L'Euro-2016, qui coïncide avec le ramadhan, déclenche des passions dans les pays arabes, mais aussi des disputes familiales autour de la télécommande entre amoureux du football et inconditionnels des feuilletons télévisés, très regardés durant le mois de jeûne. De Koweït à Tunis, en passant par Dubaï et Le Caire, l'Euro est vécu avec enthousiasme. Chacun a un favori et c'est l'Allemagne, championne du monde en titre, qui l'emporte dans de nombreux pays. C'est le cas au Koweït, selon un sondage Ipsos. La Mannschaft a son club officiel de supporters qui se réunissent dans un restaurant pour suivre les matches de leur équipe favorite sur écran géant. Au Caire aussi, les cafés se sont préparés à l'Euro avec souvent les drapeaux des pays en compétition accrochés à l'entrée.

"L'Euro est une haute saison pour nous", déclare Mohamed Saied, un patron de café. "C'est un tournoi qu'on attend tous les quatre ans pour remplir" l'établissement. Mais la concomitance cette année avec le mois de jeûne du ramadhan perturbe un peu ses calculs. Car "certaines rencontres sont jouées de jour, d'autres au moment de la rupture du jeûne, ce qui réduit la fréquentation". C'est le cas aussi à Tunis, où la plupart des cafés sont fermés durant la journée du fait du ramadhan. Le match du soir débute quelques minutes après la rupture du jeûne, un moment que les Tunisiens passent là aussi dans leur écrasante majorité en famille.

«Sport favori»

Les principaux médias audiovisuels du pays ont toutefois intégré cela, notamment le fait que la compétition pouvait contribuer à augmenter leur audience en journée, à côté des traditionnels feuilletons diffusés en abondance et très suivis pendant le ramadhan.

"On s'attend à une belle bataille autour de la télécommande dans les foyers entre ceux qui veulent regarder les séries du ramadhan et ceux qui souhaitent suivre l'Euro en attendant la rupture du jeûne", indique à l'AFP le patron d'une des principales chaînes tunisiennes. Seuls BeIn et les chaînes de télévision françaises sont utilisées pour suivre la compétition, mais les principales chaînes tunisiennes ont prévu des émissions spéciales quotidiennes pour commenter et analyser les rencontres.

 Dans la ville cosmopolite de Dubaï, bars et restaurants ciblent une clientèle de choix: les expatriés, nombreux à y vivre. Pour l'occasion, une grande tente a été dressée par l'un de ces établissements sur la plage et les amateurs y suivent la compétition debout ou attablés autour d'une chicha. A Koweït, regarder l'Euro est un moyen de répondre à la frustration d'avoir vu leur équipe nationale - "les Bleus" comme les Français - être privée de qualification pour la Coupe du monde 2018 sur décision de la Fifa qui dénonce les "interférences du gouvernement dans le sport". "Les Koweïtiens sont passionnés de football. C'est leur sport favori. Mais comme le championnat local est sans éclat et que le pays ne peut pas participer aux qualifications de la Coupe du monde, l'Euro est suivi avec passion", explique Salman Aouad, ancien entraîneur de l'équipe de première division Al-Salmiya. "L'Allemagne va l'emporter contre l'Espagne en finale", prédit sans aucun doute l'un des nombreux supporters koweïtiens de la Mannschaft, Abbas Sistani. L'Allemagne a beau avoir les faveurs de l'opinion arabe, pour l'instant au niveau du jeu, avantage Espagne.