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Fausses querelles d'ONGistes

par Mahdi Boukhalfa

Dans les milieux des ONG et activistes de la défense des droits de l'homme, les dernières expulsions de migrants subsahariens d'Algérie sont devenues du pain béni pour dénoncer des opérations entachées d' «irrégularités». Un appel a même été lancé par ces ONG, dont la LADDH, pour que l'Etat mette un terme à ces expulsions. Dans un document rendu public il y a deux jours, ces défenseurs et militants des droits de l'homme, ainsi que des acteurs de la société civile, ont lancé un appel pour dénoncer fermement les «opérations d'expulsion arbitraires» ayant ciblé des milliers de migrants subsahariens, parmi lesquels des personnes en «extrême vulnérabilité». L'appel de ces ONG algériennes fait suite à d'autres appels d'ONG internationales qui ont stigmatisé les expulsions massives de migrants subsahariens ou leur refoulement vers leurs pays d'origine.

En fait, le débat sur le traitement de ces migrants subsahariens en Algérie, dont des réfugiés gérés par le HCR, mérite plus que jamais d'être élargi à toutes les institutions, autant celles officielles que les acteurs de la société civile, les ONG et, plus globalement, des représentants mêmes de ces migrants. Souvent l'Algérie est épinglée par ces mêmes ONG internationales, dont Amnesty ou HRW, non pas pour avoir organisé le retour des migrants en situation irrégulière ou accusés de délits, mais pour avoir au contraire arrêté et expulsé dans des conditions suspectes ces migrants. En fait, l'Algérie aux yeux de ces ONG organise mal les opérations d'arrestation et de refoulement des Subsahariens, ce qui en l'espèce est une évidente atteinte aux droits humains de ces personnes.

Il ne faut pas se voiler la face, il y a des abus dans ces opérations d'expulsion, des entorses au respect des droits et de la dignité humaine de ces Subsahariens, dont beaucoup se sont intégrés dans la société algérienne et ils le clament haut et fort. Mais, tous n'ont pas comme objectif de rester en Algérie et cela tout le monde le sait, autant les autorités algériennes, les mains liées par des accords internationaux avec les pays de la rive nord de la Méditerranée ou avec l'UE, que les milieux des ONG. Et là, ni Amnesty ni HRW, les deux organisations de défense et de protection des droits de l'homme les plus actives au Maghreb et dans le monde, doivent faire plus pour que ces migrants quand ils arrivent de l'autre côté de la Mare Nostrum ne soient pas non seulement refoulés, mais internés et mis dans des camps où les droits humains sont souvent bafoués.

Là aussi, sur la rive nord, il y a violation des droits humains des migrants et donc le problème de la prise en charge de ces Subsahariens, qui ont fui la misère, les guerres, la famine, les persécutions ou les guerres ethniques, dans leurs pays respectifs, n'est pas tant de verser des larmes de crocodile sur leur sort quand ils sont refoulés du pays, mais de proposer des solutions alternatives. Des solutions qui puissent aider à les prendre en charge, à les soulager de leurs malheurs, à les assister le cas échéant à leur retour dans leurs pays, à les aider à s'intégrer dans la société algérienne, à leur assurer une formation. Le Croissant rouge algérien (CRA), qui a organisé plusieurs opérations de rapatriement, ne peut être soupçonné d'une quelconque mauvaise intention ou d'avoir violé les droits des Subsahariens. Dans son dernier rapport sur l'état des droits de l'homme en Algérie, le département d'Etat avait relevé que (l'Algérie) a consacré, via le CRA, «3,8 millions de dollars supplémentaires à la garantie des droits de l'homme des migrants lors des opérations de rapatriement».