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Une inertie coupable

par Moncef Wafi

Les accusations du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) sont graves. Très graves même du moment qu'il dénonce ce qu'il appelle une véritable mafia des campus et affirme que l'argent de l'Etat alloué à l'université ne sert en réalité que quelques personnes. Le coordinateur du CNES, Abdelmalek Rahmani, n'aura fait en fin de compte que mettre le doigt sur le mal qui gangrène le pays et impacte négativement tous les secteurs d'activité. L'Etat a mis l'argent, apportant ses contributions financières mais en l'absence de tout contrôle en aval, la place a été laissée aux prédateurs de tous bords de se sucrer organisant une razzia digne des mille et une nuits. Les exemples ne manquent pas et le CNES n'hésite pas à les donner, mais encore une fois on est toujours dans la configuration stérile du constat.

Si le CNES croit avoir joué son rôle en tirant la sonnette d'alarme sur les graves dysfonctionnements qui ternissent l'image de l'université algérienne, en dehors des détournements cités, le gouvernement, derechef, ne devra pas réagir comme à ses habitudes en face d'un scénario pareil. Et c'est cette inertie qui décourage les bonnes volontés d'aller de l'avant et de vouloir que les choses changent dans le bon sens. Cette absence de réaction politique rogne les actions de la justice plombée par sa proximité avec le pouvoir exécutif. Le CNES évoque également des décisions irréfléchies de la tutelle, prises sans concertation avec les professionnels et les partenaires sociaux. Cette unilatéralité dans l'action semble être le plus grand mal de ce gouvernement qui continue de naviguer à vue.

Les exemples sont légion et ces cas de figure se répètent inlassablement comme si aucune leçon n'est tirée des échecs consommés. Les ministres décident et mettent tout le monde devant le fait accompli provoquant des réactions en chaîne qui finissent toujours par un bras de fer dont la première victime est le citoyen. L'abrogation de la retraite anticipée et ses risques de débordement en est la meilleure illustration et cette tendance à l'autisme du gouvernement est loin d'être le parfait modèle de gouvernance. Le gouvernement ne peut ignorer que le temps du parti unique que certains nostalgiques rêvent de voir revenir est révolu. Plus que jamais, l'Algérie a besoin de dialogue entre ses enfants, d'un retour à la paix sociale remise en cause par des décisions insoupçonnées. Loin de toute démagogie inutile, il est aussi temps que les ennemis de l'Algérie, où qu'ils soient, soient confondus et traduits en justice.