Le mauvais
arrangement des genres par nos responsables, notamment celui qui consiste à
prendre la population pour des enfants, qu'on peut calmer avec un petit bonbon,
parfois rien qu'avec des paroles pour « pousser le wagon », comme on dit chez
nous, s'enfonce dans un lamentable style pédagogique. C'est le ministre du
Commerce en poste qui a récité la leçon, apprise de ses prédécesseurs. Avant le
ramadhan, le ministre garantissait à tour de caméras que cette année, au mois
de ramadhan, il n'y aura pas de flambée des prix des produits de large
consommation. Il y a une disponibilité à profusion des légumes et fruits, et il
y a également ces fameux marchés de la rahma, où la
vente directe du producteur au consommateur permettra de garder un équilibre
des prix durant cette période réputée pour ses mauvaises sautes d'humeur. D'un
air qui inspire, donc, la tranquillité de quelqu'un qui maîtrise son sujet, le
ministre soutenait que « non, il n'y a pas lieu, du tout, de craindre une
flambée des prix durant le ramadhan 2018 ». Il avancera même que, mieux que ce
tout ce qui a été fait sur ce plan des tentatives de maîtrise des prix, son
département est paré pour toute urgence, en se dotant d'un tableau de prix des
différentes denrées alimentaires, à travers toutes les wilayas, affichés en
temps réel, et à la moindre poussée de fièvre sur un quelconque produit, il y a
l'intervention immédiate des agents qui vont chercher le pourquoi de la hausse
du prix et remédier à la situation, selon la cause du mal. Cela pousse au
sourire en coin des experts financiers et économiques. Un plan pratiquement irréalisable.
Et on comprend mieux aujourd'hui, après cinq jours de jeûne, que le ministre ne
faisait que temporiser pour laisser passer le nuage. La conjoncture n'a pas
dérogé à la règle, car la flambée des prix était au rendez-vous dès le premier
jour, et ne reste des belles paroles du ministre qu'un faible écho, presque
imperceptible. Malgré tout, le ministre est revenu à son show pour dire aux
grands enfants que nous sommes, que les prix vont baisser au bout de deux ou
trois jours du ramadhan, le temps que les agriculteurs fassent leur récolte et
inondent le marché. Au fond, le ministre ne nous apprend rien de nouveau, c'est
la rengaine de tous les ramadhans que les prix vont baisser au bout de la
première semaine. Un discours qui ne rassure plus personne, pas même les
enfants. On aurait été convaincu des bonnes intentions si le ministère, ou les
autorités du pays, s'en sont allés au soutien réel de la baisse des prix à
travers un accord avec les commerçants sur un effacement d'une partie, ou
réduction, des impôts qu'il faille répercuter sur les prix, comme cela a été
fait dans un pays occidental, chez les chrétiens, pour aider les musulmans qui
vivent chez eux. Et puis, les prix étant libres, il fallait juste comprendre,
et admettre que c'est une affaire de mauvaise conscience des commerçants. En
activité dans le secteur de gros ou de détail ? Un bout de la vérité.