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71ème Festival de Cannes - JAMBON FARSI

par Notre Envoyé Spécial À Cannes : Tewfik Hakem

Javier Bardem et Pénélope Cruz réunis à nouveau dans un thriller psychologique écrit et réalisé par l'Iranien Asghar Farhadi. Everybody Knows, a fait l'ouverture du Festival de Cannes.

Tapis rouge garni et cinéphilie flattée, la fête peut commencer. Pour une ouverture on ne pouvait rêver mieux que ce film parfait, à tous points de vue, pour incarner l'esprit du Festival de Cannes. Un film européen, en langue espagnole, mais avec un titre en anglais international, réalisé par l'Iranien Asghar Farhadi, cinéma d'auteur de luxe, mais est porté par le glamour du couple de stars mondiales, Javier Bardem et Pénélope Cruz. Dans Everybody Knows, Javier Bardem joue le rôle d'un vigneron qui va retrouver, après tant d'années, son ex-petite amie (Penélope Cruz, bien-sûr) qui revient au village natal pour assister au mariage de sa sœur. Elle revient avec ses enfants mais sans son mari qui est resté en Argentine. Les festivités du week-end de fête vont être bouleversées par un drame familial, l'enlèvement avec demande de rançon de la fille de Laura Pénélope Cruz? Ce huitième film d'Asghar Farhadi, l'auteur d'Une séparation, est un thriller psychologique où l'on retrouve les thèmes chers au réalisateur : la séparation des amants, la disparition des êtres chers, les retrouvailles impossibles. Cinéaste de l'intime, l'Iranien sonde le temps d'une journée de mariage qui tourne au drame, les malentendus, les secrets et les ressentiments qui nourrissent les protagonistes de ce film?

Everybody Knows est un grand film, comme on dit. Grand par sa mise en scène d'une précision absolue, par son casting royal (en plus du couple Bardem/Cruz ne pas oublier Ricardo Darin) et grand par sa capacité à rendre hommage aux anciens maîtres du cinéma tout en les désacralisant, en même temps. Car c'est bien de cela qu'il s'agit avec Farhadi, il ne rend, ici, hommage à Robert Altman et à son Wedding de référence que pour bien nous montrer qu'il peut faire, encore mieux que la référence. La virtuosité d'Asghar Farhadi n'est jamais tape à l'œil pour autant, on ne pourra pas lui chercher des poux de ce côté-là. Indiscutablement Everybody Knows est un grand film. Techniquement et artistiquement. Et tant pis si c'est un grand film sans risques, une énième version de la pièce maîtresse du maestro iranien par des joueurs espagnols de talent. Everybody Knows est un grand film pour le Festival de Cannes. Un grand film qu'on applaudit fort et qu'on oublie vite.

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Né en 1972, Asghar Farhadi qui a suivi des études de théâtre de Téhéran a connu ses premiers succès populaires en réalisant pour la télévision des séries documentaires comme Histoire d'une ville. En 2003 il réalise son premier film au cinéma Danse dans la poussière, suivi par le très acclamé «Les Enfants de Belle Ville». Sa consécration internationale vient avec sa troisième réalisation, «La Fête du feu» primé au Festival international du film de Chicago en 2006. A partir d'«A propos d'Elly», un voyage d'un groupe d'Iraniens au bord de la mer Caspienne qui tourne à la catastrophe, il enchaîne les films et collectionne les prix «Ours d'argent» du meilleur réalisateur à Berlin en 2009. Deux ans plus tard avec son merveilleux film «Une séparation», il décroche «l'Ours d'or» et les Prix d'interprétation féminine et masculine pour l'ensemble de la distribution. Succès populaire planétaire des plus inédits, ce film reçoit par ailleurs «le Golden Globe», «le César» et «l'Oscar» du meilleur film étranger. En 2013, le Festival de Cannes a réussi à débaucher ce réalisateur enfant terrible du Festival de Berlin et présente son premier film tourné en dehors de son pays en sélection officielle «Le Passé», tourné en France et très majoritairement en langue française avec Ali Mossafa, Bérénice Bejo et Tahar Rahim. Bérénice Bejo reçoit le Prix d'interprétation féminine pour son rôle de mère de famille recomposée en perte de repères. Le gouvernement iranien accorde au film sa permission pour représenter l'Iran aux Oscars. Il revient à Cannes des ans plus tard et remporte le prix du scénario pour son film «Le Client» qui vaut également à Shahab Hosseyni le prix d'interprétation masculine5. Le film reçoit également l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en l'absence du réalisateur. Ce dernier boycotte alors la cérémonie en raison des restrictions de visas, décidées par l'administration Trump, à l'encontre de certains pays musulmans dont l'Iran.

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