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Une escalade dangereuse : Israël assassine Haniyeh à Téhéran

par Mohamed Mehdi

Mercredi, 299e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 39.445 martyrs et 91.073 blessés, a annoncé le ministère de la Santé de l'enclave, précisant qu'au cours des dernières 24 heures, les bombardements de l'armée israélienne ont fait 45 martyrs et 77 blessés.

Hier, l'armée génocidaire israélienne a bombardé plusieurs régions de Ghaza, faisant des dizaines de martyrs et de blessés. Parmi les martyrs, le correspondant d'Al Jazeera Ismaïl al-Ghoul et le photographe Rami al-Rifi qui ont été ciblés par des bombardements dans la ville de Ghaza.

La journée de mercredi a été marquée par l'assassinat de Ismaïl Haniyeh, le président du bureau politique du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), à Téhéran où il prenait part à la cérémonie d'investiture du nouveau président de la République islamique d'Iran, Massoud Pezeshkian. Le Mouvement Hamas a confirmé, hier, dans un communiqué, le martyr de Ismaïl Haniyeh «suite à un raid sioniste perfide contre sa résidence à Téhéran». De son côté, Moussa Abu Marzouk, membre du Bureau politique du Hamas a déclaré, selon la chaîne Al-Aqsa, que l'assassinat de Haniyeh, «est un acte lâche et qu'il ne passera pas sans réponse». Pour Sami Abu Zuhri, Chef du département politique outre-mer du mouvement, «le Hamas en tant qu'institution et idéologie, ne sera affecté par l'assassinat d'aucun de ses dirigeants», ajoutant que ce qui s'est passé «est une escalade dangereuse qui n'aboutira pas ses objectifs». Des médias iraniens ont rapporté que l'assassinat de Haniyeh a été mené par un missile «lancé d'un pays à l'autre et non depuis l'Iran».

L'information a été confirmée par la Société de radiodiffusion israélienne, citée par Al Jazeera, qui a rapporté que le missile a été «lancé depuis un (autre) pays». Selon Reuters, citant une source iranienne, la plus «haute instance de sécurité iranienne» décidera de la stratégie de réponse à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, à Téhéran.

Le président iranien a déclaré : «L'Iran pleure le chef de la résistance palestinienne, le martyr d'Al-Quds, Ismaïl Haniyeh», ajoutant que la République islamique «défendra son intégrité territoriale et son honneur et fera regretter aux envahisseurs terroristes leurs actions lâches». Le «guide suprême de la révolution iranienne», Ali Khamenei, a lui parlé de «venger le sang de Haniyeh». «C'est un de nos devoirs car l'assassinat a eu lieu sur notre sol. En assassinant Ismaïl Haniyeh, l'entité sioniste criminelle et terroriste a ouvert la voie à un châtiment sévère», a-t-il ajouté.

Israël cible un bâtiment dans la banlieue sud de Beyrouth

L'assassinat de Ismaïl Haniyeh intervient après l'attaque menée, mardi, contre un bâtiment de la banlieue sud de Beyrouth où se trouvait Sayyid Fouad Chukr, un haut commandant militaire du Hezbollah dont le martyr n'a pas encore été confirmé par le parti de Hassan Nasrallah.

Hier, le Hezbollah a confirmé que l'attaque contre la banlieue sud a visé un immeuble résidentiel, situé dans le quartier de Haret Hreik, dans lequel se trouvait le haut responsable militaire, Fouad Chukr, dit «Haj Mohsen», et affirme qu'il attend toujours «le résultat (de l'enquête) auquel parviendront les concernés» pour connaître le sort du Moudjahid Fouad Chukr avant de prendre des décisions sur la nature de la réponse contre l'entité sioniste. L'attaque de l'immeuble de Haret Hreika a fait au moins 3 martyrs, une femme et deux enfants, ainsi que 74 blessés, dont 5 dans un état critique, a indiqué la chaîne libanaise Al Mayadeen. Selon CNN, citée par Al Jazeera, les États-Unis avaient offert une récompense de 5 millions de dollars pour toute information sur Sayyid Fouad Chukr.

Mouvements palestiniens: la résistance continuera

En réaction à l'assassinat du président du Bureau politique du Hamas, le Jihad islamique a déclaré «cet acte abject ne nous empêchera pas de poursuivre la résistance». «Nous pleurons le grand leader national Ismaïl Haniyeh et affirmons notre cohésion avec le mouvement Hamas dans la résistance. L'assassinat perpétré par l'ennemi contre l'un de nos symboles ne dissuadera pas notre peuple de poursuivre sa résistance», affirme le communiqué.

Les Brigades Al-Qassam affirment que «l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh au cœur de Téhéran est un événement important et dangereux qui porte la bataille vers de nouvelles dimensions». «L'ennemi a commis une erreur en élargissant le cercle de l'agression», il en «paiera le prix de son agression avec son sang à Ghaza, en Cisjordanie, au sein de son entité et dans n'importe quel lieu qu'atteindront les mains des moudjahidine de notre peuple». Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), par la voix de Maher Al-Taher, responsable des relations internationales, a déclaré qu'Israël a franchi «toutes les lignes rouges» et «pousse vers une guerre globale avec l'ensemble de l'axe de la résistance». Al-Taher a ajouté que «l'axe de la résistance est pleinement préparé à la confrontation», et que «l'entité sioniste regrettera son acte (qui) n'aurait pas eu lieu sans une couverture américaine».

De son côté, Mustapha Barghouti, le président de l'Initiative nationale palestinienne, a déclaré à Al Jazeera que l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh «est un crime qui renforcera la détermination du peuple palestinien et sa lutte pour ses droits». Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné fermement l'assassinat du leader du Hamas qualifiant l'acte sioniste de «lâche» et une «évolution dangereuse». «J'appelle les masses et les forces de notre peuple à l'unité, à la patience et à la fermeté face à l'occupation israélienne», a ajouté Mahmoud Abbas. Le Mouvement du Fatah a qualifié l'assassinat de Haniyeh de «crime odieux et véritablement lâche». Pour le Hezbollah, le martyr d'Ismaïl Haniyeh «augmentera la détermination des combattants dans tous les domaines de la résistance à poursuivre la voie du jihad ». Le parti de Nasrallah a ajouté : «Haniyeh est l'un des grands dirigeants de la résistance qui a résisté courageusement face au projet hégémonique américain et à l'occupation sioniste». Le groupe yéménite «Ansar Allah» (Houthi) a déclaré, de son côté, que l'assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, «est un crime terroriste et une violation flagrante des lois internationales».

Une grève et des manifestations dans les territoires palestiniens

Dès l'annonce du martyr d'Ismaïl Haniyeh, les mosquées de Cisjordanie occupée et des camps de la diaspora palestinienne ont appelé à la mobilisation générale.

La chaîne Al-Aqsa a rapporté que des appels populaires ont été lancés pour une grève générale et des manifestations dans toute la Palestine après l'assassinat de Haniyeh dans la capitale iranienne.

Les slogans des manifestations qui ont eu lieu dans des villes de Cisjordanie, notamment à Ramallah, Al-Khalil, et Nablous, ont appelé les factions de la résistance à une réponse à l'assassinat de Haniyeh.

Le Qatar, la Turquie, la Jordanie… condamnent

Le ministère qatari des Affaires étrangères a condamné «dans les termes les plus fermes» l'assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le qualifiant «crime odieux», d'«escalade dangereuse» et de «violation flagrante du droit international et humanitaire». «L'assassinat de Haniyeh et le ciblage par Israël des civils à Gaza conduiront la région à sombrer dans la violence et saperont les chances de paix», ajoute le MAE du Qatar.

Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné l'assassinat ajoutant que l'attaque «visait également à étendre la guerre en cours à Ghaza à un niveau régional». Le ministère jordanien des Affaires étrangères a déclaré : « L'assassinat de Haniyeh par Israël est une violation des lois internationales et une escalade du crime qui conduira à davantage de tensions et de chaos dans la région ». Le MAE irakien affirme que l'assassinat de Haniyeh «constitue une menace pour la sécurité et la stabilité de la région». Le MAE du Sultanat d'Oman a affirmé que «l'assassinat de Haniyeh est malheureux et doit être condamné», qu'il «ne fera qu'engendrer davantage d'instabilité» et qu'il «constitue un sérieux revers pour la cause de la paix». De son côté, le Vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que «l'assassinat de Haniyeh constitue un assassinat politique inacceptable et menace d'une nouvelle escalade dans la région». Le MAE de la Chine a déclaré aussi : «Nous nous opposons fermement et condamnons l'assassinat du chef du Bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh».