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La fraude, elle n'est pas qu'à l'école !

par Moncef Wafi

La deuxième session du Bac 2016 débute aujourd'hui et les appréhensions les plus légitimes accompagneront son déroulement sur cinq jours vu la vague de fraude qui a caractérisé sa première phase. En effet et au-delà de l'aspect pédagogique intrinsèque, les interrogations sur les mesures sécuritaires prises se posent sérieusement.

Si le ministère de l'Education nationale cherche à rassurer sur le bon déroulé des examens, affirmant à qui veut le croire que toutes les mesures ont été prises pour éviter le scénario du premier bac, la question sur l'infaillibilité de ce dispositif hautement sécuritaire est sur toutes les lèvres d'autant plus que la ministre Benghebrit n'avait de cesse de reposer toute sa stratégie sur un plan répressif de tous instants. Fouilles, brouillage de la 3G alors qu'on évoque la suspension purement et simplement de tous les réseaux sociaux pendant la durée du bac. D'autre part, l'enquête sécuritaire qui se poursuit n'a toujours pas divulgué ses secrets et l'opinion publique d'attendre ses conclusions et surtout l'identité des commanditaires de ces fuites de sujets.

Qu'en est-il alors de la thèse du complot ourdi par les milieux islamo-conservateurs brandie par Sellal et les défenseurs zélés de la ministre ? Les syndicats autonomes de l'éducation au même titre que les Algériens concernés de près ou de loin par cet examen exigent que soient révélés les noms des vrais sponsors de cette fraude à grande échelle. Est-on réellement en face d'un complot ? Et si oui, comme l'affirme le Premier ministre, quelles sont les motivations de ses parrains et pour qui roulent-ils ? Des points d'interrogation qui doivent trouver réponse et ne plus se contenter de lancer des accusations sans apporter un début de preuve. Le gouvernement est ainsi mis devant ses responsabilités et doit convaincre les Algériens qu'il peut être garant de la sécurité intérieure car ce qui s'est passé est grave pour qu'il soit confiné au seul règlement de compte avec la ministre.

Ces fuites, quelle que soit leur origine, suggèrent des manquements flagrants dans le système sécuritaire national et portent un sérieux coup à la crédibilité du maillage sécuritaire. En dénonçant une atteinte à la sécurité interne du pays, le gouvernement doit se poser la bonne question sur un dispositif sécuritaire transpercé et ses limites. Pourtant, au lieu de fanfaronner sur un bac hautement sécuritaire, il aurait été plus judicieux de s'attaquer à la culture de la triche en milieu scolaire et sensibiliser les élèves en amont. Un vœu pieux dans une Algérie où la culture de la fraude est institutionnalisée au plus haut degré dans les rouages de la République.