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Saadani en «redresseur» de torts

par Kharroubi Habib

Interviewé par la chaîne satellitaire Ennahar, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, a abordé les questions d'actualité sur lesquelles il a été convié de donner sa lecture et son point de vue. Mais même si ce qu'il a dit sur ces sujets avait de quoi capter l'intérêt des téléspectateurs qui l'ont écouté, il est à coup sûr que ces derniers n'auront retenu que ce qu'il a avancé concernant l'affaire Sonatrach et le panégyrique qu'il a tressé à l'ex-ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil dont tout un chacun en Algérie voit le principal coupable ou estime pour le moins qu'il y a une part de responsabilité. Tous auront compris que Saadani n'a en fait accordé son interview à la chaîne Ennahar que pour assener ses « vérités » sur l'affaire Sonatrach et dire le grand « bien » qu'il pense de Chakib Khelil, et compris de même qu'il était là à la manœuvre en mission commandée pour faire entrevoir que la réhabilitation de ce dernier est dans l'air. Il ne faut pas se tromper : ce que Saadani a proféré sur l'affaire Sonatrach ne doit pas être réduit à des élucubrations qui lui sont propres mais à considérer comme reflétant le point de vue du cercle présidentiel. L'on sait certes le patron du FLN défenseur de la thèse que l'affaire Sonatrach et l'implication de Khelil dans les magouilles financières auxquelles elle a donné lieu n'aurait être qu'un « complot » ourdi par le clan du pouvoir qui a tenté de barrer la route du quatrième mandat pour Bouteflika. Mais tant que ce clan avait une capacité de riposte, il ne s'était pas aventuré à l'exposer aussi ouvertement qu'il l'a fait avant-hier sur la chaîne Ennahar et formuler les accusations directes qu'il a proférées en l'occurrence.

La charge sur probablement ordre que Saadani a lancée contre ceux qui ont élaboré le rapport ayant trait à l'affaire Sonatrach (des officiers du DRS) ne laisse plus planer le doute : le sommet de l'Etat est bel et bien déterminé à rouvrir ce dossier d'une façon ou d'une autre.

Il n'a pas échappé aux Algériens que l'affaire Sonatrach a mis au jour que le haut niveau de l'Etat et de ses institutions est gangréné par la corruption et la prédation. Ils n'ont pas non plus été sans remarquer que les limiers du renseignement ont eu une perspicacité sélective n'ayant débusqué que les corrompus et prédateurs perçus à tort ou à raison par l'opinion publique comme faisant partie du clan présidentiel ou lui étant redevable à un titre ou à un autre.

Il a résulté des enquêtes ainsi orientées que c'est seul ce clan qui a été perçu comme trempant dans la corruption et que ceux qui en ont débusqué les turpitudes seraient de pieux et blancs comme neige défenseurs des intérêts de la nation. L'un comme l'autre clan qui se sont fait la guerre à travers les dossiers de corruption n'ont eu qu'une obsession : garder ou se saisir du pouvoir. Celui qui a triomphé est probablement déterminé à parachever sa « victoire » en rouvrant le dossier Sonatrach et à l'instruire aux dépens du vaincu. La vérité vraie derrière cette affaire et toutes celles du même genre les Algériens l'attendront néanmoins vainement.