Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Surfacturation des importations : Les explications de Bouchouareb

par M. Aziza

Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouarab, a démenti formellement, hier, en marge du forum économique algéro-suisse, l'abandon du droit de préemption par l'Etat, une décision avancée et dénoncée par les 19 signataires de la lettre demandant audience au président Bouteflika.

« Jamais, on n'a abandonné le droit de préemption », répond Bouchouarab à la question d'un journaliste. « Vous me donnez l'occasion pour préciser que, soit ces gens ne savent pas lire, ou ils ont mal compris». Mieux, le ministre dira qu'au contraire, le droit de préemption a été renforcé, clarifié. Et d'ajouter : « nous avons même mis en place un droit de préemption fiscale».

Abdeslam Bouchouarb a tenu à expliquer que dans l'ancien texte, si l'Etat se déleste du droit de préemption, l'opérateur peut minorer la valeur. « Mieux, aujourd'hui, nous avons introduit une mesure qui nous laisse le droit pendant une année, même si on abandonne le droit de préemption, dans le cas où l'opérateur minore la valeur, nous pouvons intervenir pendant une année. On payera 10 % et on récupère le bien», rassure-t-il. Pour rappel, le 1er ministre Abdelmalek Sellal, avait affirmé, pas plus tard qu'avant-hier, que le projet de loi sur l'investissement consacre bel est bien le droit de préemption et le garantit.

Interrogé sur la surfacturation des importations algériennes et sur le chiffre avancé par le ministre du commerce, Abdeslam Bouchouarb a rectifié quelques données en prenant la défense de son collègue, Bakhti Belaïb. Et de préciser: « il y a eu une mauvaise interprétation de ces déclarations. Je l'ai écouté moi-même à la radio, le ministre du commerce a fait référence à un taux de 30% en moyenne de surfacturation sur les cas avérés, pas tous les cas», a-t-il souligné. Et de regretter : « on a été tout de suite à l'interprétation sur un volume global de 60 milliards de dollars. 30%, on a dit que c'est 20 milliards de dollars. Ce n'est pas cela. Il faut savoir que dans cette somme globale, il y a les services et énormément de choses qui sont inclus», a-t-il précisé.

Concernant le forum algéro-suisse, le ministre de l'Industrie a souligné, au même titre que le patron de FCE, la faiblesse des échanges entre les deux pays, que ce soit sur le plan commercial ou sur le plan des investissements. Et ce, malgré les bonnes relations, notamment historiques et politiques qui lient les deux pays.

Pour illustrer ce déséquilibre, le patron du FCE, Ali Hadad, ironise en s'adressant à la délégation suisse. « Il faut qu'on arrête d'importer du chocolat suisse, nous avons besoin d'autre chose », a-t-il lancé pour rappeler à la délégation suisse qu'il y a un déséquilibre flagrant dans les échanges commerciaux. Il a indiqué que le taux des entreprises suisses installées en Algérie ne dépasse pas 0,5% du total des entreprises étrangères en Algérie. Il détaille qu'il y a uniquement entre 26 et 34 unités dans la période 2011-2014. Même s'il a augmenté de 38% de 2011 à 2014, le niveau des échanges commerciaux avec la Suisse reste très faible. Il poursuit en affirmant que les exportations de l'Algérie vers la Suisse ont baissé de manière drastique (86%) en citant le pétrole, le gaz et dérivés des hydrocarbures. Tandis que nos importations de ce pays ont augmenté. Elles sont passées de 601 millions de dollars à 1,145 milliard de dollars. Le patron du FCE a recommandé vivement d'inverser la tendance vu les potentialités de notre pays.

Ali Haddad, n'a pas raté l'occasion pour appeler les chefs d'entreprises de consacrer leur énergie pour le travail. «N'écoutez pas les salonnards, ils veulent vous endormir et vous occuper », faisant allusion aux 19 « personnalités » ayant demandé audience au président de la République pour connaître qui est derrière les dernières décisions.

IMPORTATION DE VEHICULES, VERS UNE BAISSE DE 2 MILLIARDS DE DOLLARS

Le ministre de l'Industrie a exprimé son satisfecit quant à la baisse des volumes et de la valeur de la facture d'importations des véhicules. Il a indiqué dans ce sens, en se référant au bilan des 10 premiers mois de l'année, qu'en termes d'importation, le nombre a diminué de 100 000 véhicules. En termes de volume, la facture de l'importation en matière de véhicules a baissé de 1,565 milliards de dollars. Il a précisé en outre, qu'on va vers une baisse qui tournera autour de 2 milliards de dollars, d'ici la fin de l'année. « On ne sera pas loin des 150 000 véhicules en baisse», a-t-il affirmé.

En analysant les chiffres, le ministre a estimé que les mesures qui ont été prises pour lier les concessionnaires au producteur ont permis de limiter ces surfacturations. Pour lui, la baisse en valeur est plus importante que la baisse en volume. Il conclut que les mesures décidées à travers le décret et les nouveaux cahiers de charge commencent à donner leurs fruits puisque le secteur est plus encadré et organisé, aujourd'hui.

A priori, c'est le grand ménage dans le secteur automobile. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Industrie en affirmant qu'un groupe de travail a été mis en place pour organiser le marché des véhicules d'occasion. Bouchouarab précise que ce groupe travaille depuis plus de quatre mois pour essayer d'organiser ce marché de la même manière que celui des véhicules neufs. Et de souligner que d'autres segments liés à l'automobile sont en réflexion. Sans donner plus de détail.

PEUGEOT : «C'EST UNE QUESTION DE SEMAINES»

Le projet de l'implantation d'une usine de montage de véhicules en Algérie par le constructeur « Peugeot » est en train d'aboutir. « C'est une question de semaines», a annoncé le ministre. Il a affirmé qu'il est question de quatre modèles dont trois pour les véhicules (C1, la 301, 208) et un pick-up, dans un premier temps. Il dira également que Peugeot viendra en Algérie avec ses filiales de sous traitants. A la question de savoir s'il y a d'autres marques qui veulent investir le marché algérien, il a répondu : « on n'entend que du bruit. Pour l'instant, on n'a rien de concret, par contre, avec Peugeot, on est en phase de finalisation ».