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ONU: Israël appelé à lever les restrictions sur l'aide à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Samedi, 65e jour du cessez-le-feu, Israël continue de violer unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en commettant plus de 600 attaques meurtrières contre les civils de Ghaza durant cette période, en plus de ne pas respecter le volet des aides humanitaires préconisé par le «plan de paix», dans ce qui semble être une démarche menée en total accord avec l'administration Trump.

Les attaques sionistes contre les civils de Ghaza se poursuivent. Le dernier rapport statistique, publié hier, par le ministère de la Santé de l'enclave, fait état de 18 nouvelles victimes, dont 2 martyrs et 16 blessés, durant les précédentes 48h (jeudi et vendredi), ainsi qu'un martyr dont le corps a été retrouvé sous les décombres.

Le nombre de victimes des attaques israéliennes, depuis l'accord de cessez-le-feu du 11 octobre 2025, passe ainsi à 385 martyrs et 1.018 blessés, en plus de 628 corps de martyrs exhumés des décombres des bâtiments bombardés depuis le début du génocide.

En outre, le document précise que l'effondrement de plusieurs bâtiments, le froid intense et la dépression, ont entraîné le martyr de 10 personnes.

Le ministère souligne également que le nombre de 277 martyrs a été ajouté aux statistiques cumulatives, après que leurs données ont été complétées et approuvées par le Comité spécialisé.

Le nombre total des victimes du génocide israélien à Ghaza passe ainsi à 70.654 martyrs et 171.095.

Une nouvelle résolution de l'ONU

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi, une résolution exhortant Israël à lever les restrictions sur l'aide à Ghaza et à lever toutes les contraintes visant les activités de l'UNRWA aussi bien à Ghaza que dans le reste des territoires palestiniens occupés, ainsi qu'à respecter l'inviolabilité des locaux de l'ONU.

La résolution fait suite à l'avis consultatif récent de la Cour internationale de justice (CIJ) qui souligne les obligations d'Israël en tant que «puissance occupante» et État membre de l'ONU.

A propos des activités de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), la résolution «met fermement en garde contre toute tentative de restreindre ses opérations et son mandat et appelle le gouvernement israélien à respecter les privilèges et immunités de l'Office».

Toujours concernant l'UNRWA, la résolution a également exhorté les pays membres des Nations Unies à «prendre des mesures immédiates pour remédier aux crises financières et opérationnelles qui affectent l'UNRWA».

La résolution a recueilli 139 voix pour, 12 votes contre (dont Israël, les Etats-Unis, l'Argentine, la Bolivie et le Paraguay et la Hongrie) et 19 abstentions.

Le Commissaire général de l'agence, Philippe Lazzarini, a réagi au vote de la résolution dans une déclaration publiée sur la plateforme X (ex-Twitter).

«L'Assemblée générale de l'ONU a fermement approuvé la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) selon laquelle les allégations que l'UNRWA serait infiltré par le Hamas ne sont pas fondées, pas plus que les allégations que l'agence ne serait pas une organisation neutre», a déclaré M. Lazzarini.

«Ce vote est un signe important de soutien à l'UNRWA de la part de l'écrasante majorité de la communauté internationale. Comme le souligne la CIJ, l'UNRWA est l'acteur humanitaire clé dans le territoire palestinien occupé, et tout doit être fait pour faciliter notre travail, et non pour l'entraver ou l'empêcher», a-t-il ajouté.

Lazzarini a également exhorté les États membres des Nations Unies à «continuer de soutenir nos efforts pour répondre à la situation humanitaire désastreuse à Ghaza et à développer nos services essentiels de santé publique et d'éducation».

Par ailleurs, des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes et musulmans ont exprimé, dans une déclaration publiée vendredi, leur soutien à l'UNRWA, soulignant son rôle essentiel dans l'acheminement de l'aide humanitaire à Ghaza.

«Les ministres soulignent que le rôle de l'UNRWA est irremplaçable. Aucune autre entité ne possède l'infrastructure, l'expertise et la présence sur le terrain nécessaires pour répondre aux besoins des réfugiés palestiniens ni pour assurer la continuité des services à l'échelle requise», lit-on dans la déclaration des MAE du Qatar, de l'Arabie saoudite, l'Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, l'Indonésie, le Pakistan, et la Turquie.

Les ministres ont également condamné le raid israélien mené, la semaine dernière, contre le siège de l'UNRWA à Al-Qods-Est occupée, le qualifiant d'«escalade inacceptable» et de «violation flagrante du droit international».

Francesca Albanese : «Israël et ses alliés devraient financer la reconstruction de Ghaza»

La rapporteuse spéciale de l'ONU sur le territoire palestinien, Francesca Albanese, a déclaré, vendredi, que c'est à Israël et ses soutiens de financer la reconstruction de Ghaza, selon un compte rendu d'Al Jazeera English.

Mme Albanese a cité nommément les États-Unis, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni, principaux fournisseurs d'armes d'Israël, pour prendre en charge le coût de la reconstruction de Ghaza, ajoute la même source.

La rapporteuse spéciale de l'ONU, auteur d'au moins deux rapports très documentés, notamment sur les complicités internationales (y compris des entreprises et du monde de la finance) dans le génocide israélien à Ghaza, s'exprimait lors d'un événement organisé par le think tank londonien ODI Global.

Francesca Albanese estime que le soutien apporté par le Royaume-Uni à Israël via ses bases militaires à Chypre devrait faire l'objet d'une enquête quant à son lien éventuel avec les attaques à Ghaza, appelant à la nécessité d'une enquête approfondie sur la «complicité du Royaume-Uni dans le génocide».

L'intervenante a également évoqué les sanctions américaines dont elle fait l'objet, affirmant qu'elles affectent gravement sa vie personnelle et professionnelle.