Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Libye: l'option militaire à nouveau brandie

par Kharroubi Habib

L'option pour un dialogue inclusif réunissant l'ensemble des parties à l'exclusion des groupes terroristes, préconisée entre autres Etats par l'Algérie pour la résolution de la crise libyenne, risque d'être abandonnée malgré les progrès substantiels enregistrés aux réunions de Genève sous l'égide de l'ONU auxquelles ont pris part y compris les factions libyennes ayant été dans un premier temps rétives à dialoguer avec leurs adversaires. Si la poursuite de ce processus apparaît désormais problématique, la cause en est l'aggravation de la situation en Libye où non seulement les parties représentées à Genève ont repris leur confrontation militaire, mais où par l'intermédiaire de groupes locaux armés l'Etat islamique s'avère en capacité de prendre le dessus sur les autres protagonistes du conflit.

Cette inquiétante évolution a conduit l'Italie à réclamer à l'ONU l'autorisation d'une intervention militaire internationale dont elle s'est déclarée prête à en prendre la direction et à y contribuer de manière substantielle en hommes et armement. La demande italienne recevra à n'en point douter le soutien de la France qui a plaidé en faveur d'une telle opération avant de se rallier faute de faire autrement à l'initiative de l'ONU appuyée par la majorité de la communauté internationale. Plus déterminant en sa faveur est l'appui que vient de lui exprimer l'Egypte qui a formulé une demande dans le même sens après l'exécution barbare en Libye par un groupe armé se réclamant de l'Etat islamique d'une vingtaine de ses ressortissants de religion copte.

Tout comme la France, l'Egypte n'a pas caché sa préférence pour une intervention militaire en Libye, option à laquelle elle a momentanément renoncé car les autres Etats frontaliers de ce pays ont convenu de donner sa chance au dialogue interlibyen. Elle l'a relancée désormais car estimant que l'implantation de l'Etat islamique en Libye l'exige dorénavant.

Il est probable que les appels à une intervention militaire internationale en Libye émis par Rome et Le Caire auront de la résonance du fait que l'Etat islamique a pointé dans le pays et fait planer la menace d'une situation chaotique aux conséquences dangereuses pour la sécurité nationale de tous les voisins de la Libye et des régions méditerranéenne et sahélienne.

Pour l'Egypte confrontée chez elle à une insurrection islamiste armée, la présence de l'Etat islamique en Libye voisine en devient inconcevable, d'où qu'il est à prévoir qu'elle n'attend certainement pas un feu vert onusien pour tenter de l'éradiquer.

Les bombardements effectués dimanche soir par l'aviation égyptienne sur des positions en Libye de groupes armés affiliés à l'Etat islamique en guise de représailles contre l'exécution des otages égyptiens ne sont à l'évidence qu'un prélude à un engagement militaire égyptien en Libye plus déterminé. Mais si la menace que représente l'implantation de l'Etat islamique en Libye est sérieuse, il n'en demeure pas moins que la seule approche réaliste qui pourrait ramener la paix et la concorde en Libye reste le dialogue entre les parties en conflit à l'exclusion des groupes terroristes.

L'intervention armée n'a jamais rien résolu nulle part car ceux qui la privilégient la font non pas dans l'intérêt du peuple du pays concerné, mais pour défendre ou protéger les leurs. C'est dans cette logique que s'inscrit l'action préconisée par l'Italie et l'Egypte dont nul n'ignore les visées qu'elles ont pour l'ex-Jamahiriya, espace pour autant stratégique géographiquement que juteux par ses ressources.