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Deuxième session du BAC: Quelles garanties contre la fraude ?

par Yazid Alilat

La question taraude tout le monde, et surtout les responsables du ministère de l'Education nationale, à commencer par la ministre Nouria Benghebrit: cette session du Bac se déroulera-t-elle sans fraude ?

La session de rattrapage du Bac 2016, prévue à partir d'aujourd'hui et jusqu'à jeudi, donne déjà des vertiges aux responsables du ministère, mais également du pain sur la planche aux autres secteurs, en particulier celui des Services de sécurité, mais également du ministère de la Poste et des PTIC, peut-être appelé à verrouiller les réseaux sociaux, source de fuites massives, lors de la session normale.

Pour cette session de rattrapage, ils sont donc 557.000 élèves, sur les 818.518 de la session normale, qui vont refaire partiellement leur Bac. C'est pratiquement une autre session du Bac qui sera organisée, cette fois-ci, avec des mesures de sécurité draconiennes, selon les responsables du ministère. Techniquement, cette session est organisée de manière à ce que les élèves repassent les épreuves entachées de fraude dans les mêmes centres d'examen que la session normale. Les retardataires de la 1re session sont, également, autorisés à refaire les épreuves qui ont fait l'objet de fuites. «C'est une décision de la ministre, qui les a autorisés à refaire les épreuves, sans distinction entre retardataires ou absents», indique-t-on au ministère. Mais, «ceux qui ont triché ne sont pas concernés. Il y a un PV signé par l'élève et donc c'est une triche confirmée et traitée par un dossier administratif», avait assuré le SG du ministère, dans une déclaration à la radio algérienne, assurant que «les épreuves seront accessibles», et que les épreuves de «Maths, Physique et Sciences nat se feront au rythme d'une par jour, le reste des matières sera aéré pour que les élèves les passent dans des conditions acceptables». Les épreuves débuteront à 09h00, Ramadhan oblige. D'autre part, on assure, cette fois-ci, au ministère qu' «?il n'y aura pas de fraude, ni de fuite». «Tous les moyens et mesures ont été pris, avec des mesures nouvelles draconiennes, pour réussir cette session partielle», affirme-t-on, encore, de sources proches du ministère.

Cette session de rattrapage va, donc, se dérouler sous très haute surveillance, avec une intervention directe sur les réseaux sociaux, qui devraient être momentanément bloqués à la veille de l'examen, et dans les premières heures du déroulement des épreuves. Même la tentation de couper l'Internet et d'isoler l'Algérie du reste du monde était une option, encore non tranchée, la ministre de l'Education nationale étant, selon des sources proches du MPTIC, favorable à cette solution. Mais là, la question interpelle les plus hautes autorités de l'Etat, y compris le ministère de la Défense nationale, car on ne peut couper l'Internet que face à une menace de catégorie 1, c'est-à-dire qui met en péril la sécurité du pays. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal y avait fait allusion, lors de son intervention pour dénoncer la fraude massive, au Bac 2016. Or, une attaque cybernétique contre le Baccalauréat, peut-être considérée comme une atteinte à la sécurité nationale et donc une coupure momentanée de l'Internet, n'est pas à exclure. Toute la question est de savoir qui sera l'autorité qui décidera d'une telle démarche extrême. La solution médiane serait de ralentir le débit, mais avec les résultats que l'on sait.

Un véritable casse-tête, d'autant que la diffusion, jeudi, de faux résultats du BEM sur les réseaux sociaux est une alerte, grandeur nature, de possibles attaques contre le Bac, sur les réseaux sociaux, et pas particulièrement sur Facebook, Instagram ou Twitter, car il y a la possibilité de fuites, à partir des OTT (Over The Top, qui désigne l'ensemble des services de streaming, de vidéo à la demande, de la VoIP comme Viber et Skype et des TV connectées comme l'Apple TV). Bref, le fait est que le BAC 2016 est devenu un cauchemar pour le ministère de l'Education nationale, qui veut terminer, sans un autre scandale, cet examen. Car l'enquête, toujours en cours, des services de sécurité a permis de débusquer des fonctionnaires de l'ONEC (Office national des examens et concours), qui ont été placés sous mandat de dépôt, et l'arrestation d'une dizaine de personnes, dont des chefs de centres d'examen. Beaucoup estiment, en réalité, que la session du BAC 2016 a fait l'objet d'une attaque cybernétique en règle via les réseaux sociaux. D'autres estiment que la fuite est intentionnelle mais que la menace n'est pas réelle sur la sécurité informatique du pays. Dans toute cette pénible situation, seuls les candidats, et ils sont des milliers, qui ont bien travaillé dans les épreuves touchées par les fuites, sont les plus à plaindre. Les résultats de ce mouvementé RAC 2016 devraient être annoncés le 15 juillet prochain.