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Dossiers de corruption: Bouteflika contraint de rompre son silence

par Kharroubi Habib

Depuis qu'il a accédé au pouvoir, jamais Bouteflika ne s'est laissé aller à s'exprimer sur les scandales révélés par la presse nationale et qui ont fait tache sur sa gouvernance. Qu'il ait dérogé à cette conduite après qu'a éclaté celui dévoilant les méthodes frauduleuses d'octroi des marchés sous l'ère Chakib Khelil démontrerait qu'il a pris conscience que son silence en l'occurrence prendrait dans l'opinion nationale valeur de couverture assumée par lui des personnes impliquées dans cette scabreuse affaire réputées être ses proches.

Il a compris qu'à une année de l'élection présidentielle une telle certitude s'ancrant dans l'opinion publique disqualifierait irrévocablement le dessein qui est le sien pour cette échéance. Nul doute qu'il a vu aussi dans la révélation de ce scandale une manœuvre de ses adversaires visant à atteindre ce but. La célébration du double anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, secteur concerné par le scandale en question, lui a donné l'occasion de réagir pour se déclarer « révolté et réprobateur des scandales récemment révélés par la presse et qui touchent à la gestion de Sonatrach », pour affirmer aussi « qu'il fait confiance à la justice de notre pays pour démêler l'écheveau de ces informations, pour situer les responsabilités et appliquer avec rigueur et fermeté les sanctions prévues par notre règlementation ».

En disant cela, Bouteflika a donné à comprendre qu'il veillera à ce que toute la lumière soit faite sur les informations dévoilées par les enquêtes préliminaires menées ayant établi que les marchés de Sonatrach ont donné lieu à des transactions douteuses et préjudiciables pour l'Algérie. Promesse que nombreux sont les citoyens à accueillir sans lui accorder une crédibilité débordante, tant leur confiance quant à la volonté du pouvoir à faire rendre gorge aux prévaricateurs et corrompus concernés par les scandales révélés s'est définitivement évanouie au vu des résultats des procès auxquels certains ont donné lieu.

Même en rompant son silence et en faisant comprendre qu'il va exiger que la lumière soit faite sur le scabreux scandale qui heurte au plus profond les Algériens, Bouteflika n'a pas pour autant convaincu que cette fois justice passera. Car le doute subsiste sur sa détermination. Comment peut-il en être autrement quand il a donné l'impression d'avoir découvert qu'il y a eu scandale dans les octrois de marchés de Sonatrach par les révélations faites par la presse ? Ce qui voudrait dire qu'il a été jusque-là dans l'ignorance des faits délictueux dévoilés par cette presse. Nul ne peut croire qu'il en a été ainsi. Ou alors cela confirme la réalité qu'il y a problème entre lui et les services de renseignements censés lui rendre compte des affaires touchant à des questions d'Etat. Ce qui ajouterait au scandale un parfum de lutte pour le pouvoir que les citoyens subodorent et voient comme étant la seule raison qui a fait que le scandale de Sonatrach éclate et que certaines des turpitudes dont ont été coupables des dignitaires du régimes sont dévoilées.