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Crimée : nouveau front pour les Rambo français

par Kharroubi Habib

Le trio de Rambo français, Hollande, Fabius et Le Drian, se montre à nouveau prêt à faire parler la poudre. Contre la Russie cette fois. Pour convaincre de sa détermination, il a fait savoir que la France est prête à envoyer quatre avions de combat en Pologne et dans les pays baltes pour faire face à une éventuelle menace militaire russe contre eux.

On imagine qu'en apprenant la nouvelle Vladimir Poutine en a perdu le sommeil, que l'armée russe panique et le peuple russe terrifié en appelle à la protection céleste. Plus sérieusement, en ayant envisagé l'envoi d'avions français comme preuve que la France est décidée à contrer « l'expansionnisme » russe qui pointerait comme l'aurait démontré la crise ukrainienne, le trio de Paris débloque et sombre dans le ridicule. L'équipée militaire ordonnée par Nicolas Sarkozy contre El Kadhafi et son régime, celles qu'ils ont montées eux-mêmes au Mali et en Centrafrique leur sont montrées à la tête et les font réagir martialement à l'égard de la Russie qu'ils pensent impressionner par leur fermeté.

Washington et Moscou ont dû se torde de rire en apprenant ce que le ministre français de la Défense a annoncé. Dans les deux capitales, l'on n'est pas dupe de l'excès de zèle dans la « fermeté » que Paris manifeste à l'occasion de chaque crise internationale. Obama et Poutine savent que c'est la façon pour le trio français de chercher à imposer la France en tant qu'acteur incontournable pour la redéfinition de l'ordre international que leurs deux Etats négocient bilatéralement sur fond de crises où ils s'affrontent indirectement en soutenant l'un des camps belligérants.

Hollande fait dans la surenchère belliqueuse pour entretenir l'illusion que la France est toujours une grande puissance ayant encore son mot à dire sur ce qui se passe en dehors de ses frontières. Il pense certainement que ce faisant il impose la France dans ce statut vis-à-vis de l'Amérique et de la Russie. Lesquelles pourtant lui ont démontré qu'elles font peu cas de la prétention française et ont infligé à Paris un cinglant camouflet en tenant la France à l'écart de leurs négociations sur la crise syrienne.

Ce ne sont pas les rodomontades françaises qui vont influer sur la crise ukrainienne dont Russes et Américains négocieront en tête à tête l'issue. Elles sont d'ailleurs peu appréciées et approuvées par les partenaires européens de la France, irrités qu'ils sont que Paris joue à la grande puissance alors qu'elle n'en a plus les moyens.

Infliger des sanctions de principe à la Russie est une chose, faire des menaces militaires à son égard en est une autre à laquelle même les Américains ne songent pas. Le trio français serait plus crédible en dépensant l'énergie qu'il use à perte au plan international à tenter d'enrayer la dégringolade économique à laquelle la France est confrontée l'obligeant ô paradoxe à rogner même sur le budget de son armée alors qu'il la sollicite pour des interventions tous azimuts. Hollande, Fabius, un peu de modestie et de réalisme, cessez donc de jouer à la grenouille qui a voulu devenir plus grosse qu'un bœuf.