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Tiaret - Un ramadhan à sec : une cellule de crise installée

par El-Houari Dilmi

Plus de 20% des quartiers de la ville de Tiaret n'ont pas reçu d'eau potable depuis plus de 15 jours, se jetant dans les bras des colporteurs d'eau qui vendent le précieux liquide jusqu'à 3000 DA la citerne de 2000 litres.

En effet, la crise aiguë de l'eau ne semble pas se dénouer, à la veille du mois sacré. Dos au mur surtout avec un mois où la consommation de l'eau est la plus importante de l'année, les autorités locales, à leur tête le wali, Ali Bouguerra, ont décidé de l'installation d'une cellule de crise au niveau du cabinet du wali. Alimenter la moitié des quartiers de la ville à raison de 1 jour sur 6 et le reste 1 jour sur 15, pour le premier responsable de la wilaya, la situation devient intenable.

En attendant l'arrivée des nouveaux forages de Tousnina et l'Oued Mina pour renforcer la production et la distribution d'eau potable d'ici la mi-ramadhan, la première mesure prise a été d'interdire aux bains maures et stations de lavage de puiser l'eau depuis le réseau public d'alimentation en eau potable. «S'ils veulent continuer à travailler, cela ne doit surtout pas se faire au détriment du citoyen privé d'eau depuis plusieurs jours; ils peuvent s'ils le souhaitent transporter l'eau par citernage pour approvisionner leurs bains maures et autres stations de lavage ». La deuxième mesure prise, a été celle du contrôle des colporteurs d'eau, qui louent leurs citernes de 3000 litres jusqu'à 5000 DA, sans parler des risques de maladies à transmission hydrique puisque l'origine de l'eau reste inconnue. Et avec cette situation presque jamais vécue par la population locale en matière de pénurie d'eau, des solutions radicales s'imposent comme l'accélération de la réalisation du projet d'alimentation de la wilaya de Tiaret en eau de mer dessalée à partir de la station d'El Macta (Oran). Sans citer de date précise, le premier responsable de la wilaya a parlé de « projet à moyen terme », ce qui laisse deviner que l'eau dessalée ne coulera pas dans le robinet de la ménagère tiarétienne avant une bonne période.

L'eau de mer dessalée est appelée à combler le déficit chronique en eau potable pour sept communes de la wilaya que sont Tiaret, Mahdia, Oued Lilli, Rahouia, Tidda et Sebt.

Pour rappel, la direction des ressources en eau de la wilaya de Tiaret a adopté un nouveau plan destiné à offrir de nouveaux apports en eau potable au profit des habitants du chef-lieu de wilaya. «Le programme porte, notamment, sur l'augmentation du volume d'eau potable destinée à la ville de Tiaret à partir de la station de pompage de Tousnina, à travers l'exploitation, dès cette semaine, de trois nouveaux forages d'un débit de 60 litres/seconde devant assurer, quotidiennement, un volume global de 5.000 mètres cubes», selon le directeur des ressources en eau.

Le même responsable a précisé que «cette démarche a été initiée en raison de l'approche du mois de Ramadhan, d'une part, et de la rareté de l'eau induite par une sécheresse persistante à laquelle est confrontée, depuis des années, cette wilaya des Hauts-Plateaux de l'Ouest». Le plan d'urgence devra porter aussi sur l'accroissement, dans un délai ne devant pas excéder un mois et demi, du volume d'eau potable mobilisée à partir de quatre puits profonds implantés dans la région de Sidi Ouadah, dans la plaine de la Mina, où quatre puits profonds devront également entrer en exploitation. Par ailleurs, les puits de 17 mosquées seront mis à la disposition de la population de la ville de Tiaret, à la faveur de la mise en œuvre de ce programme d'urgence, qui verra aussi la mobilisation au profit de l'Algérienne des eaux (ADE) de 19 camions-citernes, qui devront sillonner les quartiers de la ville « où la crise de l'eau potable est fortement ressentie », selon le DHW.