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Ministère de l'Intérieur: Guerre annoncée contre les constructions Illicites

par M. Aziza

Les pouvoirs publics ont déclaré la guerre aux constructions illicites, annonçant la multiplication des actions pour éradiquer ce fléau. Si les opérations de démolition sont menées depuis plusieurs années, cette fois, et conformément aux directives du président de la République, une approche proactive est mise en œuvre. Elle vise non seulement à démolir, mais surtout à empêcher l'achèvement de toute construction illégale dès son apparition.

Dans ce cadre, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et des Transports a ordonné la mobilisation de commissions, d'équipes de suivi et d'agents qualifiés, ainsi que l'intensification des contrôles sur les chantiers « de jour comme de nuit et même durant les jours fériés ». L'objectif est d'accélérer l'émission et l'exécution des décisions de démolition dès la constatation de l'infraction, quel que soit l'état d'avancement des travaux, comme le rapporte le journal El Khabar.

Le ministère a également exigé la mise à disposition de tous les moyens nécessaires, « sans relâche ni retard », tout en protégeant les terrains et biens fonciers récupérés. Il appelle à leur exploitation rapide afin de prévenir toute nouvelle tentative d'appropriation illégale.

Dans cette logique, une instruction stricte a été adressée aux walis, walis délégués, chefs de daïra et présidents d'assemblées communales pour renforcer la lutte contre les constructions anarchiques et les violations des règles d'urbanisme.

Les services du ministère ont à travers la correspondance n°13115 datée du 22 octobre 2025 mis l'accent sur la nécessité d'un suivi particulier et rigoureux de ce dossier à travers toutes les wilayas du pays, conformément aux orientations du Premier ministre. Le ministère insiste aussi sur la transmission régulière de rapports périodiques concernant l'avancement du traitement de ce dossier et les mesures prises sur le terrain.

Renforcement du contrôle dans les zones sensibles

Le ministère a approuvé, dans ce sens, plusieurs mesures opérationnelles pour lutter contre les constructions anarchiques et les violations des règles d'urbanisme, en commençant par le renforcement du contrôle et la prévention des infractions. Selon la même source, cela passe par l'activation du rôle des commissions, des équipes de suivi et des agents qualifiés, en se concentrant sur les zones sensibles et classées à risque, telles que les abords des oueds, afin d'empêcher leur exploitation pour des constructions illégales, et en prenant des mesures répressives immédiates contre les contrevenants. Enfin, la correspondance recommande de renforcer la coordination entre les différents acteurs de l'urbanisme, d'organiser des sessions de formation pour les agents de contrôle et de mener des campagnes de sensibilisation avec la société civile pour promouvoir la culture urbaine et le respect des règles.

Les constructions illégales non habitées, précise-t-on, doivent être démolies sans délai dès la constatation de l'infraction, sauf pour les dossiers relevant de la loi 08-15 et du décret 22-55. Les habitations déjà occupées, quant à elles, ne peuvent pas être démolies conformément aux décisions du Conseil des ministres du 20 février 2023.

Le ministère appelle également à la mise à jour des plans d'urbanisme, à l'activation des guichets uniques et à l'accélération du traitement des dossiers de mise en conformité.

Il recommande enfin de renforcer la coordination entre les acteurs, de former les agents de contrôle et de lancer des campagnes de sensibilisation en partenariat avec la société civile.

L'association Al Aman a plaidé pour la sensibilisation « répressive »

Le président de l'Association « Al Aman » pour la protection des consommateurs, Hassan Menouar, a affirmé que la sensibilisation contre ce type de dépassements ne peut se faire qu'à travers une répression ferme et juste à travers les institutions de l'Etat et la justice. Il a souligné qu'un important travail doit être mené par les services de l'Etat. A ce propos, il a rappelé que « l'Algérie compte 1.548 communes, dont 1.541 disposent de bureaux de contrôle de l'urbanisme dotés de moyens et de personnels qualifiés, notamment des architectes et des ingénieurs en génie civil ». Il a ajouté que « 250 daïras disposent également d'une police de l'urbanisme ».

Dans une déclaration au « Le Quotidien d'Oran », M. Menouar a insisté sur la nécessité d'un véritable rapport de force publique. « Il faut que les gens aient peur de construire n'importe où et n'importe comment », dit-il. Il a même appelé à imposer des contrats de suivi architectural aux auto-constructeurs, précisant que « même si le terrain leur appartient, la ville, la façade et la rue appartiennent à l'Etat ». Le président de l'association Al Aman a également plaidé pour une évaluation exhaustive de l'application de loi 08-15, relative à la régularisation des constructions achevées ou inachevées, non conformes ou édifiées sans permis.