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Adhésion de la Palestine à l'ONU: Veto américain à la résolution présentée par l'Algérie

par Mohamed Mehdi

Le dernier bilan annoncé, vendredi, par le ministère de la Santé à Ghaza, sur le nombre de victimes de l'agression israélienne, fait état de 34.012 martyrs et de 76.833 blessés. Ces chiffres incluent les 42 martyrs et les 63 blessés des précédentes 24 heures (jeudi), ainsi que les 71 martyrs et les 106 blessés des 7 massacres commis mercredi par l'armée sioniste.

Vendredi, 196e jour de l'agression contre Ghaza, l'entité sioniste a continué ses massacres en bombardant plusieurs régions de Ghaza. L'aviation de l'occupation israélienne a lancé deux raids sur le nord de la bande de Ghaza, a annoncé, vendredi, l'agence Wafa.

Le correspondant de Wafa a rapporté que les bombardements ont ciblé la zone d'Al-Sikka et une maison de la famille Al-Mabhouh, à l'est de Tal Al-Zaatar dans le camp de Jabalia, au nord de l'enclave. Le bilan de cette attaque, jusqu'à hier 14h GMT, était d'un blessé qui a été transféré à l'hôpital Kamal Adwan», précise la même source.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un bombardement israélien qui a visé la maison de la famille Al-Sar, dans le camp de réfugiés d'Al-Shati, à l'ouest de la ville de Ghaza, a fait au moins 4 martyrs et plusieurs autres blessés. Jeudi, la Protection civile à Ghaza a annoncé que ces équipes ont retrouvé les corps de 3 martyrs sous les décombres d'une maison familiale dans le quartier Sheikh Radwan, de la ville de Gaza, après un bombardement de l'aviation de guerre israélienne. L'attaque a fait au moins un blessé, et 9 autres personnes sont toujours portées disparues sous les décombres. «Les équipes travaillaient à la main, faute d'équipement adéquat», a précisé la même source. Selon des témoignages des habitants de la région, rapportés par Al Jazeera, la plupart des personnes qui se trouvaient dans la maison étaient des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le propriétaire de la maison, Mohammed al-Jazzar a affirmé que toute sa famille, y compris sa femme, ses enfants et ses petits-enfants, se trouvait dans la maison. «Nous n'avons pas encore pu les extraire des décombres. Mon fils est tombé en martyr il y a seulement 15 jours, et aujourd'hui, j'ai perdu toute ma famille», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a exprimé, jeudi, sa «vive inquiétude» quant à la sécurité de six de ses membres détenus auprès des forces sionistes. «Leur sort reste inconnu. Leurs familles et leurs collègues sont très inquiets pour eux, d'autant plus qu'ils savent qu'ils sont actuellement soumis à la torture et à l'humiliation, sur la base des témoignages de leurs collègues libérés», a indiqué le PRCS dans un message sur X.

«Nous reviendrons au Conseil plus forts»

Comme attendu, le projet de résolution présenté par l'Algérie, devant le Conseil de Sécurité, recommandant l'admission de l'Etat de Palestine «comme membre des Nations unies», a reçu un véto des Etats-Unis (le 2e après celui de 2011). Le projet a tout de même recueilli 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse).

«Nous reviendrons plus forts avec le soutien de l'Assemblée générale et des membres des Nations unies. Ce n'était, aujourd'hui, qu'une autre étape dans le cheminement vers l'adhésion à part entière de la Palestine», a déclaré, jeudi, l'ambassadeur Amar Bendjama, le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies.

Bendjama a appelé «ceux qui n'ont pas pu soutenir l'admission de l'Etat de Palestine aujourd'hui, à le faire la prochaine fois», estimant que «le soutien écrasant à l'admission de l'Etat de Palestine envoie un message, on ne peut plus clair : l'Etat de Palestine a une place légitime parmi les membres des Nations unies». Le diplomate algérien a, par ailleurs, exprimé sa «profonde» gratitude, au nom du Groupe arabe, de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et du Mouvement des non-alignés (MNA), à tous ceux qui ont voté en faveur de la résolution présentée par l'Algérie.

Par ailleurs, lors de son allocution avant le vote, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, a insisté sur la nécessité d'octroyer la qualité de membre à part entière à la Palestine afin de sauver la solution à deux Etats et préserver la paix, la stabilité et la sécurité dans tout le Moyen-Orient.

Ajoutant que «pour sauver la solution à deux Etats, avant qu'il ne soit trop tard, il faut octroyer la qualité de membre à part entière à la Palestine pour préserver la paix, la stabilité et la sécurité dans tout le Moyen-Orient».

Attaf a prévenu que «toute tergiversation ou hésitation dans la concrétisation de cette démarche sera lourde de conséquences et s'apparentera, dans la conjoncture actuelle, à un feu vert donné à l'occupation israélienne pour continuer à exécuter ses plans fondés sur le pillage et l'expansion, d'une part, et l'extrémisme et l'entêtement, d'autre part».

«Parler aujourd'hui de l'adhésion à part entière de l'Etat de Palestine à notre organisation onusienne c'est replacer la Cause palestinienne au centre et braquer la lumière sur son essence incontestable, indubitable et inaltérable», a dit M. Attaf. «Par essence, j'entends le droit historique légal et légitime des Palestiniens à l'établissement de leur Etat indépendant et souverain», a-t-il expliqué. «Par sa résistance, Ghaza a démasqué les visées et desseins apparents et sous-jacents de l'occupant israélien tendant à enterrer la Cause palestinienne et à saper son projet national authentique», a encore affirmé M. Attaf. «Nul n'ignore aujourd'hui que le génocide en cours à Ghaza, l'étranglement de la Cisjordanie, les politiques d'implantation de colonies, d'annexion des terres palestiniennes et de judaïsation d'El Qods occupée, les campagnes de déplacement forcé des Palestiniens et les dites «dispositions israéliennes pour l'après-guerre à Ghaza» participent d'un plan israélien plus large et plus dangereux» visant à «relancer et concrétiser le projet du Grand Israël à travers l'élimination des fondements de l'Etat palestinien et la destruction progressive de ses piliers essentiels», a-t-il prévenu.

«Passer outre la volonté américaine»

Le Hamas a condamné «la position américaine biaisée en faveur de l'occupation», estimant que le veto de Washington «l'isole de la volonté internationale», et appelant la Communauté internationale à «faire pression pour passer outre la volonté américaine et soutenir la lutte de notre peuple et son droit légitime à l'autodétermination». La présidence palestinienne a également condamné le veto américain le qualifiant d'«injuste, immoral et injustifié».

La Jordanie, l'Egypte, et l'Arabie Saoudite ont regretté l'échec du Conseil de sécurité à accepter l'adhésion de la Palestine à l'ONU. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a exprimé ses profonds regrets, estimant que le soutien de la Communauté internationale à la solution à deux États, «fait de la reconnaissance de l'État palestinien un devoir pour le Conseil de sécurité, afin d'empêcher Israël de continuer à priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à un État».

L'Égypte a appelé les parties internationales favorables à la paix à reconnaître l'État palestinien, appelant à «relancer le processus de paix, sur des bases sérieuses, conduisant à l'établissement d'un État indépendant, un État palestinien viable et contigu, sur les frontières de 1967, avec El Qods-Est pour capitale, vivant en paix aux côtés d'Israël».

Le ministre irlandais des Affaires étrangères a, lui aussi, exprimé sa déception du résultat du vote, affirmant : «Nous soutenons l'adhésion de la Palestine à l'ONU», et que «le moment est venu pour elle de prendre la place qui lui revient parmi les pays du monde».

Le représentant de la Chine auprès des Nations unies, a déclaré : «Aujourd'hui est un triste jour», ajoutant que «le rêve du peuple palestinien a été brisé».