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Entre lecture des uns et des autres

par Kharroubi Habib

Les changements opérés le week-end dernier par le chef de l'Etat ayant concerné le corps des walis, le gouvernement et l'institution militante ont comme il fallait s'y attendre suscité des réactions au sein de l'opposition dont des figures de proue ont fait des déclarations sur ce que leur inspire le remue-ménage qui vient de se produire.

 A l'unisson, les porte-parole de l'opposition jugent que les changements opérés l'ont été dans l'improvisation qui caractérise le mode de gouvernance de Bouteflika et que leur seule raison d'avoir été décidés est une considération en lien avec la bataille des clans et les intrigues du sérail générées par le profilage d'une succession dont l'échéance ne serait pas aussi lointaine qu'il pourrait paraître, même si Bouteflika a déclaré le 5 juillet dernier qu'il n'entend pas « passer la matin » avant la fin de son mandat. Cette lecture est largement partagée au sein du microcosme journalistique duquel ont émané des analyses et commentaires aux contenus convergents avec les déclarations de l'opposition.

Sauf que non contents de partager le décryptage que les leaders d'oppositions ont fait des changements intervenus, certains médias se sont avancés à émettre des supputations dont les contradictions d'un média à l'autre sont si flagrantes que leurs lectorats en sont désorientés. Comment ne le seraient-ils pas en ayant lu que les changements opérés l'ont été tantôt à l'initiative d'un clan du pouvoir et à son profit, tantôt par l'autre pour affaiblir son compétiteur. Tels lecteurs auront en effet « appris » de leur journal de référence que les responsables limogés ont touché des responsables dont le point commun serait que leur allégeance va au même clan, d'autres et par le biais des leurs que les limogés appartiendraient au contraire au camp opposé.

Publiquement l'opposition s'en tient à considérer que le remue-ménage dont le sommet de l'Etat est la scène est le symptôme que le régime est en pleine déliquescence qui lui fait opter pour des dérives qui sont autant de signes révélateurs de la dangerosité que représente pour le pays et la République son maintien et sa continuité. Et elle a raison car à vouloir jouer un clan du pouvoir contre l'autre revient en effet à s'insérer dans les logiques claniques qui sont la marque du système politique algérien dont le démantèlement est désormais une question de survie pour la nation.

L'opposition doit consacrer toute sa sagacité politique à éviter à faire de « distinguo » entre les nuisances qu'induirait la victoire d'un clan du pouvoir sur l'autre et à tenir le cap sur la revendication d'un changement qui ne soit au profit ni de l'un ni de l'autre mais de l'Algérie et des Algériens dont ils ont étouffé la voix, le libre arbitre et le droit de citoyenneté. Peu chaut aux Algériens qu'un président impotent l'emporte sur un général liberticide et vice versa. Ce qu'ils veulent c'est la fin d'un système dont l'un et l'autre sont voués à sa sauvegarde du naufrage inéluctable auquel le condamne la prise de conscience citoyenne de plus en plus mature qui se fait jour dans la société algérienne.