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Mahrez, Benzema et le jeu malsain

par Ahmed Farrah

L'idée qu'un peuple se fait de lui-même est mêlée d'une façon très intime à son rayonnement extérieur, à sa capacité d'influence et sa sécurité par rapport au reste du monde. En réponse à la hantise du déclin, les grandes nations mènent un expansionnisme tous azimuts pour ne pas perdre de vue leur avenir. Tout comme la politique et l'économie, la culture et le sport permettent une certaine cohésion interne renforçant le sentiment de fierté de leurs peuples et le respect et le dépit des autres. Pour gagner des guerres, les empereurs et les chefs militaires ne s'empêchaient pas d'incorporer dans leurs bataillons des indigènes des pays conquis. Les tirailleurs maghrébins et africains furent du côté français les premiers sur les lignes de fronts pendant les deux grandes guerres, utilisés comme chaire à canon, ils remplissent les cimetières de Verdun et des lieux de batailles comme celle de Monte Cassino en Italie remportée grâce aux Algériens où l'ex-président Ahmed Ben Bella s'était distingué par sa bravoure. Aujourd'hui, les batailles se passent sur les terrains de sport, qui sont de véritables arènes comme au temps des gladiateurs, ainsi les affaires du football sont devenues trop sérieuses pour les laisser entre les mains des seuls techniciens. En France, le cas Benzema est la plus parfaite des illustrations, sinon comment expliquer que d'un fait divers, on en a fait une affaire d'Etat, remontée d'une presse du sensationnel à la Fédération française de football, au gouvernement pour atterrir à l'Elysée, jusqu'à ce qu'elle divise l'opinion française. Le mouton noir est lavé plus blanc que blanc par le Premier ministre qui ose parler d'exemplarité pour un joueur de football qui n'a jamais eu de carton rouge durant plus de cinq cents matchs joués avec le Real de Madrid, alors que lui, il s'était fait prendre voyageant avec ses enfants sur un vol classé officiel pour assister à la finale de la champion's league afin de supporter le club de son pays d'origine, la Catalogne espagnole. Le ministre de la Défense et le président Hollande prennent les choses au sérieux et pèsent en faveur de Benzema sachant qu'il sera utile pour la prochaine bataille de France qui sera sûrement plus tirailleurs africains que blanche, peu importe sa couleur, en stratèges, seul le résultat compte pour eux. Ici, ces temps-ci, un groupe de jeunes footballeurs essaye tant bien que mal à renverser la déprime nationale qui semble ancrée dans le quotidien algérien mais comme souvent, des personnes gravitant autour de cette équipe ne l'entendent pas de cette oreille. Ils veulent casser cet élan, figer tout un pays dans la déprime et l'absence d'avenir et étouffer l'optimisme. Ces perroquets volant dans un ciel gris maussade ont fait leurs nids sur des plateaux de télévision et gazouillent pour ceux qui veulent bien écouter leurs bêtises répétées. Ces amuseurs de galerie et jongleurs de cirque n'ayant jamais rien prouvé à part les petits ponts qui font simplement rire le temps d'une action plus que de faire étoffer des palmarès, dénigrent et rabaissent des joueurs qui sont au sommet du pays qui a vu naître le football, leur arrogance et suffisance n'ont d'égal que leur inculture étalée quand ils parlent. La caravane doit ignorer les bruits de fond et frayer son chemin pour rendre vert le sol asséché. Allez les verts !