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Lamamra poussé à la «bévue» diplomatique
par Kharroubi Habib
Ramtane Lamamra n'est pas réputé
pour s'exprimer à la légère et en méconnaissance du fait ou de l'évènement sur
lequel il émet le point de vue officiel de l'Algérie. Il semble pourtant s'être
inconsidérément avancé à « tancer » l'ambassadeur de France sur la base de
propos qui selon des médias auraient été tenus par ce dernier lors de sa visite
à Tizi Ouzou. Sans avoir
manifestement vérifié l'authenticité des propos attribués par ces médias à
l'ambassadeur français, notre ministre des Affaires étrangères les a qualifiés
de « malheureux et malvenus». L'ambassade de France a réagi au commentaire de Ramtane Lamamra en affirmant dans
un communiqué que Bernard Emié, l'officiel incriminé, n'a pas tenu à la presse
les propos qui lui ont été attribués. La « bourde » de Lamamra,
car c'en est une en l'occurrence, donne la mesure de la nervosité et de la
rancœur dont les autorités algériennes font montre dans leur rapport à la
France depuis qu'elles soupçonnent ses officiels d'intentions déstabilisatrices
de l'Algérie. Les articles et commentaires de presse aux contenus alarmistes
sur la situation prévalant en Algérie ont en effet ancré chez ces autorités la
conviction qu'elles ont affaire en cela à une campagne anti-algérienne
orchestrée ayant l'approbation tacite de Paris. Conviction qui s'est renforcée
suite au tweet assassin auquel s'est adonné le
Premier ministre Manuel Valls après l'audience que le président Bouteflika lui
avait accordée lors de sa visite en Algérie. Dans ces conditions, il apparaît
clairement que les milieux officiels algériens ne vont rater aucune occasion
pour exprimer l'irritation persistante qu'ils ont à voir la relation algéro-française censément être « d'exception » être
soumise aux aléas d'appréciations inconsidérées sur l'Algérie et ses
dirigeants. Il ne fait aucun doute que dans le cas du si sagace et pondéré
ministre des Affaires étrangères, sa réaction « précipitée » aux propos
attribués par la presse à l'ambassadeur de France doit beaucoup à ceux proférés
peu avant par l'ancien président français Nicolas Sarkozy dont la teneur était
franchement anti-algérienne et voués à présenter l'Algérie comme étant le
problème menaçant la stabilité de la région méditerranéenne et partant la
sécurité et les intérêts de la France. Les relations algéro-françaises
sont à l'évidence soumises à plus que de la turbulence. Il va
sans contexte y avoir du tangage à plus forte amplitude encore dans les
rapports des deux pays par le fait que ces derniers sont au cœur de la campagne
présidentielle française qui a débuté et dont les protagonistes surfant sur la
mauvaise presse qu'a l'Algérie au sein de leur opinion nationale ne manqueront
pas d'émettre sur eux des considérations et jugements qui ne ramèneront pas
l'apaisement et ne contribueront pas à les élever à la hauteur de «l'exception»
qu'Alger et Paris ont tenté de leur insuffler ces dernières années. Si
donc Lamamra peut être crédité d'avoir commis une «
bourde », celle-ci est toutefois symptomatique de l'exaspération des autorités
algériennes et de leur détermination à ne rien laisser passer venant de la
France qui peut leur apparaître comme manifestation de cet esprit
néocolonialiste qui subsiste dans l'hexagone et a peu de considération pour la
souveraineté nationale de l'Algérie.
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