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Débrayage à la SNTF: «Démission collective» des mécaniciens

par Abdelkrim Zerzouri

Durcissement du conflit entre la DG de la SNTF et la Coordination nationale des tractionnaires. La situation évolue vers le pire si l'on tient en considération les derniers développements intervenus dans ce dossier, dont cet acte inédit de démission collective des mécaniciens. Hier, les mécaniciens ont opté pour une démission collective, et ils sont immédiatement passés à l'action en adressant des correspondances dans ce sens à la direction générale et abandonnant leurs cartables de service. Le même scénario était en cours dans les régions ferroviaires où les mécaniciens s'attelaient à signer la démission collective après avoir reçu le spécimen du document en question, qui leur a été envoyé par la Coordination nationale. «Personne n'imaginait que les mécaniciens iraient jusque-là, mais il s'agit vraisemblablement d'un message des grévistes qui montrent leur détermination et leur décision d'aller jusqu'au bout de la logique dans leur revendication», estime un syndicaliste bien au fait des affaires socioprofessionnelles des cheminots. Dans ce contexte, il y a lieu de préciser que les mécaniciens ont déposé une démission collective non pas pour quitter définitivement leur travail, car ils ont demandé des affectations dans des postes sédentaires, ou un travail au sol ne nécessitant aucun déplacement. «Y en a marre que 1.700 agents (ndlr, l'effectif global des mécaniciens) travaillent pour 12.300 employés (effectif global toutes catégories confondues des travailleurs de la SNTF)», rouspètent les mécaniciens. «Maintenant, on voit bien que si les tractionnaires mettent le frein, c'est toute l'entreprise qui se trouve paralysée», font constater d'autres. Effectivement, en considérant le rail comme un poumon de l'économie nationale, les mécaniciens seraient son fer de lance. Mais, faut-il pour autant aller jusqu'à asphyxier toute entreprise ?! Reste à savoir quelle sera la réponse de la direction générale au sujet de cette démission collective, et surtout la réponse à la demande d'affectation dans des postes sédentaires. Car, rappellent des syndicalistes cheminots, «si la démission est un droit absolu, l'affectation dans des postes sédentaires demeure soumise à une réglementation et à des critères stricts et bien précis, dont l'avis du médecin de travail». D'où le refus probable de la DG sur ce point. Enfin, au-delà de ces considérations réglementaires, c'est le tempérament «casse-cou» des grévistes qu'il faudrait retenir dans ce développement des évènements. «Presque une attitude de grande lassitude de ces tractionnaires, dont le métier très dur a usé leur moral et leur physique. Il faut comprendre cela, pour admettre la légitimité et le bien-fondé de leur revendication», ont souligné des travailleurs parmi le personnel «roulant», comme on les qualifie en terme de cheminot, et qui comprend outre les mécaniciens ou les chauffeurs, les chefs de train, les contrôleurs et les facteurs.

Pour mémoire, les revendications des tractionnaires portent sur cinq points : le reclassement catégoriel, la majoration des vendredis et des jours fériés à 100%, l'application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, la majoration de la prime kilométrique et la prime de surveillance de lignes.