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Pénurie de médicaments à Ghaza: La crise s'aggrave

par Mohamed Mehdi

Dimanche, 59e jour du cessez-le-feu, Israël continue de violer unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en commettant plus de 590 attaques meurtrières contre les civils de Ghaza durant cette période, en plus de ne pas respecter le volet des aides humanitaires préconisé par le «plan de paix», dans ce qui semble être une démarche menée en total accord avec l'administration Trump.

Les attaques israéliennes ont fait 23 nouvelles victimes, dont 6 martyrs et 17 blessés, lors de la journée de samedi, indique le dernier rapport statistique, publié hier, par le ministère de la Santé à Ghaza. Le nombre de victimes des attaques israéliennes, depuis l'accord de cessez-le-feu du 11 octobre 2025, passe à 373 martyrs et 970 blessés, ainsi que 624 corps exhumés des décombres des bâtiments bombardés depuis le début du génocide. Ce nouveau bilan porte le nombre de total de victimes à 70.360 martyrs et 171.047 blessés depuis le 7 octobre 2023. Dans un autre communiqué, le ministère de la Santé alerte sur l'aggravation de la pénurie de médicaments essentiels et de fournitures médicales et de laboratoires d'analyses dans les hôpitaux de Ghaza.

«Les stocks de médicaments et de fournitures médicales restent à un niveau catastrophique», affirme le communiqué, indiquant que «52% des médicaments essentiels, 71% des fournitures médicales et 70% des fournitures de laboratoire sont en rupture de stock». «La crise s'aggrave à mesure que les besoins en soins médicaux pour les blessés et les malades augmentent», poursuit la déclaration, précisant que certains services sont plus touchés que d'autres. «Les services de soins primaires, de chirurgie, de soins intensifs, d'oncologie et d'hématologie sont parmi ceux qui souffrent de graves pénuries de médicaments», explique le document.

Concernant la pénurie de fournitures médicales, les services les plus touchés sont « l'orthopédie, la néphrologie, l'hémodialyse, l'ophtalmologie, et la chirurgie générale, ainsi que les blocs opératoires et les services de soins intensifs ».

Le ministère de la Santé appelle à une « augmentation urgente des fournitures médicales afin de permettre aux équipes soignantes des services spécialisés de poursuivre leur travail ».

Grève à Al-Khalil suite à l'exécution sommaire de deux Palestiniens par l'armée sioniste

Paralysie totale, dimanche matin, de la ville d'Al-Khalil au lendemain de l'exécution sommaire de deux Palestiniens, Ziad Naim Abu Daoud (55 ans) et Ahmed Khalil Ahmed Al-Rajabi, par les forces d'occupation israéliennes, dans le quartier de Bab al-Zawiya.

Des sources locales, citées par Al Jazeera et l'agence palestinienne Wafa, ont fait état de la fermeture totale des commerces de plusieurs quartiers d'Al-Khalil suite à l'appel à la grève lancée par le Fatah pour protester contre la poursuite des exécutions extrajudiciaires perpétrées par les forces d'occupation dans le gouvernorat.

L'agence de presse palestinienne Wafa a rapporté que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur un véhicule transportant des civils à Bab al-Zawiya et ont empêché les équipes du Croissant-Rouge d'accéder au véhicule pour secourir les victimes.

Le gouvernorat d'Al Khalil a organisé, dimanche, des funérailles solennelles pour Ziad Naim Abu Daoud dont la dépouille a été transférée, la veille, vers l'hôpital gouvernemental puis vers son domicile familial, « dans le quartier d'Al-Tahrir, pour un dernier hommage avant son inhumation au cimetière des martyrs de la ville », précise Wafa.

La même source a indiqué que l'Autorité générale des affaires civiles a informé, dimanche matin, le ministère de la Santé du décès d'Ahmed Khalil Ahmed Al-Rajabi.

Par ailleurs, l'armée d'occupation israélienne a mené des raids dans plusieurs zones de Cisjordanie occupée à l'aube de la journée de dimanche, menant des perquisitions dans plusieurs domiciles notamment à Jénine, Ramallah et dans la ville de Jayyous, dans le gouvernorat de Qalqilya. Au moins huit Palestiniens ont été arrêtés lors de ces assauts.

Négligences médicales des prisonniers palestiniens

L'Autorité des affaires des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens a publié, dimanche, « un rapport détaillant la situation sanitaire critique de deux détenus palestiniens dans les prisons israéliennes», rapporte Wafa.

Il s'agit de « Faisal Sba'na (65 ans), de Qabatiya au sud de Jénine, et Ali Abu Atiyeh (29 ans), de la région de Ramallah et Al-Bireh », ajoute le document cité par l'agence, précisant que l'état de santé des deux prisonniers « se détériore dans un contexte de conditions de détention précaires et d'absence de soins médicaux appropriés ».

Détenu administrativement depuis le 25 octobre 2023, Faisal Sba'na est hospitalisé à la clinique de la prison de Ramla, après avoir été transféré de la prison de Nafha à la suite d'une crise cardiaque, le 1er novembre 2025. « Le jour de l'infarctus, Sba'na affirme avoir été agressé par un secouriste avant d'être examiné et transféré à l'hôpital Soroka de Beer-Sheva pour recevoir les soins nécessaires. De retour en prison, son état s'est de nouveau détérioré et des calculs biliaires ont été diagnostiqués le 9 novembre, nécessitant un traitement antibiotique intraveineux continu à la clinique de Ramla » ajoute l'agence Wafa.

Le prisonnier a également dénoncé la faible quantité de nourriture fournie depuis le début de son incarcération, « une situation qui perdure dans sa clinique actuelle depuis environ deux mois ».

« Quant à Ali Abu Atiyeh, il a été arrêté de manière violente le 4 novembre 2025 près de son lieu de travail à Ramallah » avant d'être blessé par balle tirée sur sa cuisse gauche par un soldat, provoquant une fracture osseuse. Transféré à l'hôpital, « il a subi deux interventions chirurgicales consécutives : une première pour poser un implant interne et un pont, puis une seconde pour installer un implant externe », ajoute la même source.

« L'Autorité des affaires des prisonniers tient la direction des prisons israéliennes pour responsable de la détérioration de l'état de santé des deux détenus, appelant à leur fournir des soins médicaux adéquats et à mettre fin aux mauvais traitements et à la négligence médicale, qui visent selon elle à «tuer lentement les prisonniers et leur enlever leur droit à la vie» », rapporte encore l'agence palestinienne.