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Sur le dossier malien qui va être un des sujets de
discussion au cours de la visite de M. François Hollande en Algérie, Paris
semble s'entêter. On a prôné l'intervention militaire et on ne transige pas !
Comme si admettre qu'une intervention militaire «rapide» et non préparée
politiquement serait «perdre la face». Les divergences entre Alger et Paris
sont-elles de «façade» comme l'affirment certains ? S'il s'agit de traiter
militairement des groupes djihadistes présents au Nord-Mali, il n'y a même pas
de divergences. Par contre, des divergences «réelles» existent sur le temps et
les modalités de l'action militaire à mener et «contre qui la mener».
Engager rapidement une action militaire, c'est nécessairement mettre dans le côté des cibles à atteindre les mouvements touaregs y compris ceux d'Ançar Eddine. Cela donne un spectre de cibles très large et peut provoquer des réactions en chaîne dans plusieurs pays où il y a des populations touaregs. Et ce n'est pas l'instabilité et la fragilité institutionnelle sévissant à Bamako, sous l'emprise d'une faction de l'armée dirigée par le capitaine Sanogo, qui sont de nature à servir d'argument à une intervention rapide. Les réserves des Américains à l'égard d'une intervention militaire sans épouser le point de vue d'Alger vont néanmoins dans ce sens. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a cherché à minimiser l'importance des réserves américaines en les réduisant à un problème budgétaire, ce qui n'est pas secondaire. La seconde réserve tient au fait que selon les Américains une intervention armée demande des «soutiens militaires forts» lorsqu'il «s'agira d'aller s'affronter aux terroristes» pour reprendre la formule du chef de la diplomatie française. Cette objection n'a rien de minime, elle est d'une grande importance. Il est clair que les Américains - et ils ne sont pas les seuls - n'ont aucune confiance sur la capacité des 3.300 hommes de la Cédéao et de ce qui reste de l'armée malienne de «réaliser les objectifs de la mission». Si les mots ont un sens, l'expression «soutiens militaires forts» va au-delà d'un simple soutien logistique. C'est plutôt vers un engagement effectif sur le terrain qui, officiellement, n'est pas à l'ordre du jour à Paris où l'on se plaît à dire que la France ne «sera pas en première ligne». En réalité, il sera difficile de défendre avec entêtement l'intervention militaire tout en faisant mine de croire que les forces de la Cédéao seront suffisantes pour accomplir la mission. En langage à peine codé, les réserves américaines sont un message aux Français: si vous voulez l'intervention, on ne s'y opposera pas (au Conseil de sécurité) mais celle-ci commande une implication physique qu'il reviendra à la France d'assumer. L'option défendue par l'Algérie de mettre tous les Touaregs, y compris les plus puissants d'entre eux actuellement, Ançar Eddine, du côté de la solution se défend parfaitement. Elle implique qu'à Bamako les choses se stabilisent pour un dialogue sérieux et inclusif. Cette démarche est de nature à limiter le spectre des cibles et donne de meilleures garanties de réussite qu'une guerre frappant tout le monde au nord du Mali avec des conséquences imprévisibles. Le refus des responsables français de l'admettre est, c'est le moins qu'on puisse dire, peu compréhensible. |