Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Au fil des jours : Communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Vendredi 3 juin 2016 :

La presse revient sur la «lettre ouverte» signée de Omar Boudaoud, Ahmed Doum et Ali Haroun (mercredi 1er juin) qui regrettent que «la Révolution et ses symboles» sont ces derniers temps «malmenés avec des atteintes aux figurent emblématiques de la lutte de libération» qui «ont culminé avec les attaques dirigées contre des personnalités historiques (et contre les chefs d'hier et d'aujourd'hui de l'ANP) qui se sont exprimées sur la situation que vit leur pays» . Autres temps, autres mœurs ! Il faut bien qu'après plus de cinquante ans de silences forcés ou de vérités édulcorées sur l'histoire du pays et de ses hommes, l' «écriture» exulte... certains rédacteurs tirant dans tous les coins et d'autres haineux, mais, au moins, offrant aux publics plusieurs sons de cloche. La carte, au lieu de menus toujours trop bien faits pour ne pas être douteux !

Le tribunal correctionnel de Paris abrite un procès inédit intenté par Abdelaziz Bouteflika au journal Le Monde. Le président accuse le quotidien français de diffamation suite à la publication de sa photo, le 5 avril, dans le cadre du scandale des Panama Papers...alors que cela ne le concernait pas. Il a donc jugé que la publication du Monde relève de la diffamation. Pour calmer la colère des Algériens, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, avait adressé une lettre, jeudi 7 avril, à l'ambassadeur d'Algérie en France, dans laquelle il lui exprimait «à nouveau » ses «regrets » pour le «rapprochement malencontreux » avec Abdelaziz Bouteflika, dont le nom «n'est pas mentionné » dans les fichiers des Panama Papers.

Pour les autorités algériennes, l'association du scandale Panama Papers avec l'image du président Bouteflika a porté atteinte d'une manière gratuite au prestige et à l'honneur de ce dernier. «Aucun Algérien n'acceptera de voir ainsi vilipendé son président», a affirmé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le 10 avril, alors qu'il venait de recevoir en audience son homologue français Manuel Valls.

C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir en avril 1999 qu'Abdelaziz Bouteflika décide d'attaquer en justice un journal étranger pour un article le concernant. Et français de surcroît. Lui qui affectionnait particulièrement les médias français auxquels il avait accordé d'innombrables entretiens, notamment au cours de son premier mandat entre 1999 et 2004.

Dimanche 5 juin 2016 :

Lors de la 19è tripartite, Abdelmalek Sellal, Premier ministre a, nous dit la presse, «asséné ses vérités». «Bien que l'Algérie soit toujours debout... la situation qu'elle traverse est difficile... grave». La situation est donc dure, vraiment dure et «les contraintes sont réelles avec des lendemains incertains»... Cela serait dû, entre autres, aux mentalités qui, selon lui, bloquent les décisions du gouvernement et empêchent leur traduction sur le terrain. Ainsi, pour lui, «chaque Algérien a un Etat dans sa tête... et les blocages n'obéissent à aucune logique»... Tout cela en fournissant des chiffres «optimistes» : un taux d'inflation «stabilisé» à 4,11%, des importations en baisse de 13,07% et encore 136,9 md usd dans les caisses...De quoi faire rêver le citoyen et baver les «affairistes»...

Le chaud et le froid en même temps, sachant bien que le citoyen lambda ne retient d'une telle communication que ce qui pourrait l'arranger à court terme.

Un stratégie déroutante que l'on retrouve chez le Pdg de Sonelgaz qui, depuis des années, à chacune de ses grandes sorties médiatiques, nous «menace» directement, par le biais de chiffres époustouflants, ou de manière feutrée, d'une nouvelle augmentation des tarifs... certainement pour pousser à moins consommer d'énergie durant le mois de ramadhan... ou pour préparer l'opinion à une nouvelle tarification...ou pour se prémunir de toute éventuelle «accusation» de «mauvaise» gestion.

Face à ces démarches, il y a celle plus vraie, peut-être parce plus «jeune», donc défendant des idées (même les plus irréalisables en l'état, tant le système est pesant ) bien plus que des positions, présentée, déjà depuis 2013, par le collectif Nabni...qui voudrait que l'on arrête de parler de financement des déficits, mais beaucoup plus de croissance, de nouveau modèle économique et de gouvernance (transparence des opérations, suivi indépendant des mises en œuvre, accès à l'information publique....)

Trois intervenants : le gouvernant, le gestionnaire, des citoyens éclairés. Trois approches, trois démarches communicationnelles... et, en face, une quatrième, encore insaisissable, adoptant la «stratégie du bélier» et de «chasseur de sorcières», ne ratant aucun «couac» et «tirant dans tous les coins»...Faire très vite avant que les réserves de change disponibles ne soient toutes dépensées ?

Lundi 6 juin 2016 :

Fuites des sujets du bac : Le Pt dénonce une «opération criminelle» ; la ministre N. Benghebrit parle d'opération «qui vise à détruire le pays». Vérités toutes crues, convergence forcée ou excès de langage face à la crise... le politique et le technocratique gouvernemental se rejoignant ... pour une fois. Il est vrai que les deux chefs de file sont des...femmes qui, presque toujours, ont été la cible des attaques de tous ceux (dans les partis politiques, dans certains médias, sur les lieux de travail comme sur les bancs des assemblées, comme dans les syndicats, comme dans certaines rues...) qui n'aiment pas, mais alors pas du tout, voir des femmes aux commandes, en tout cas les voir s'exprimer librement et imposer des démarches. Et, encore moins décider.

Ce qui est à noter, c'est surtout la violence du propos... compréhensible, car à la hauteur du contenu des attaques. Et, l'on sait qu'en plus de leur intelligence et leur subtilité, les femmes, surtout lorsqu'elles sont agressées, ont l'avantage (sic !) d'être «sans pitié». Réaction normale, naturelle d'un être humain n'acceptant pas ou plus la méchanceté des hommes (ces encore grands enfants !), la gratuité des gestes... et la bêtise humaine. La communication politique au féminin... un nouveau sujet de recherche scientifique universitaire ?

Mardi 7 juin 2016 :

«Le football reste plus que jamais un lieu de brassage mais, en même temps, il est le premier lieu du nationalisme, du moralisme et de l'identité nationale. Il y a quelque chose d'artificiel dans tout ça : un jeu de positionnements et de symboles, tout cela en raison du fort impact médiatique de ce sport. Dès lors, il faut le considérer comme un reflet de nos angoisses de nos passions, versatiles et contradictoires» (Yvan Gastaut, historien français, in El Watan, Entretien ). La presse et ses journalistes... les politiciens... et leurs amis en sont conscients. D'ailleurs, l'information sportive est largement exploitée, aujourd'hui, aussi, par les analystes politiques. Ainsi, Zlatan Ibrahimovic, l'attaquant suédois du Paris Saint-Germain, interviewé par... Le Monde (Svp !). Et, ses petites phrases font le «buzz» : il assure «qu'il aidait plus la France que le président François Hollande». Rien que ça ! Il ajoute : impopulaire François Hollande ? «J'aide beaucoup ce pays et je peux rendre François Hollande populaire si je veux», mais «je ne sais pas si j'en ai envie». Voilà ce qui va plaire à Sarkozy et consorts... mais pas beaucoup aux extrémistes de droite qui vont voir derrière tout ça, une «ingérence» ou un «coup» des «bicots» et des islamistes. Avec un nom pareil, pas étonnant! De plus, son actuel patron est un «arabe», non ? Non, un Qatari milliardaire !

Mercredi 8 juin 2016 :

Décidemment, l'Afrique politique ne cesse de nous étonner. Cette fois-ci, mais déjà depuis plusieurs décennies, la faute incombe à la mondialisation (cette «invention diabolique des pays occidentaux anciennement colonialistes ou impérialistes honteux», pour paraphraser les nationalistes et les gauchistes sourcilleux, qui pousse aux dérives facilitant toutes les exploitations... mais à reculons. Les enfants -de préférence les garçons- qui succèdent aux papas ou aux grands frères, on en a vu (le monde arabe donnant, il est vrai, l'exemple), des fi-filles qui deviennent conseillères du père Président, ou qui font du business, aussi. Des premières dames qui font la pluie et le beau temps dans le sérail, on en a vu. Le président ougandais, au pouvoir depuis 30 ans, réélu pour un cinquième mandat de cinq ans en février, après avoir promu, tout récemment, son fils, général de division commandant des Forces spéciales (on ne sait jamais !) vient de frapper «un grand coup»... en nommant son épouse, ministre de l'Education et des Sports dans un gouvernement... de 80 ministres et secrétaires d'Etat. L'art de noyer la ficelle dans une grosse pelote. Elle était trop grosse pour que l'on s'en aperçoive pas !

Jeudi 9 juin 2016 :

Amar Ghoul, le ministre chargé du Tourisme (entre autres secteurs) annonce que des «mesures d'obtention de visa seront «bientôt» facilitées pour les étrangers afin de promouvoir la destination Algérie». Ne seront donc concernés que les éventuels (et encore bien rares, il faut l'avouer) touristes... ou alors cette mesure va-t-elle concerner tous les demandeurs, dont les journalistes et même les «curieux». Face à des problèmes difficilement solubles car toujours traités, depuis des lustres, de manière «éparpillée» et transformés en forteresses imprenables par la bureaucratie nationale et locale, diplomatique, sécuritaire, administrative... il n'est pas certain qu'elle puisse voir le jour rapidement (lire l'analyse de Mahdi Boukhalfa du samedi 11 juin). En fait, ces choses-là ne se clament pas lors d'inaugurations. Elles se «font». Et, elles réussiront dès l'instant où l' «étranger», quelles que soient sa nationalité et sa confession, est vu et compris comme un atout et non comme un «autre», comme un «ennemi» venu «manger notre pain» ou nous «voler» je ne sais quel secret. Et, que nos gouvernants donnent l'exemple... en ne demandant pas (trop) de visas pour aller passer des vacances (ou investir) à l'étranger.

Vendredi 10 juin :

Rumeur persistante à Marseille : l'Iran va investir 500 à 600 millions d'euros dans l'équipe de l'OM actuellement à la recherche d'un acheteur. L'exemple du Psg (propriété, en fait, du Qatar) va-t-il faire tache d'huile... sauf si c'est une histoire de sardine ayant bouché le port de Marseille. Ce qui est certain, c'est que l'Iran, qui revient doucement mais sûrement (pour faire oublier tous ses anciens «dérapages» et les jugements de valeur le visant) sur la scène internationale, étudie sérieusement sa stratégie de promotion (dont la commerciale) de l'image du pays à l'extérieur... Iran Air étant le soutien principal. Real-politik !

Mardi, un incendie (volontaire ?) a totalement détruit un foyer d'accueil de réfugiés (6000 m2 pour 282 personnes) à Düsseldorf (Allemagne). Cause : une querelle entre musulmans... à propos des horaires et des quantités des repas servis...Une image bien dégradante pour la communauté musulmane. Heureusement, au même moment, les funérailles (ainsi qu'une commémoration, interconfessionnelle ) de la légende de la boxe, en présence de près de 16.000 personnes admises, Mohamed Ali, montraient un Islam pacifique, pacifique et tolérant...aux Etats Unis... Will Smith, Mike Tyson, Lennox Lewis ont porté le cercueil et Bill Clinton a prononcé l'éloge funèbre. Seul bémol, le président turc Edogan qui voulait déposer sur le cercueil un morceau de l'étoffe qui recouvre la Kaâba...Il a «pris la mouche» après le refus des organisateurs et est parti plus tôt que prévu.

On dit qu'aucun représentant de la France n'était présent.

A l'ouverture des travaux de la session ordinaire du comité central du PT, Louisa Hanoune s'en est pris, entre autres, au «silence imposé aux officiers généraux... à la retraite» (avant-projet de texte réglementaire adopté récemment en Conseil des ministres). Pour elle, de la «discrimination des plus étranges» tout en «comprenant parfaitement l'obligation de réserve», affirme-t-elle. «Pourquoi veut-on empêcher ces gens -comme les anciens présidents ayant précédé Bouteflika et tous issus de l 'armée- de s'exprimer et de contribuer au développement du pays ?». Elle a oublié que Boumediene est mort depuis bien longtemps, Chadli aussi... et Zeroual n'est pas un grand bavard. Il est vrai que son silence est bien plus parlant que tous les écrits ou discours.

A suivre