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Ténès: La recherche scientifique vue par un physicien installé au Japon

par Bencherki Otsmane

Ayant appris la présence à Té       nès pour quelques jours du physicien et chercheur M. Banat venu rendre visite à sa famille, après une absence de plus de 10 ans, notre journal s'est approché de cette éminente matière grise connue par ses travaux de recherche sur les « turbulences interfaciales » et également par la mise au point d'un mécanisme permettant de transporter dans un même pipeline deux fluides distincts dérivés du pétrole, pour en savoir ce qu'il est devenu après une assez longue éclipse. Il faut dire que le parcours de M. Banat n'a pas été de tout repos. En effet, après une formation universitaire, M. Banat exercera en tant qu'enseignant à l'université d'Oran avant de rejoindre la France (Toulouse) où il brillera par ses nombreuses découvertes dans la biomécanique, la thermo-hydraulique, les écosystèmes, etc.

Fin 85, M. Banat décide de quitter la France pour s'installer au Japon où là également il trouvera un terrain propice et favorable pour entamer d'autres travaux toujours en relation avec le nucléaire. Il est également très sollicité par de nombreux pays où il participe à des colloques scientifiques dont le dernier celui qui s'est tenu en Malaisie. En parallèle, il assurera au Japon la formation de docteurs dans le domaine des hautes technologies notamment nucléaire, venus du monde arabe et de l'Asie (Chine, entre autres). Le chercheur toutefois gardera un mauvais souvenir de la France qui le tiendra à cœur et n'a pas hésité à en parler. A ce sujet, M. Banat dira: « En provenance de Tokyo et à destination d'Alger et lors de mon escale à l'aéroport Charles-de-Gaulle à Paris, j'étais maltraité voire malmené par des agents de la police des frontières (PAF) malgré que je leur ai présenté mes documents et dévoilé ma fonction en tant que personne appartenant à la communauté scientifique internationale, c'est d'ailleurs à la suite de cela qu'il y a eu acharnement sur ma personne ». Et de souligner à ce sujet qu'au « Japon contrairement à la France le climat de travail pour toute personne, indépendamment de sa race, de sa couleur ou de sa religion et désireuse de prouver sa compétence en matière de savoir et d'innovation trouve un terrain favorable à ses ambitions ».

Invité de donner son point de vue sur la recherche de haut niveau en Algérie, M. Banat dira « j'estime que pour l'heure mon pays a besoin surtout de la maîtrise de la technologie de base pour assurer le fonctionnement et surtout la maintenance des unités industrielles ». Toutefois, précise le physicien, «il est aussi indispensable pour l'élite intellectuelle algérienne d'être au diapason du progrès scientifique réalisé à travers le monde». Quant au transfert de technologie des pays développés vers les pays sous-développés, M. Banat avouera de ne pas y croire d'autant plus les détenteurs des nouvelles technologies ne sont pas prêts à « offrir » leur savoir à autrui et de recommander de faire confiance aux Algériens en leur créant une atmosphère favorable pour y travailler loin de toute contrainte. Très fier d'appartenir à l'Algérie, M. Banat dira en substance « malgré les offres alléchantes qui m'ont été proposées pour opter pour une autre nationalité que la mienne, j'ai toujours conservé celle de mes parents qui se sont sacrifiés pour que mon pays vive libre et indépendant ». Agé aujourd'hui de 67 ans, M. Banat garde toujours un espoir pour qu'un jour son pays se hisse au podium des nations les plus développées.