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Bekkat Berkani, président de l'Ordre des médecins: «Il faut mettre fin au hold-up de notre élite»

par El-Houari Dilmi

La directive du président de la République prise lors du dernier Conseil des ministres de réviser le statut particulier de la Santé, «vise à conforter la situation économique et socioprofessionnelle des praticiens de la Santé», a indiqué, hier mardi, le président de l'Ordre des médecins praticiens, Mohamed Bekkat Berkani, précisant que «ces mesures participent à améliorer la qualité des soins et leur pérennité».

S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, le Dr Berkani a estimé que la directive du chef de l'Etat qui précise le régime indemnitaire du personnel médical et paramédical du secteur public et la mise en œuvre des mesures pour la prise en charge des cancéreux, « va permettre de donner un nouveau départ et répondre à un besoin essentiel, longtemps revendiqué par les professionnels du secteur». « La pérennité des soins signifie inéluctablement la gratuité des prestations de service, celle-ci est un principe consacré par la République algérienne depuis l'indépendance », a encore souligné l'invité de la Radio. Et de rappeler que l'Algérie « est un État social qui a donné les soins qu'il fallait de façon gratuite ou par l'intermédiaire de la Sécurité sociale à tous les citoyens ».

Le Dr Berkani a également indiqué que « la gratuité des soins en Algérie était un acquis que les Autorités tiennent absolument à préserver ». En revanche, a argué le Dr Berkani, « il faudra non seulement assurer la continuité des soins de qualité pour les multiples pathologies émergentes, mais de guérir de ces maladies, comme le cancer, et s'en sortir avec cette qualité de soins apte à donner aux patients une qualité de vie qui soit appréciable ». Pour le président de l'Ordre des médecins praticiens, « si on n'atteint pas la guérison, on doit alors parler d'un accompagnement confortable dans la vie où le patient se sent suivi ou soulagé de sa maladie chronique », a-t-il argumenté. Il citera, entre autres, deux aspects majeurs pour lutter contre ces maladies, dites d'«usure» et qui ont tendance à inverser fatalement la courbe de l'espérance de vie en Algérie, à l'instar du diabète, de l'arthrose et de la fatigue cardiovasculaire. Par conséquent, a jugé le Dr Berkani, « il est impératif d'investir dans la prévention, suivie par des schémas thérapeutiques appliqués pour lutter contre ces pathologies », relevant que « ces maladies complexes n'ont pas de solutions radicales ».

La saignée se poursuit

Pour le président de l'Ordre des médecins algériens, « la responsabilité n'incombe pas au seul secteur de la Santé », notant que « la prise en charge de ces pathologies devra relever d'un plan multisectoriel en raison notamment du régime alimentaire, de l'hygiène de vie, de l'exercice physique et de certaines dispositions individuelles ou collectives pour se préserver de certaines affections sur le tard».

Par ailleurs, le Dr Berkani a déploré la saignée des praticiens dont souffre l'Algérie, « un pays, dit-il, qui forme des médecins de qualité, attirés malheureusement pas des pays européens, en particulier la France pour des raisons multiples à la fois professionnelles ou socioprofessionnelles ». Selon lui, « il est devenu nécessaire de donner espoir à ces médecins en confortant leur situation socioprofessionnelle via l'amélioration du régime indemnitaire dans les statuts particuliers (…) Cet exode de masse coûte chèrement à l'Algérie sur le plan économique et impacte notre situation médicale ». Toujours selon l'hôte de la Radio, « le pays a, certes, réussi le challenge de la formation médicale et paramédicale, mais de là à former pour les autres, cela commence à devenir pesant », a-t-il déploré, « surtout quand nos médecins deviennent corvéables, manœuvrables à souhaits, notamment au Canada, au lieu de rester dans leur pays pour rendre service à leurs concitoyens », a-t-il estimé. « Il est temps de mettre fin à ce hold-up de notre élite, les autorités politiques doivent s'y atteler sérieusement pour juguler cet exode », a-t-il conclu.