
Finalement la boucle est bouclée. Il n y aura pas de commission
indépendante pour préparer les élections. Il n' y aura pas de TV indépendante
de l'ENTV ou autres conseillers à la présidence. Il n y aura pas d'autres candidats
à la présidentielle que Bouteflika et les siens. Il n'y aura pas de 3G avant
longtemps. Pas de changement, pas de mouvement, pas un centimètre, pas un seul,
pas du tout, pas un seul pas. Pour son troisième round contre les lois de la
gravité, le régime a gagné. Il a gagné quand il a failli tomber en 88. Là, il a
rusé, blessé, manipulé, noyé le multipartisme et ridiculisé la démocratie puis
l'a piégée dans le choix entre lui ou les islamistes. Ensuite le régime a gagné
contre la pression internationale durant les années 90. Là aussi il a rusé, a
manipulé, a payé, a gagné du temps, a joué à la victime sur le dos des victimes
puis a attendu le 11 Septembre américain pour sortir anobli, blanchi et salué. Puis
sont venues les révolutions voisines. Là aussi il a tremblé, il a attendu puis
a sorti Bouteflika qui a parlé, juré, dit et donné un calendrier. Puis, le
printemps a crashé et le régime a joué les pompiers, les stabilisateurs, les
sages, la prudence et a gagné. Aujourd'hui, la dictature chez les peuples
d'Allah est vue comme une nécessité, une norme et une fatalité douce et utile. Le
régime est élu par l'Occident et les Puissances et s'en sort rajeuni après la
maladie, solide et soutenu. Il peut nous faire voter un mort s'il le voulait ou
nous faire élire une boîte de conserve vide s'il en avait envie. Il peut
stopper l'histoire, la mettre en pause, la rembobiner et nous imposer le noir
et blanc, le burlesque puis le film muet puis, enfin, l'image immobile des
premiers photographes en attendant de nous faire remonter vers la poterie
mentale et le dessin rupestre comme représentation nationale du réel. Il a le
fric, la santé, les larbins, l'ENTV, le peuple du tambour et d'Echourouk et le
temps à tuer. En face, nous avons quelques livres, pas de casernes, pas de
peuple, pas de puits, pas de France pour nous soigner, pas de foi solide et pas
de temps. Qui va gagner? Selon les livres d'histoire et d'espoir, c'est nous,
ou au moins nos arrières petits enfants. C'est nécessaire de voir les choses
ainsi, c'est utile, c'est vrai. Le régime s'en ira avec le peuple qu'il a
fabriqué avec de la semoule. Mais en attendant, la vie est courte ; dieu est
grand, nous sommes petits et le régime gagne. A échelle de l'individu, il n' y
presque pas d'espoir. Un internaute a résumé à l'extrême un désespoir si énorme
: il a écrit que le seul chemin d'espoir qu'il connaisse et celui de
l'aéroport. Mais à échelle de l'histoire, le régime perdra. Comme les Romains
chez nous, les Espagnols, les Ottomans et les autres. Le choix? La dignité de
l'homme est dans sa résistance, dit le manuel de la foi en soi. Pour le moment,
Belaiz, le ministre de la Justice copain-copain l'a dit: NON ! Il n'y aura rien
que le régime selon le régime. Pas de changement, sauf dans le choix des
cuillères et des serviettes. Il faut tout refaire. Comme à chaque colonisation
on va attendre, se réunir, mourir puis gagner et chasser le dernier colon de la
série.