Pour désigner la poursuite de la médiocrité dans la
succession, il y a une parfaite expression populaire qui ne plaide pas en
faveur des insuffisants et qui dit : « Ki sidi, ki lalla ! » (Que ce soit
monsieur ou madame). C'est toujours kif-kif et qu'il n'y a pas photo sur le
sujet. Un dicton négatif parfait qui va comme un gant pour mépriser les plus
mauvais. Une formule qui boude et qui affirme que l'attendu est le même et
qu'il n'y a pas de changement dans la situation. Cette citation est exprimée
avec dédain pour réagir à la désignation d'une personne qui ne fait pas le
poids dans la responsabilité et qui a remplacé une autre. Donner des résultats
boiteux ou catastrophiques dans la gestion d'une mission soulève cette
expression pour évaluer un constat toujours figé. «Ki
sidi, ki lalla» est un cri
d'alerte qui signale qu'il n'y a pas de changement ni d'évolution entre le
prédécesseur et le successeur. Les successeurs parachutés n'ont pas toujours la
cote auprès du public lorsqu'ils n'apportent pas de vivacité ou de richesse
quand ils alternent dans la responsabilité. Quand le dilemme ne trouve pas de
solution efficace, on fait la fine bouche. Espérer un succès avec le nouveau
venu et déchanter par la suite nous fait vomir cette boutade burlesque.
Procéder à un changement sans espoir d'aboutir n'est pas une excellente idée.
Faire remplacer une personne imparfaite par une autre incapable soulève ce
désappointement à l'unanimité. Les gens sont frustrés et insatisfaits quand
l'attendu n'est pas au rendez-vous. Ils sont dépités et dénigrent la situation
à laquelle ils sont confrontés faute de bonne gouvernance. La déception irrite
les infortunés qui ont la malchance de vivre éternellement le calvaire. Quand
on installe un nouveau responsable connu pour ses frasques à la tête d'une
institution victime de la carence de son prédécesseur, on dit alors, en aparté,
« Ki sidi, ki lalla » pour signifier que le pire est à attendre. Un autre
exemple, lorsque deux personnes s'affrontent pour une promotion ou un projet
démesuré, et que les prétendants ne sont pas à la hauteur de l'ambition, leur
entourage leur répond que c'est toujours du pareil au même. Ce qui veut dire
que les deux antagonistes n'ont pas de mérite dans la fonction. « Kif kif ou ki sidi, ki lalla », c'est la continuité
dans le chemin sinueux de la routine tueuse. Ne pas apporter de renouveau
concret dans les affaires publiques et perdurer dans le coutumier est un
message de grand mépris de la société. Les béni-oui-oui, les imparfaits, les
nuls, les «brosseurs» et les imposteurs, quand ils s'entraident sournoisement
contre l'intelligence appliquent le signe « idem » pour pérenniser le temps et
le discréditer.