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Que réserve l'après-reconquête de Mossoul ?

par Kharroubi Habib

L'objectif qui pour l'heure soude les forces qui participent à l'offensive militaire en cours pour reconquérir la ville de Mossoul, dernier grand fief en Irak de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique, est celui qu'il leur faut parvenir à en chasser les combattants de celle-ci. Mais il apparaît déjà que ce but atteint, le front anti-Daech constitué pour mener la bataille de Mossoul se dissoudra car chacun de ses composants va tenter d'imposer son propre projet de guerre pour lequel il s'est engagé dans l'offensive.

Officiellement, la reconquête de Mossoul est une opération qui est menée sous l'autorité du gouvernement de Baghdad qui entend ramener la ville dans le giron de l'Etat qu'il dirige et la contribution des soutiens dont bénéficie l'armée irakienne pour pouvoir y parvenir se limiterait à lui apporter le surcroît de puissance de feu pour être en mesure de briser la résistance des combattants de Daech. Sauf que l'on sait que d'âpres enjeux sont en cause derrière l'opération engagée pour sa libération de Daech qui provoqueront d'inéluctables confrontations entre ses «libérateurs». Cette perspective a acquis force de certitude chez les observateurs avertis sur les calculs qui guident l'engagement de chacun d'entre eux dans l'opération de reconquête de la ville.

Ils ne voient pas en effet comment la ville une fois débarrassée de ses occupants Daech, les miliciens chiites, sunnites, les peshmergas kurdes et les troupes turcs n'essayeront pas chacun de tirer profit de la victoire. Chacune de ces parties s'estime en effet avoir le droit de dicter à qui reviendra le contrôle de la ville. Une prétention que les milices chiites présenteront comme s'imposant par le fait qu'ils agissent sous le contrôle et l'autorité du gouvernement de Baghdad. Les milices sunnites au nom du principe que la majorité de la population de la ville est de leur obédience religieuse, les peshmergas kurdes parce que pour eux Mossoul ferait historiquement partie de la partie kurde, les Turcs enfin qui s'estiment avoir un droit de regard sur ce qui se passe dans cette région de l'Irak.

Il apparaît clairement au vu de ce succinct rappel que la libération de Mossoul va soulever des problèmes dont la solution ne sera pas aisée à trouver et que la population de la ville n'est pas près de revoir la paix s'instaurer qui lui permettrait de reprendre le cours de la vie normale qui a été le sien avant de tomber sous le joug de Daech. Les Occidentaux dont on ne dira jamais assez qu'ils sont la cause première de la tragédie et du chaos que subit l'Irak se démènent pour censément dégager une solution à l'après-Daech à Mossoul et en Irak en général. Sauf que s'étant distingués par l'ambiguïté de leurs rapports avec les protagonistes du conflit irakien, ils ont perdu la confiance des uns et des autres. Ils sont les moins bien placés de ce fait pour contribuer à la solution du problème irakien sauf à cesser d'attiser les haines et les convoitises de ses protagonistes. Ce qu'ils ne cesseront de faire car c'est la condition «sine qua non» pour la réalisation de leur propre machiavélique agenda pour ce pays et la région.