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«Viols» et «exécutions extrajudiciaires» de femmes et de jeunes filles palestiniennes: Des experts de l'ONU demandent une enquête

par Mohamed Mehdi

Au 136e jour, hier lundi, de l'agression sioniste à Ghaza, le bilan des victimes a atteint 29.092 martyrs et 69.028 blessés, a indiqué le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a ajouté que l'armée d'occupation israélienne a commis, durant la journée de dimanche, 9 massacres, faisant 107 martyrs et 145 blessés, précisant aussi qu'il y a des victimes sous les décombres et que l'occupation empêche les ambulances de la protection civile de les atteindre.

Lundi le bureau des droits de l'homme des Nations unies (OHCHR) a déclaré, dans un communiqué, qu'il existe des «allégations crédibles de violations flagrantes des droits humains dont les femmes et les filles palestiniennes continuent d'être soumises dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie». Le document signé par experts qui font partie des «procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme» de l'ONU, évoque des «viols» des «menaces de viols» ainsi que des «exécutions extrajudiciaires» de femmes et de jeunes filles à Ghaza. Le document, rendu public, hier, appelle à «une enquête indépendante, impartiale, rapide, approfondie et efficace sur ces allégations et à ce qu'Israël coopère à ces enquêtes».

Hier, également, la Cour internationale de justice (CIJ) a entamé des audiences publiques, qui se prolongeront jusqu'au 26 février, sur les «Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d'Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est». Ces auditions se déroulent au moment où le gouvernement israélien a voté à l'unanimité une décision d'interdiction aux Palestiniens de moins de 70 ans d'accéder à la Mosquée Al Aqsa durant le mois sacré de Ramadhan.

Lundi à Ghaza, au 136e jour de l'agression, l'armée israélienne a continué ses massacres en bombardant différentes régions de l'enclave assiégée, en particulier le centre et le sud de Ghaza.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, lundi, le transfert des corps de 5 martyrs à l'hôpital Abu Youssef Al-Najjar dans la ville de Rafah après qu'un bombardement israélien les a ciblés au sud de Khan Younes, au sud de Ghaza. La même source a également fait état de plusieurs blessés lors de bombardements effectués par des navires de guerre israéliens au large de Khan Younes.

A Deir al-Balah, dans le centre de Ghaza, un bombardement contre une maison à l'est de la ville a fait plusieurs victimes, des martyrs et des blessés Un correspondant d'Al Jazeera a signalé aussi des raids de l'occupation israélienne sur la rue Al-Jalaa, dans le centre de la ville de Ghaza.

Israël transforme les hôpitaux en casernes

Depuis le siège de l'hôpital Al-Shifa, du nord de Ghaza, au début de l'invasion terrestre, l'armée israélienne transforme tous les hôpitaux assiégés, après avoir été bombardés, en casernes. Le dernier en date c'est l'hôpital Nasser de Khan Younes, qui est encerclé depuis trois semaines, forçant ses occupants, des dizaines de blessés et de patients, ainsi que des milliers de déplacés qui y trouvaient refuge, à quitter les lieux.

Hier, le ministère de la Santé de Ghaza a déclaré que 25 membres du personnel médical et 136 patients du complexe médical Nasser, qui n'ont pas pu quitter l'établissement, sont toujours privés d'électricité, d'eau, de nourriture, d'oxygène et de moyens de traitement pour les cas difficiles.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé, de son côté, qu'elle poursuivait ses efforts pour évacuer les patients restants de l'hôpital de Khan Younes vers d'autres établissements, a indiqué hier un communiqué sur la plateforme Telegram. La même source rappelle que depuis des semaines, les forces israéliennes font des incursions dans l'hôpital et tirent des obus dans les environs, ce qui a entraîné la fermeture de l'ensemble des services.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté également que les forces d'occupation ont arrêté le Dr Nahed Abu Taima, directeur de l'hôpital chirurgical du complexe Nasser.

La même source a annoncé que des véhicules blindés israéliens sont entrés dans les environs de l'hôpital spécialisé algérien d'Abasan, à l'est de Khan Younes, au moment où se déroulaient de violents affrontements avec la résistance Palestinienne dans d'autres quartiers de la localité.

Nations Unies: Israël commet des violations contre les femmes palestiniennes

Hier, des experts des Nations Unies ont exprimé leur inquiétude face aux allégations documentées de violations flagrantes des droits humains contre les femmes et les filles palestiniennes dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie.

Les experts ont expliqué, dans un communiqué, que les informations qu'ils ont reçues indiquaient que des femmes et des filles palestiniennes étaient soumises à des «exécutions arbitraires» à Ghaza, «souvent aux côtés de membres de leur famille, y compris leurs enfants».

«Selon les informations reçues, des femmes et des filles palestiniennes auraient été arbitrairement exécutées à Ghaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants. Nous sommes choqués par les informations faisant état de ciblage délibéré et d'exécutions extrajudiciaires de femmes et d'enfants palestiniens dans les endroits où ils cherchaient refuge ou alors qu'ils fuyaient. Certains d'entre eux auraient tenu des morceaux de tissu blanc lorsqu'ils ont été tués par l'armée israélienne ou des forces affiliées», ont indiqué les experts.

Les experts ajoutent : «Nous sommes particulièrement affligés par les informations selon lesquelles des femmes et des filles palestiniennes en détention ont également été soumises à de multiples formes d'agressions sexuelles, telles que le fait d'être déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l'armée israélienne. Au moins deux détenues palestiniennes auraient été violées tandis que d'autres auraient été menacées de viol et de violences sexuelles». Les experts de l'ONU ont également noté que «des photos de femmes détenues dans des circonstances dégradantes auraient également été prises par l'armée israélienne et mises en ligne», indique le communiqué.

Les experts se sont dits préoccupés par la disparition d'un nombre indéterminé de femmes et d'enfants palestiniens, notamment des filles, suite à un contact avec l'armée israélienne à Ghaza. «Il existe des rapports inquiétants faisant état d'au moins une petite fille transférée de force par l'armée israélienne en Israël, et d'enfants séparés de leurs parents, dont on ignore où ils se trouvent», ont-ils déclaré.

Les experts qui font partie des «procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme», appellent à «une enquête indépendante, impartiale, rapide, approfondie et efficace sur ces allégations et à ce qu'Israël coopère à ces enquêtes». «Pris ensemble, ces actes présumés pourraient constituer de graves violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international, et constituer des crimes graves au regard du droit pénal international qui pourraient faire l'objet de poursuites en vertu du Statut de Rome», ont déclaré les experts.

Ramadhan : Mosquée Al Aqsa interdite aux moins de 70 ans

La décision, prise dimanche, par le gouvernement de l'entité sioniste visant à limiter l'accès des Palestiniens à la mosquée Al-Aqsa pendant le Ramadhan, avec une proposition du ministre d'extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, d'interdire l'entrée du troisième lieu saint de l'Islam aux personnes âgées de «moins de 70», a soulevé de nombreuses réactions en Palestine occupée.

Hier, le Conseil supérieur islamique de la fatwa en Palestine a mis en garde contre une «guerre de religion» à la suite du projet d'Israël d'interdire aux musulmans l'accès à la mosquée Al-Aqsa pendant le mois de Ramadan, rapporte l'agence de presse Wafa. Le Conseil a déclaré que cette décision visait à vider Al-Aqsa de ses défenseurs afin de mettre en œuvre un «plan de judaïsation», exhortant les dirigeants et les populations arabes et musulmanes à protéger la mosquée.

De son côté le «Comité supérieur de suivi des masses palestiniennes à l'intérieur de la Ligne verte» a déclaré que la décision équivaut à «une déclaration de guerre totale» et un «prélude à vider la Sainte Mosquée de ses fidèles».

Le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) a également dénoncé la décision de l'occupation israélienne de restreindre l'accès des Palestiniens à la mosquée d'Al-Aqsa pendant le mois de Ramadhan, la qualifiant de «crime sioniste».

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté hier que les forces d'occupation israéliennes ont pris d'assaut la ville de Jabal Mukaber, au sud d'Al Qods occupée, où elles ont mené une campagne d'arrestations massives, et ont forcé les jeunes hommes de la ville à signer un «engagement à ne pas entrer dans la mosquée Al-Aqsa pendant le mois de Ramadhan».

Selon le journal Yedioth Ahronoth, cité par Al Jazeera, le service de renseignement intérieur a averti contre des «troubles potentiels» suite à cette décision qui «unirait les musulmans contre Israël des deux côtés de la Ligne verte».