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Tout plaide pour une solution acceptable: Vers la fin de la grève des cheminots ?

par Abdelkrim Zerzouri

Hormis quelques trains lancés sur le rail, pour assurer un service minimum, notamment sur les lignes de la banlieue d'Alger, le trafic ferroviaire était toujours paralysé, hier vendredi, au 6e jour de la grève des conducteurs de train (entamée le dimanche 8 mai). Des tentatives d'actionner des trains, sous la conduite des cadres (ayant grade CTRA), ont été avortées lorsque des grévistes se sont installés sur le rail, bloquant toute circulation de trains sur la voie ferroviaire. Et l'horizon reste encore sombre malgré les initiatives de dialogue engagées par la direction générale et la centrale syndicale UGTA, qui s'est finalement penchée sur ce conflit dont les développements mènent, chaque jour un peu plus, vers le pourrissement. De sources syndicales, on a appris que les membres de la Coordination nationale des tractionnaires se sont réunis, avant-hier, au siège de la centrale syndicale avec le responsable de l'organique, pour discuter des revendications des mécaniciens et, surtout, de la représentativité syndicale de cette catégorie de travailleurs. On sait pertinemment que les mécaniciens refusent de se placer sous la tutelle de la Fédération nationale des cheminots, elle-même installée d'une façon temporaire en attendant la tenue du congrès s'y rapportant, exigeant dans ce sens une représentativité syndicale qui jouit de son ??autonomie'' pour la catégorie des mécaniciens. Et toujours selon nos sources syndicales, il semble que le chargé de l'organique de l'UGTA, après concertation avec les grévistes, a «accepté le principe de création d'une Confédération nationale des tractionnaires». «Un important gain sur le plan moral», estiment nos interlocuteurs, car cela ouvrirait les portes aux mécaniciens de négocier directement avec la direction générale autour des points de revendication relevant de cette fonction qui se distingue nettement des autres sections, dont les infrastructures, les ateliers et même le personnel roulant mais qui n'est pas à la commande des machines. Sur d'autres plans, la situation n'a pas trop évolué, demeurant au stade de l'acquis relatif à l'étude confiée à un expert pour arriver à un repositionnement des mécaniciens selon le niveau d'études exigé, et les autres points de la plateforme de revendications des tractionnaires, en l'occurrence la majoration des vendredis et des jours fériés à 100%, application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, majoration de la prime kilométrique et prime de surveillance de lignes, seront examinés lors des prochaines négociations de la convention collective. «Impossible d'aller plus loin dans les conditions actuelles», relèvent des cadres de la SNTF. Et vraisemblablement, les grévistes qui ont bien compris cet état de fait cherchent une voie, la meilleure, pour suspendre leur mouvement de grève, surtout après l'intervention de la centrale syndicale.

Ainsi, estiment nos interlocuteurs, «la fin de la grève est toute proche». Bien évidemment, les grévistes sont toujours «attachés à leurs revendications, mais on chercherait maintenant à obtenir «des garanties immédiates» pour la révision de leur situation professionnelle. De son côté, la direction générale fait remarquer qu'il y a 36 sections professionnelles pour l'ensemble des travailleurs de la société qu'il faudrait prendre, aussi, en considération. D'ailleurs, la Fédération nationale des cheminots a, dans ce sens, transmis à la DG des plateformes de revendications des chefs de train, des personnels des infrastructures, des ateliers... Il faut souligner dans ce contexte, selon des estimations financières, que cette grève a causé des pertes à hauteur de 80% du chiffre d'affaires quotidien de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF). Sans parler de la perte de crédibilité, le coup de revers subit par l'image de la société auprès de sa clientèle, victime «collatérale» de ce conflit. Tout plaide, ainsi, pour «une solution acceptée par toutes les parties» et assurer la reprise du trafic ferroviaire dans les plus brefs délais.