, dénigrent et rabaissent des
joueurs qui sont au sommet du pays qui a vu naître le football, leur arrogance
et suffisance n'ont d'égal que leur inculture étalée quand ils parlent. La
caravane doit ignorer les bruits de fond et frayer son chemin pour rendre vert
le sol asséché. Allez les verts !