Tebboune a annoncé que le prix des logements AADL2 sera
majoré de 20%, c'est-à-dire que le prix initial convenu avec un contrat entre
l'AADL, représentant l'Etat, «Eddoula», et le
souscripteur sera revu et changé. Pour le citoyen, le smicard, le cheminot
comme pour le docker, le taxieur, qui triment pour
avoir un logement décent, cela veut dire que le ministère de l'Habitat ne tient
pas «parole». Et donc qu'on ne peut faire confiance, n'est-ce pas, à quelqu'un
qui ne tient pas ses engagements. Cela veut dire également que ce ministère de
l'Habitat, qui gère également les questions urbaines, ne sait pas compter,
encore moins faire des prévisions, sinon faire de la prospective sur les
grandes questions urbaines et de politique de la ville. En annonçant, sans
expliquer vraiment les raisons de cette augmentation, qui sera au moins de
400.000 DA, il confirme que son département s'est transformé en une entité
productrice de logements, mécaniquement, à la limite instinctivement, laissant
au second plan les grands défis urbains que le ministère de l'Habitat n'a su
gérer jusqu'à présent, se contentant de faire du social, de répondre par
à-coups, conjoncturellement, aux grandes phases cycliques de crises urbaines.
Mais sans grandes solutions à long terme, pour rendre nos villes vivables,
fréquentables, confortables, avec de vrais espaces de vie culturelle, sociale,
de création et de choses de l'esprit. Non, c'est vraiment l'image à l'envers du
monde glauque et effrayant d'un pays mangé par de grands ensembles urbains sans
vie ni âme, que nous propose ce ministère de l'Habitat, qui ne sait pas que la
construction d'un logement se prépare et s'étudie. Et que les prix de la
conjoncture économique de 2015-2016 ne sont pas ceux de 2001-2002, et donc, il
fallait intégrer ces prix «actualisés» en lançant le programme. En annonçant au
début de l'opération un prix qui n'est plus révisable. Car une «actualisation»
ou une «révision» des prix, dans tous les marchés publics, et sous toutes les
latitudes, à plus forte raison dans le BTP, ne sont payables que si elles ont
été prises en compte dans le contrat initial. Or, dans le cas des logements
AADL2, les souscripteurs ont signé des contrats avec des prix fixes, non
révisables. Et ont déjà commencé à payer les deux premières traites. Quels
sentiments peut-on avoir quand on se sent grugé ? Question:
qui sera gagnant de l'Etat, c'est-à-dire l'agence AADL ou le souscripteur, si
jamais celui-ci engage un avocat pour ne pas payer la hausse de 20% et ester en
justice l'AADL pour changement des conditions financières du contrat de
souscription ? Le «zaouali» aura-t-il raison ? En attendant une réponse cosmogonique à cette question que vont se
poser tous les «zaoualis» de l'AADL2, il y a cet
autre problème que les autorités n'ont jamais résolu, et qui fera que la crise
du logement ne le sera pas non plus, quoiqu'en dise notre brave ministre :
pourquoi, depuis le plus grand bidonville d'Algérie, Gorias
à El Harrach, on n'a jamais lutté contre l'installation de ces «villas miserias», préférant des opérations de relogement plutôt
que d'interdire aux «trabendistes» des baraques de scalper les banlieues
urbaines ?