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Agression sioniste: Israël a commencé à détruire Rafah

par Mohamed Mehdi

Au 165e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, correspondant au 9e jour du mois sacré de Ramadhan, le bilan des victimes du génocide a atteint 31.819 martyrs et 73.934 blessés, a annoncé hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a précisé que l'armée d'occupation sioniste a commis, durant les précédentes 24 heures (lundi), 9 massacres, faisant 93 martyrs et 142 blessés.

Hier, mardi, l'armée israélienne a continué ses bombardements sur le nord, le centre et le sud de Ghaza. Le nouvel assaut contre le complexe médical Al-Shifa continue pour la deuxième journée.

L'entité sioniste a libéré, lundi soir, le correspondant de la chaine Al Jazeera, Ismail Al-Ghoul, et plusieurs autres journalistes après les avoir détenus pendant 12 heures à l'hôpital Al-Shifa. Une autre journaliste palestinienne a été arrêtée hier en Cisjordanie occupée.

Les premiers bombardements de la journée d'hier ont commencé peu après minuit sur Jabalia, au nord de l'enclave, et Rafah, au sud. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un bombardement israélien a visé un entrepôt d'aide appartenant à l'UNRWA dans le camp de Jabalia, faisant 2 martyrs et plusieurs blessés.

Pour sa part, la chaîne satellite Al-Aqsa a déclaré que l'artillerie et les avions de l'occupation bombardaient violemment l'est du camp de Jabalia, entraînant plusieurs martyrs et des blessures, dont des enfants.

Un bombardement de la ville de Rafah a fait au moins 10 martyrs et d'autres ont été blessés dans le ciblage deux maisons et un appartement.

Les avions de l'occupation sioniste ont également mené deux raids ciblant les zones de Mussabah et Khirbet Al-Adas, au nord de Rafah, et un troisième dans le quartier d'Al-Jeneina, à l'est de la ville. La ville de Ghaza a été également le théâtre de violents bombardements visant plusieurs zones densément peuplées. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté le martyr de 15 Palestiniens dans un bombardement israélien visant une maison de la famille Muqbel dans le centre de la ville de Ghaza. Les quartiers de l'ouest ont été également soumis à des bombardements de l'aviation et de l'artillerie sionistes. Toujours selon Al Jazeera, ces bombardements ont fait plusieurs martyrs et des blessés.

Des bombardements d'artillerie ont également visé le camp Al-Shati à l'ouest de la ville de Ghaza, dès les premières heures de la journée de mardi.

Le journaliste d'Al Jazeera a également rapporté le martyr d'une femme ainsi que des blessés dans un bombardement israélien qui a visé des appartements résidentiels au carrefour Samer dans la ville de Ghaza.

Perte de contact avec les détenus à l'hôpital Al-Shifa

L'assaut de l'armée sioniste contre le Complexe médical Al-Shifa, dans le nord de Ghaza, s'est poursuivi mardi jusqu'à 8h GMT, avant le retrait des troupes sionistes qui ont continué à se positionner autour de l'hôpital, alors que l'artillerie et l'aviation de l'armée sioniste a continué de cibler les environs.

Le journaliste palestinien, Saïd Radwan, a déclaré à Al Jazeera que le contact a été perdu, depuis lundi soir, avec toutes les personnes détenues par les forces d'occupation, à l'hôpital d'Al-Shifa, ajoutant que l'armée ordonnait aux résidents à proximité de l'hôpital de quitter leurs domiciles.

Selon le correspondant d'Al Jazeera English (AJE), Hani Mahmoud, l'armée israélienne s'est retirée de l'intérieur du complexe médical d'al-Shifa «après avoir détruit la cour au bulldozer et mené une fouille agressive et approfondie».

«On nous rapporte qu'environ 150 personnes ont été arrêtées à l'intérieur de l'hôpital et qu'au moins 20 personnes ont été tuées, dont un haut responsable de la police (Faiq al-Mabhouh) de Ghaza qui coordonnait les contacts entre les notables des villes de Ghaza et l'UNRWA et avait réussi à assurer (sans incidents) la livraison de camions d'aide au cours des deux derniers jours à la ville de Ghaza et le nord de l'enclave». Selon Hani Mahmoud, l'assassinat de Faiq al-Mabhouh risque «d'entraîner le chaos». «Cela a brisé le sentiment de sécurité pour d'autres personnes afin de continuer à coordonner le travail pour acheminer l'aide dans ces zones».

Le journaliste d'AJE a confirmé que les frappes aériennes se poursuivaient, hier, dans les environs du Complexe Al-Shifa, précisant que deux immeubles situés à l'entrée nord de l'hôpital «ont été complètement détruits», ainsi qu'un troisième bâtiment et une mosquée, situés à l'ouest, ont été également bombardés.

Des dizaines de martyrs à Rafah

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a déclaré, mardi, dans un communiqué qu'Israël «a commencé à détruire Rafah sans l'annoncer, pour éviter les réactions internationales, et n'a attendu la permission de personne». Le document indique que les bombardements des forces d'occupation «se sont intensifiés de manière insensée depuis hier (lundi) et se sont concentrés à l'aube aujourd'hui (mardi) en ciblant des maisons à Rafah, faisant des dizaines de martyrs, de blessés et des disparus sous les décombres».

Le ministère considère cette «escalade» dans les «bombardements sanglants à Rafah» correspond au «début de l'extension des crimes de l'occupation» dans cette région du sud de Ghaza, «malgré la présence de plus d'un million de personnes déplacées (…), sans aucune considération pour les vies humaines et au mépris israélien officiel des demandes internationales (de ne pas envahir Rafah) et des exigences américaines de protéger les civils et de répondre à tous leurs besoins humanitaires».

En Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont arrêté la journaliste palestinienne Rula Hassanein, à son domicile dans la ville de Ramallah. L'ordinateur portable et le téléphone de Mme Hassanein ont été confisqués. Selon AJE, l'arrestation de Rula Hassanein porte à «environ 60 le nombre de journalistes détenus dans les territoires occupés depuis le 7 octobre». «Au moins 40 d'entre eux sont toujours en prison, et plus de la moitié sont détenus sans inculpation», ajoute la même source. La famille de Mme Hassanein a déclaré aux médias locaux qu'elle avait hésité à emmener son bébé de neuf mois, car elle allaitait encore, mais qu'elle avait finalement décidé de ne pas le faire. Mardi, les forces israéliennes ont continué à mener des raids dans toute la Cisjordanie occupée, notamment à Nablous, Qalqilya, Beit Lahm, Al Khalil et Jénine.

Un million Ghazaouis menacés de malnutrition aiguë

«Plus d'un million de personnes à Ghaza risquent de souffrir de malnutrition aiguë», selon Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui constate que «la situation de la sécurité alimentaire» de l'enclave «se détériore rapidement». La sécurité alimentaire dans l'enclave « s'est détériorée à un rythme et à une fréquence que nous n'avons jamais vus auparavant », a déclaré Bechdol à Al Jazeera. Bechdol a ajouté que «1,1 million de Palestiniens à Ghaza – environ la moitié de la population – sont actuellement classés au niveau cinq, ce qui est classé comme une catastrophe, pouvant conduire à la famine».

«Cela signifie que les ménages, à ce niveau particulier, souffrent d'un manque extrême de nourriture et ne sont pas en mesure de répondre à la plupart de leurs besoins fondamentaux», a déclaré Bechdol. « Les gens meurent de faim et sont confrontés à un risque considérablement accru de malnutrition aiguë et, à terme, de décès », dit-elle encore.

De son côté, Adele Khodr, la directrice régionale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, s'est dit choquée de «l'inaction du monde» devant la famine qui menace à Ghaza, et a demandé l'ouverture de «tous les points de passage» après qu'un rapport soutenu par l'ONU a mis en garde contre une famine imminente dans les parties nord de l'enclave.

«Les conclusions de l'IPC sur Ghaza confirment ce que nous annonçons depuis des mois, à savoir une famine imminente», a-t-elle déclaré dans un message posté sur X.

«L'inaction du monde est choquante alors que de plus en plus d'enfants succombent à une mort lente. Tous les postes frontières doivent être ouverts maintenant pour permettre un accès sans entrave à l'aide humanitaire», a-t-elle ajouté.

Le dernier rapport de l'IPC sur Ghaza, soutenu par l'ONU et publié le 18 mars, affirme que le nord de Ghaza «pourrait être frappé par la famine entre la mi-mars et le mois de mai», et que «plus de 70% des 2,3 millions d'habitants» de l'enclave sont confrontés à une «famine catastrophique».

Le document relève qu'environ «300.000 personnes restent bloquées dans le nord où les habitants en sont réduits à manger des aliments pour animaux par désespoir». «Au moins 27 enfants sont morts de malnutrition ces dernières semaines, Israël ayant bloqué l'acheminement de l'aide, y compris de la nourriture. Les premiers camions d'aide depuis des mois sont entrés dans le nord de la bande de Ghaza dimanche», affirme le rapport. Par rapport à l'analyse précédente de l'IPC de décembre 2023, l'insécurité alimentaire à Ghaza s'est «aggravée» et «étendue», et la tendance à la «malnutrition aiguë» est en «forte hausse».