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Tizi Ouzou: Conflit entre villageois autour de la répartition des eaux de source

par Naït Ali H.

Depuis quelques jours, un conflit autour de la répartition de l'eau potable provenant des sources des montagnes du Djurdjura oppose des habitants des quatre villages dans la commune d'Ililtène (70 km à l'est de la wilaya de Tizi Ouzou). Certes, le problème date depuis 1974, mais le climat est très tendu comparativement aux précédents épisodes, de l'avis même des habitants de la région. A l'origine de la résurgence de ce conflit le sabotage par des inconnus du répartiteur d'eau qui desservait les villages en question, à savoir Azrou, Iguefilene, Tifilkout et Taghzouth. Cela a eu comme conséquence le non-respect de l'accord portant répartition des quantités d'eau au profit des habitants de ces quatre villages. Se sentant lésée dans cette répartition, chacune des deux parties, à savoir les habitants de Tifilkout et Taghzout, d'une part, et ceux d'Iguefilène et d'Azrou, de l'autre, réclame le droit de jouissance sur ces sources à partir desquelles elles sont alimentées. La conduite en question avait été érigée depuis 1974 par les services hydrauliques de la wilaya après le captage de pas moins de 14 sources. Et déjà en 1994 le problème avait resurgi suite aux accusations des habitants d'Iguefilène et d'Azrou à l'encontre de leurs voisins de Tifilkout et Taghzout sur un prétendu détournement de l'eau de 13 sources à eux seuls par l'installation d'une autre conduite de manière illégale. En 2015, le même problème a failli provoquer l'irréparable entre les deux parties n'était-ce la médiation des habitants des autres villages d'Ililtène. Dernièrement, le contentieux a refait surface suite à la décision prise par les habitants d'Iguefilène de récupérer l'une de ces sources, à savoir Alma El Aïnceur localisée sur un terrain propriété de l'un des habitants de leur village. Le secrétaire général de la wilaya, les responsables des services hydrauliques, des députés et autres cadres ont été dépêchés sur les lieux le 8 juin dernier pour tenter de trouver les solutions au conflit mais en vain. Les parties en conflit ont été également conviées à une réunion pour lundi passé au siège de la wilaya. Mais la situation est restée tendue et le président de l'APC, Ouramdane Azzoug, a rompu son silence autour de ce conflit, avant-hier, en rendant publique une déclaration dans laquelle il avertit que «ce problème de répartition d'eau entre les quatre villages, qui a eu à éclater au grand jour, des dizaines de fois, depuis 1973, n'a toujours connu que des solutions provisoires qui n'arrangent personne. Ce qui n'a fait que l'agrandir pour devenir aujourd'hui une bombe qui pourra éclater à n'importe quel moment et qui pourra engendrer des dégâts dépassant de loin ceux connus dans l'affaire de Ghardaïa». Comme il rappelle que «depuis août 2015, après l'apparition du différend engendré par la pénurie d'eau, nous n'avons cessé d'essayer de trouver une solution équitable qui arrange tout le monde, tout en sermonnant l'administration à appliquer les lois de la République, notamment la loi n°05-12 du 04 août 2005, relative à l'eau». Le maire accuse l'administration d'avoir «choisi les mauvais arrangements» et que «face à la sourde oreille de l'administration, nous avons installé une commission composée de tous les autres comités de villages qui ne font pas partie du conflit, engagé un bureau d'études spécialisé pour proposer une nouvelle répartition équitable entre les quatre villages; nous avons aussi intervenu à chaque fois, sans moyens, pour procéder aux réparations des dégâts occasionnés aux sources et aux conduites; nous avons même refait une nouvelle répartition plus équitable sur notre propre initiative, tout cela en l'absence du secteur concerné et sous une pression énorme des populations». Ouramdane Azzoug poursuit sa déclaration en révélant que «des gens mal intentionnés dont certains sont des élus du peuple ont aussi essayé de manipuler des personnes pour des fins inavouées» avant de s'interroger : «Est-ce que des forces occultent n'alimentent pas ce problème pour provoquer un embrasement généralisé ?». Pour conclure sa déclaration, le maire d'Ililtène considère que «maintenant que la situation s'est aggravée, il est plus que jamais temps que l'Etat mette les moyens nécessaires pour appliquer la loi et le faire savoir à toute la population. Faute de quoi, l'administration assumera les conséquences». Il est à noter que le groupe des élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou a demandé la convocation d'une session extraordinaire de leur assemblée pour débattre de cette affaire. Et que des représentants du comité du village Tifilkout ont été reçus la semaine écoulée par le P/APW, M. Mohamed Klaleche.