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Cap sur les législatives

par Kharroubi Habib

A moins d'impondérables dont une aggravation de la situation sociale pourrait en être à l'origine, les élections législatives vont être le grand rendez-vous politique appelé à reconfigurer la scène politico-partisane nationale.

La révision constitutionnelle opérée par le pouvoir est censée avoir apporté des garanties qui feront que le processus électoral et le scrutin se dérouleront dans la transparence et la régularité. Il se pose alors à l'opposition qui a émis réserves et doutes sur la validité de ces garanties la question de l'attitude à adopter : soit la participation à la compétition électorale malgré la crainte qu'elle nourrit d'un scrutin qui sera entaché de fraude en dépit des réaménagements faits dans la loi électorale, soit se résoudre à son boycott pour la raison que ceux-ci n'ont pas été ceux qu'elle a revendiqués et que donc sa participation ne ferait qu'offrir une caution démocratique à des élections pipées.

La question est au centre des débats qui animent les réunions et rencontres des états-majors partisans de cette opposition. Elle a déjà causé un divorce au sein de la composante de la CNLTD. C'est en effet au constat qu'entre son parti Jil El Jadid et les autres formations membres de la CNLTD il y a divergence irréconciliable que Soufiane Djillali a claqué la porte de cette instance. Partisan du refus de la participation électorale selon les règles imposées par le pouvoir, Soufiane Djillali aurait tenté de convaincre ses alliés dans la CNLTD d'opter pour le boycott du scrutin. En vain puisque selon lui certains d'entre eux semblent disposés à y prendre part bien qu'ils ont dénoncé le caractère fallacieux des garanties censées avoir été apportées par la révision constitutionnelle.

Au sein de l'autre pôle d'opposition qu'est le parti du changement dont Ali Benflis est le chef de file la question doit probablement faire également débat. Elle n'a pas pour autant eu l'effet clivant entre les composantes de ce pôle qu'elle a eu au sein de la CNLTD. Il y a pour cela d'abord la raison que le parti du changement rassemble des formations qui à quelques nuances près ont en commun le même ancrage doctrinal et qu'elles partagent la conviction que le changement auquel le pays aspire passe par la mise en place d'institutions par le biais du suffrage universel qui doit bien entendu s'exprimer en toute transparence et régularité.

Il y a ensuite que ce pôle de l'opposition tout en estimant que les règles du jeu électoral mises par le pouvoir restent sujettes à caution est tenté d'entrer dans la compétition au vu qu'il dispose d'un capital d'adhésion et sympathie populaire dont le pouvoir ne peut minorer l'ampleur sans discréditer la sincérité du scrutin qu'il clame avoir mis à l'abri de la fraude et du tripatouillage électoraux.

Cela tant, tant pour la CNLTD que pour le pôle du changement coordonné par Benflis, l'heure a sonné de la clarification de leur position sur la question de la participation ou non à la prochaine échéance électorale. N'ayant pu forcer le pouvoir à donner suite à leurs revendications sur les garanties qui doivent assurer la régularité des élections, ils vont devoir se positionner clairement car n'ayant plus à espérer que ce pouvoir va entendre les réserves et doléances qu'ils ont formulées et continuent à déclamer dans leurs communiqués et déclarations.