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Le volume des déchets ménagers stagne en ce début de Ramadhan: L'inflation bouleverse les habitudes de consommation des Oranais

par Sofiane M.

Les poubelles ne débordent plus en ce début du mois sacré à Oran et ses périphéries. Un fait exceptionnel par rapport aux années précédentes qui enregistraient, durant cette même période, une progression massive des volumes des déchets domestiques, en raison de la hausse de la consommation alimentaire durant le mois sacré. Les chiffres sont là pour prouver le changement radical, dans les habitudes de consommation des Oranais. L'inflation insoutenable des prix des denrées alimentaires, ces quatre dernières années a, finalement réussi là où la sensibilisation avait longtemps échoué. La cherté de la vie a, ainsi, bouleversé, fatalement, nos habitudes de consommation. «Le volume des déchets ménagers stagne en ce début du mois sacré. Nous collectons en moyenne 1.600 tonnes de déchets, par jour, dans les trois centres d'enfouissement technique de la wilaya.

Le CET du groupement d'Oran reçoit, quotidiennement, 1.300 tonnes de déchets. Il n'y a pas eu de hausse dans les volumes de déchets collectés, comparativement, à la période qui précède le Ramadhan», confie la directrice de l'EPIC de gestion des centres d'enfouissement technique de la wilaya d'Oran, Mme Dalila Chellel. Les volumes des déchets ménagers, qui devaient, habituellement, triplé durant ce mois sacré, ont, à l'inverse, chuté de 66% par rapport à la même période des années précédentes. Si certains se réjouissent, d'ores et déjà, du recul du gaspillage alimentaire, d'autres estiment que cette baisse sévère est un signe d'avertissement à prendre au sérieux. Il s'agit d'un point de non-retour pour les habitudes de consommation des Algériens. Les ménages se trouvent contraints de rationaliser leur consommation alimentaire pour faire face à la cherté de la vie. C'est, de prime abord, une bonne nouvelle, mais le risque est que si l'inflation insoutenable des denrées alimentaires se poursuivait quelques années de plus, des pans entiers de la société vacilleraient dans la pauvreté. Ils sont, de plus en plus d'Algériens, qui sont sous-alimentés en raison de la hausse continue des prix de nombreuses denrées alimentaires.

Les pauvres consommateurs assistent à une flambée générale des prix et presque aucune denrée alimentaire n'échappe à cette frénésie. Les viandes rouges ou blanches, les fruits, les poissons? sont inaccessibles pour les petites bourses. Le pouvoir d'achat des couches moyennes est carrément dévoré par l'inflation. Le plus inquiétant est que les pressions inflationnistes ne se limitent pas aux prix des denrées alimentaires. Les consommateurs paient plus cher tous les autres services et prestations (électricité, eau, transport, loyers, habillement?).

Les chiffres ne mentent pas et nous pouvons voir l'Algérie de demain à partir de ses poubelles. La rudologie, qui est l'étude systématique des déchets, a montré qu'on pouvait, grâce aux poubelles, collecter des indicateurs réels et directs des comportements et des conditions concrètes de la vie domestique de la population. Ce recul du pouvoir d'achat des Algériens intervient, malheureusement, dans un moment où le gouvernement concocte une nouvelle loi de Finances qui prévoit de nouvelles taxes.