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200e jour d'agression et de massacres: Un génocide avéré à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Mardi, 200e jour de l'agression sioniste contre Ghaza, le nombre de victimes s'est élevé à 34.183 martyrs et 77.143 blessés, selon les chiffres rendus publics, hier, par le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a indiqué que l'occupation israélienne a commis, la veille, 3 massacres faisant 32 martyrs et 59 blessés.

Après 200 jours d'agression contre Ghaza, il ne fait aucun doute que l'entité sioniste avait, dès le 7 octobre 2023, l'intention de commettre un génocide. Les chiffres de l'impact de plus de 6 mois de bombardements montrent que l'étendue des dégâts, humains et matériels, occasionnés par l'armée israélienne, soutenue par les Etats-Unis et plusieurs autres puissances occidentales, n'a d'autre but que raser Ghaza et ses habitants de la carte de la Palestine occupée. L'armée israélienne a largué plus de 70.000 tonnes d'explosifs sur l'enclave (soit plus de 4.500 heures de bombardements), détruisant la grande partie de ses infrastructures civiles.

Selon les chiffres publiés par le Bureau des médias du gouvernement dans le territoire assiégé, marquant les 200 jours de l'agression, les attaques israéliennes ont détruit (totalement ou partiellement) : « 380.000 habitations, 412 écoles et universités, 556 mosquées, 3 églises, et 206 sites archéologiques et patrimoniaux ». A cela s'ajoutent : « 32 hôpitaux mis hors état de service » et « 53 centres de santé et 126 ambulances » détruits. Sans oublier les infrastructures de communications téléphoniques et de l'Internet. L'ampleur de cette destruction, au cours de laquelle l'entité sioniste a utilisé des dizaines de bombes de 1.000 kg, « représente au moins 30 milliards de dollars de pertes économiques », a ajouté le Bureau des médias à Ghaza.

Durant 200 jours d'agression, l'occupation israélienne a utilisé systématiquement l'arme de la famine et de destruction du système de santé, en annonçant, dès le 7 octobre, les coupures d'eau potable, d'électricité, et d'approvisionnement en carburants, ainsi que le blocage de l'entrée des aides humanitaires y compris des médicaments et des dispositifs médicaux.

Les bombardements se poursuivent

Hier, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements, aériens et d'artillerie, sur plusieurs zones du nord, du centre et du sud de l'enclave assiégée. Dès les premières heures de la journée de mardi, l'artillerie israélienne a lancé plusieurs obus sur différentes zones de la ville de Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza. Des bombardements d'artillerie ont visé le quartier d'Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, ainsi que la zone entourant Wadi Ghaza, au nord du camp de Nuseirat, dans le centre de l'enclave. Le camp Nuseirat a été soumis à des bombardements aériens et d'artillerie israéliens dès le début de l'agression. C'est également dans ce camp, et dans d'autres, qu'ont eu lieu de violents affrontements entre la résistance palestinienne et les troupes sionistes. Par ailleurs, la Protection civile de Ghaza a confirmé que les corps de 4 martyrs ont été récupérés, victimes d'un bombardement israélien qui a visé, la veille, une maison au nord du camp de Nuseirat.

Hier également, les bombardements israéliens ont ciblé les quartiers d'Al-Zaytoun, Jabalia et Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Le correspondant a également rapporté qu'un important incendie s'était déclaré dans le quartier d'Al-Zaytoun, à la suite des bombardements continus de l'artillerie israélienne.

Le correspondant d'Al Jazeera, Anas Al-Sharif, a rapporté le bilan d'un martyr et des blessées dans un bombardement israélien visant des Palestiniens attendant de l'aide sur la plage de Beit Lahia, au nord de Ghaza. Le journaliste a précisé que d'autres bombardements ont eu lieu hier à Beit Lahia, visant des habitations et des zones agricoles.

La même source a fait état de violentes frappes aériennes visant la zone d'Al-Mughraqa, et des maisons au nord des camps de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza. La ville de Ghaza a subi aussi plusieurs bombardements aériens visant la région de Juhr al-Dik. A Khan Younes, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, hier, que le nombre de corps de martyrs des charniers retrouvés à l'hôpital Nasser de Khan Younes, depuis dimanche dernier, est passé à 310 après la découverte de 35 autres corps.

Les sionistes bombardent des tentes à Rafah et menacent d'invasion

Tout en maintenant ses menaces d'invasion de Rafah, au sud de Ghaza, l'armée sioniste continue de bombarder cette localité. Hier, l'aviation a ciblé un campement de plusieurs tentes abritant des déplacés du nord et du centre de Ghaza, rapporte le journaliste Hani Esha'ir d'Al Jazeera. « Par miracle, il n'y a pas eu de victimes », affirme un citoyen. Les images d'Al Jazeera montrent des cratères géants laissés par les bombes. A propos de l'attaque envisagée sur Rafah, plusieurs organisations mondiales, ainsi que des pays, dont les Etats-Unis, ont mis en garde contre l'invasion de ce gouvernorat du sud de Ghaza qui accueille environ 1,5 million de déplacés dont 610.000 enfants.

Volker Türk, le Haut Commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme, a réitéré sa mise en garde « contre une incursion à grande échelle sur Rafah », affirmant que cela pourrait conduire à « de nouvelles atrocités et des crimes encore plus odieux ». Le même responsable s'est dit « horrifié » par « les informations faisant état de charniers à l'hôpital Nasser de Khan Younes ». De son côté, Majid Al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a déclaré mardi, qu'« aucune partie de la Communauté internationale ne peut accepter une attaque contre Rafah, qui souffre déjà ». Pour le Département d'État américain, une attaque israélienne terrestre sur Rafah « entraînera des dégâts civils excessifs ». « Nous ne pensons pas qu'il existe un moyen efficace d'évacuer 1,4 million de Palestiniens. Il n'existe aucun moyen de mener une opération à Rafah qui n'entraînerait pas de dégâts civils excessifs et n'entraverait gravement l'acheminement de l'aide humanitaire », a déclaré le porte-parole Matthew Miller.

Selon Stéfanie Dekker, correspondante d'Al Jazeera English à Al-Qods occupée, des «fuites» publiées dans «divers médias» américains font état de «plans israéliens visant à évacuer environ 1,4 million de Palestiniens de Rafah avant d'attaquer». «Cela va être extrêmement compliqué et cela va prendre deux ou trois semaines », ajoute la journaliste. Elle cite des « responsables égyptiens anonymes» qui «auraient déclaré que l'opération militaire pourrait durer jusqu'à six semaines». «Les Américains disent aux Israéliens de ne pas entreprendre d'opération à grande échelle, mais ils soutiennent une attaque à plus petite échelle et plus ciblée contre Rafah. Israël affirme que le Hamas dispose toujours de quatre bataillons opérant dans la zone et que la plupart des prisonniers israéliens y sont détenus. Mais vous avez 1,4 million de Palestiniens déplacés à l'intérieur du pays. Ces gens sont terrifiés par une incursion imminente à Rafah », écrit encore Stéfanie Dekker. Par ailleurs, citant des «responsables égyptiens anonymes informés du plan d'invasion israélien», The Wall Street Journal a rapporté, mardi, «qu'une opération d'évacuation, d'une durée de deux à trois semaines, serait menée en coordination avec les États-Unis et les pays arabes, notamment les Émirats arabes unis et l'Égypte».