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Simple numéro d'écrou

par Moncef Wafi

Le dernier rapport de l'organisation italienne de défense des droits des prisonniers, Antigone, concernant les conditions d'incarcération des détenus arabes en Italie braque de nouveau la lumière sur les Algériens emprisonnés dans les geôles un peu partout dans le monde, particulièrement en Europe et dans les pays arabes.

Qualifiant ces conditions d'inhumaines, le rapport évoque notamment des cas de suicide, un Algérien faisant partie des victimes recensées durant le premier trimestre de cette année, chez ces détenus singulièrement vulnérables à cause de la langue et des circonstances du quotidien carcéral.

Ce constat édifiant du reste ne fait que confirmer le statut des Algériens à l'étranger, généralement peu ou prou assistés par les représentations diplomatiques nationales.

Les exemples sont nombreux, et il serait fastidieux de les énumérer ici, mais la réalité est telle que de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette inertie diplomatique quand il s'agit de porter assistance à un ressortissant algérien en situation délicate quelque part dans le monde. En Espagne, en France, en Irak, au Maroc ou encore en Libye, la situation est la même, ne change que le nom des pays.

Nonobstant les réclamations, les scandales liés à la prise en charge des problèmes de leurs compatriotes par des diplomates algériens en poste à l'étranger, rien n'a été fait dans le sens de l'amélioration de l'image de marque du pays. La situation est d'autant plus dramatique lorsqu'il s'agit de détenus algériens à l'étranger. Le rapport accablant, rédigé en 2014 par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) à propos de ces derniers, reste malheureusement d'actualité.

La ligue a accusé l'Etat de se confiner dans le silence et de tourner le dos aux problèmes «que vivent ses ressortissants à l'étranger notamment les détenus». Le même constat est établi également concernant les Algériens expulsés d'Europe dont le nombre a atteint 7.835 personnes en 2015. Là encore la LADDH avait condamné la façon «inhumaine» de la déportation et des mauvais traitements subis par les Algériens, encouragée par le silence complice des autorités algériennes.