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Ali Bey Nasri, président de l'Anexal: «Quitter l'Accord d'association avec l'UE au profit de l'OMC»

par El-Houari Dilmi

«Ratifiée en 2002 et entré en vigueur en 2005, le constat est que l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE) est nettement au désavantage de l'Algérie, avec plus de 30 milliards de dollars de pertes fiscales», a déclaré, hier mardi, Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs Algériens (Anexal).

S'exprimant au micro de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Ali Bey Nasri, a indiqué que «de grandes erreurs d'appréciation ont été commises lors de la négociation de cet accord, notamment en rabaissant le taux moyen pondéré des droits de douanes, qui est passé de 32% à 18%», a-t-il affirmé. «En plus de la perte fiscale sèche de 30 milliards de dollars, l'Algérie a importé pour l'équivalent de 310 milliards de dollars en 15 ans, essentiellement de 4 pays, à savoir : la France (80 milliards), l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne qui représentent 72% du montant global des importations», a encore révélé le président de l'Anexal, précisant que «toute révision ou modification de l'Accord doit toucher ces 4 pays en premier lieu».

L'invité de la Radio a également expliqué que «malgré un réaménagement, à la demande de l'Algérie en 2010, des termes de l'Accord d'association, notamment dans ses articles 11 et 40 pour toucher 1.054 produits industriels et 37 positions tarifaires, l'Algérie n'a pas réussi à passer à l'offensive pour diversifier son économie, trop dépendante des hydrocarbures». «Il est impossible, voire aberrant pour notre pays d'établir des échanges équilibrés avec l'UE, premier exportateur mondial, la solution est celle de revenir au processus de Barcelone qui parle de l'établissement d'un partenariat global euro-méditerranéen pour faire de toute la Méditerranée un espace commun de paix, de stabilité et de prospérité au moyen d'un renforcement du dialogue politique et de sécurité, d'un partenariat économique et financier et d'un partenariat social», a argumenté le président de l'Anexal. «Ceci pour dire si l'Algérie tient ses engagements en matière de sécurité, sa part de prospérité est loin d'être assurée», a-t-il martelé.

«La démarche purement mercantile de l'Union européenne est très loin de l'esprit de Barcelone», a encore souligné Ali Bey Nasri, appelant à «l'urgence de renégocier un Accord basé sur le co-développement et de partenariat, profitable à toutes les parties». «L'Algérie a observé une pause, en 2016, pour évaluer l'Accord d'association avec l'UE, et proposé la révision de 108 clauses, mais ce qui est fondamental, c'est de renégocier l'Accord sur la base d'un vrai partenariat et un co-développement, et surtout les filières que notre pays veut développer pour booster ses exportations», a expliqué Ali Bey Nasri, pour lequel «il aurait été préférable pour l'Algérie de négocier directement avec l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) plutôt qu'avec l'UE». «L'Union européenne doit comprendre que l'Algérie nouvelle a une nouvelle politique économique qui préserve ses intérêts stratégiques», a affirmé le président de l'Anexal, se montrant favorable à l'application de l'article 107 sur la résiliation pure et simple de l'Accord, «pour aller directement négocier avec les pays de l'OMC, avec lesquels nous partageons 99% de nos échanges», a-t-il argumenté.

Qualifiant l'Union européenne «d'espace à géométrie variable», Ali Bey Nasri a cité l'exemple de la Roumanie «qui a multiplié par dix ses exportations vers l'Algérie depuis qu'elle a intégré l'UE». «Il est clair qu'un pays qui fait l'effort de ne pas aller à l'endettement extérieur et rationalise ses importations pour rester crédible vis-à-vis des marchés financiers internationaux, gêne des intérêts de l'autre côté de la rive de la Méditerranée», a-t-il conclu.